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L’étymologie de jument est à elle seule une belle illustration du patriarcat. La domestication des chevaux n’a pas offert une vie de rêve aux femelles. La jument est exploitée dans tous les domaines même les plus cruels.

Jument vient du latin jūmentum “attelage” lui-même issu de jugum “joug”. Jument a donc à l’origine le sens de “bête de somme ou de trait”. Le sens de “femelle du cheval” est attesté dès la deuxième moitié du XIIe siècle.

La jument, exploitée de haut niveau

Image de guerre avec des chevaux alignés

Jusqu’à la découverte de la castration, qui permet de changer les chevaux entiers en hongres, et dans les régions où la pratique de la castration est refusée culturellement, les juments étaient préférées aux chevaux mâles pour les besoins utilitaires et la guerre, en raison de la plus grande facilité à les contrôler. Dans les centres équestres, moins dangereux que la guerre, les juments sont souvent préférées aux étalons pour apprendre à monter à cheval aux enfants et aux débutants.

Certains peuples comme les Bédouins donnaient la préférence aux juments pour leurs raids à cheval. D’autres cultures ont préféré les étalons par volonté d’avoir une bête plus combative, ou en raison de l’inconvénient principal de la jument, qui est la perte de son potentiel de travail en cas de chaleurs, de grossesse, ou de mise bas.

Course hippique

Contrairement au terme “étalon” qui peut s’appliquer à d’autres espèces comme les ânes et les zèbres, le terme “jument” est réservé à l’espèce chevaline. En général, une pouliche devient jument à partir de 3 ans. En sport hippique, le terme s’applique uniquement aux animaux de plus de 4 ans.

Une jument peut également participer aux jeux olympiques et aux jeux équestres mondiaux dans les mêmes catégories que les étalons, même si ces derniers sont généralement plus puissants. 

La jument est exploitée pour son crin, utilisé en musique pour fabriquer l’archet des instruments à cordes. La jument n’est pas au bout de ses peines puisqu’elle est aussi élevée pour son lait. Il est composé de plus de 40 nutriments,  dont des oligo-éléments et des vitamines. N’oublions pas que la principale fonction de la jument est le poulinage, engendrer la prochaine génération.

Une mine d’or sanglante

Photo d'une jument et son poulain
©Seth Zeigler

Avez-vous déjà entendu parler des « fermes à sang » ? De la maltraitance à l’état pur sur les juments gestantes. Une véritable saignée !

La gonadotrophine chorionique équine, une hormone de fertilité, est sécrétée naturellement dans le placenta d’une jument entre 40 et 120 jours de gestation. 

Chaque semaine, la jument exploitée est prélevée de 15 % de son volume sanguin, soit 5 litres de sang pour extraire la fameuse hormone de fertilité. Après récupération, cette dernière est transformée en poudre et utilisée par les industries pharmaceutiques pour booster la fécondité d’autres animaux d’élevage comme les vaches, brebis, truies et chèvres.  Après la récolte sanglante, la jument est avortée avec médicament ou manuellement sans anesthésie. La malheureuse sera réutilisée dans le même but 1 mois plus tard. 

A ce jour, 3 pays (Islande, Argentine et Uruguay) exploitent les juments gestantes et on ignore le nombre de femelles saignées par an. De plus, les laboratoires européens, notamment français, s’arrachent l’hormone. La France serait le premier importateur de cette dernière. 

Illustration caricaturale d'un aristocrate sur une jument
©Thomas Rowlandson

Même si cette exploitation agricole est jugée cruelle par l’Union européenne, le commerce reste florissant avec une poudre à 13 000 dollars le gramme. En comparaison, la cocaïne coûte autour de 30 dollars le gramme.

La domination et l’exploitation des juments sont tellement ancrées dans les mentalités, que le terme peut désigner une femme soumise dans le milieu de la pornographie, par opposition à l’homme dominant qui est un étalon.

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Pour écouter les épisodes de NOMEN sur les chevaux :

Pour écouter les épisodes sur “Ne plus se mentir” et “Carnages”, livres de René Char Jean-Marc Gancille pour qui s’intéresse à la nature :

Découvrez les épisodes sur “Barbaries”, livre du député Loïc Dombreval qui dénonce les cruautés faites aux animaux :

Pour en apprendre plus sur Zéro Souffrance Animale, livre de Yolaine de La Bigne sur la souffrance animale :

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Bannière de Baleine sous gravillon d'un champ

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