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Le Tapir avec son allure atypique est un grand sauveur de la forêt et de tout son écosystème. Le Tapir, survivant d’une lignée de plus de 50 millions d’années, a résisté plusieurs vagues d’extinction. Il est aujourd’hui grandement menacé.

Patte avant (à gauche) et patte arrière (à droite) d'un tapir. Tapir survivant

Le Tapir, comme les Chevaux et les Rhinocéros, est un Périssodactyle : il possède un nombre impair de doigts. Il compte 4 doigts à l’avant et 3 orteils à l’arrière, lui permettant de courir vite sur des courtes distances. Il laisse une empreinte en trèfle très caractéristique, comme le Rhino dans la savane. C’est le plus grand mammifère terrestre indigène d’Amérique du Sud, 2 mètres de longueur pour 1 mètre de hauteur et 150 à 300 kg. Son corps est massif et recouvert d’une peau très épaisse. Il a une ouïe et un odorat surdéveloppé contrairement à sa vue. 

Il existe 5 espèces de Tapirs.

  • Le Tapir de Malaisie ou Tapir à chabraque, Tapirus indicus, est le seul représentant des Tapirs en Asie.
  • Le Tapir de Baird, Tapirus bairdii, vit en Amérique centrale.
  • Le Tapir des montagnes ou Tapir des Andes, Tapirus pinchaque, ne vit qu’en Équateur et en Colombie.
  • En 2013, le Petit tapir noir, Tapirus kabomani, a été découvert en Amazonie. Il est le plus petit Tapir des 5 espèces et survit dans quelques poches d’Amazonie.
  • Le Tapir du Brésil ou Tapir terrestre, Tapirus terrestris, est présent dans tout le bassin amazonien. Ce dernier est le seul qui n’est classé “que” vulnérable” et non “en danger” comme les 4 autres.
4 des 5 espèces de tapirs survivants
De gauche à droite et de haut en bas : Tapir terrestre, Tapir des montagnes, Tapir de Baird et Tapir de Malaisie

Du caca pour sauver la forêt

Le Tapir est un disséminateur de graines, il joue un rôle clé pour la régénération de la forêt. Il est herbivore, avec une tendance frugivore, et est très sélectif. Le tapir aime les buffets à volonté gastronomiques ! Il mange une grande variété de fruits de saison et récupère parfois ce que les Singes laissent tomber. Comme il a un fort appétit lorsqu’il s’agit de fruits, il a gagné le titre de “jardinier de la forêt”. Planteur de graines sur pattes, grâce à ses déjections, il permet à la forêt de survivre et de se régénérer. 

Tapir trompe en l'air (tapir survivant)
©Sasha Kopf

Sa petite trompe, issue de la fusion de son nez et de sa lèvre supérieure, lui permet d’attraper les feuilles pendant sa recherche alimentaire. Il peut également l’utiliser pour respirer lorsqu’il nage. Ils sont d’ailleurs de très bons nageurs, agiles et rapides.

Ayant un territoire de grande envergure (de 1 à 13km2 en fonction de l’espèce), il permet la dissémination d’une grande diversité d’espèces de plantes, assurant l’enrichissement de son écosystème. Il participe au maintien de l’habitat de ses très nombreux colocataires de la forêt tropicale comme les Chats sauvages, les Singes, les Cerfs, les Oiseaux et les Reptiles, le sera également. 

Sa taille imposante et son aire de répartition lui valent d’être en première ligne face aux perturbations humaines (déforestation, fragmentation du territoire par les routes…). Avec son rôle de “jardinier de la forêt”, la diminution de ses populations, voire sa disparition, déclenche de nombreux effets sur la forêt perturbant l’écosystème. 

Le Tapir, survivant de la 6ème extinction ?

Tapir adulte avec un bébé (tapir survivant)

Il est principalement chassé par des félins, comme les Jaguars, les Tigres et les Panthères. Son prédateur principal reste l’Humain. Il est braconné pour son cuir très épais, sa viande et aussi pour des “remèdes pharmaceutiques”. Certaines tribus d’Amérique du Sud comme les Panoan capturent les bébés et en font un élevage à domicile. Malgré sa vie sur Terre depuis des millénaires, les populations des 5 espèces ne cessent de diminuer. 

C’est un animal méfiant et solitaire qui ne se regroupe que pendant la période de reproduction. La femelle met au monde un petit de 7kg après 13 mois de gestation et l’élève pendant 18 mois. Du fait de sa lente reproduction, le rétablissement des populations est de plus en plus difficile.

Pour retarder voire éviter la disparition des Tapirs, plusieurs personnes à travers le monde ont créé des programmes de conservation. 

L’IPÊ (Instituto de Pesquisas Ecologicas) a été créé pour étudier, former et sauvegarder les espèces de la forêt amazonienne. En 1996, Patricia Medici dirige un programme de recherche et de conservation sur les Tapirs au Brésil à l’IPÊ. Ce programme inclut des études sur l’écologie fondamentale, la démographie des populations, la biologie des populations, l’épidémiologie, la génétique, l’utilisation de l’habitat et les effets de la fragmentation de l’habitat. Il promeut également la participation communautaire par le développement durable, l’éducation environnementale et les efforts de restauration de l’habitat. 

En Australie, un chercheur, le Dr. Keith Williams a fondé le Tapir Specialists Group après avoir étudié les Tapirs de Malaisie. Ce groupe est une unité de la commission de survie des espèces de l’UICN. Il s’efforce de conserver la diversité biologique en développant des programmes pour étudier, sauver, restaurer et gérer quatre espèces de Tapir et leurs habitats restants en Amérique centrale et en Amérique du Sud ainsi qu’en Asie du Sud-Est. Le collectif de 120 spécialistes des Tapirs a établi plusieurs plans d’actions à ce jour pour la conservation de ces espèces. 

Le tapir, survivant de l’Anthropocène ? Avec les programmes mis en place pour sa sauvegarde, peut-on alors rêver pour le Tapir un avenir meilleur et non un cauchemar vers une extinction…

Pokémon Soporifik, un tapir survivant

En parlant de cauchemar, dans la culture asiatique, le tapir fait office d’attrapeur de rêve, il chasse les cauchemars et les transforme en chance. Ainsi, le baku, une créature fantastique du folklore japonais qui se nourrit des rêves et des cauchemars, est souvent représenté avec les traits du Tapir. Dans la pop culture, le Pokémon Soporifik, est un Tapir mangeur de rêves. 

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M.W. Tobler, 2008. The ecology of the lowland tapir in Madre de Dios, Peru: Using new technologies to study large rainforest mammals.

D. Magintan, C. Traeholt & K.V. Karuppanannan, 2012. Displacement of the Malayan Tapir (Tapirus indicus) in Peninsular Malaysia from 2006 to 2010.

Regardez les études d’IPE : www.ipe.org.br

Suivez les projets de conservation du Tapir Specialists Group : tapirs.org

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Pour écouter les épisodes sur le braconnage avec Julie Lasne :

Ecoutez les épisodes sur les arbres :

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