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Vautours moines
Vautours moines, par Jevgeni Fil

Charognards mais aussi végétariens, sédentaires ou vagabonds, grands ou petits, de l’Ancien ou du Nouveau Monde, les Vautours regroupent 23 espèces sur tous les continents excepté l’Océanie. Parmi toutes les similitudes permettant de regrouper ces espèces, il y a toutefois des exceptions.

Les rapaces charognards, communément regroupés sous le terme de Vautours, sont en général sociables. Nous les retrouvons en colonies de tailles variables, dans leur dortoir ou sur les carcasses. L’Urubu noir, Corgyps atratus, présent dans toutes les Amériques, vit en unité familiale proche d’une vingtaine d’individus alors que le Vautour chaugoun, Gyps bengalensis, présent en Asie, peut se retrouver dans des dortoirs de 80 couples sur quelques km². Certains Vautours tels que le Gypaète barbu, Gypaetus barbatus, et le Condor des Andes, Vultur gryphus, sont des espèces solitaires. Ils vivent en couple pour une longue durée, voire la vie entière, ce qui peut représenter plus de 50 ans. 

silhouettes de Vautours
Silhouettes des Vautours du monde, par Anne-France Bâche

Les Vautours battent également le record d’envergure. Sur le continent européen, c’est le Gypaète barbu qui détient le record avec ses 3 m, mais c’est le Condor des Andes qui remporte la palme de la plus grande envergure chez les vautours avec ses 3,2 m. Appelé aussi Grand Condor, il arrive en deuxième place, au niveau mondial dans la catégorie “oiseaux volants”, après l’Albatros hurleur, Diomedea exulans, qui mesure jusqu’à 3,51 m d’envergure, impressionnant oiseau marin.

Chasseurs ou charognards ?

Pendant longtemps, en Europe, le Vautour était considéré comme voleur de brebis et même d’enfants. En raison de sa grande taille, ses serres et son bec crochu, il incarnait la peur et pourtant cette bête n’est pas un voleur.

Le Vautour “chasseur” ?

La morphologie de ses serres montre l’incapacité d’attraper de grosses proies et de les soulever. Ainsi, un Condor des Andes serait incapable de transporter un lapin. Ses serres seront plus pratiques pour marcher et sautiller autour des carcasses. Et oui, les Vautours sont majoritairement charognards !!! Mais des témoignages d’éleveurs dans les Hautes-Pyrénées affirment que les Vautours frôlent les troupeaux de brebis afin de les effrayer, de les disperser et que certains individus finissent par mourir d’une chute. Rien d’intentionnel de la part des grands planneurs qui ont parfois besoin de temps avant de gagner les hautes altitudes. D’autres affirment voir les Vautours directement dans la ferme, attaquant un veau à peine sorti du ventre de sa mère. Depuis 2001, le Parc Naturel National des Pyrénées enregistre des constats réalisés avec les éleveurs. Le nombre de constats ne fait qu’augmenter chaque année jusqu’à 108 en 2007. Ils sont classés en 4 catégories afin de déterminer si les Vautours fauves étaient bien les responsables de ces attaques : non évaluable, non imputable, imputable déterminant ou aggravant, et indéterminé. Dans le Massif Central, entre 2008 et 2014, sur 156 constats officiels et 82 expertises vétérinaires, il n’y a que 2 cas dans lesquels les Vautours s’en sont pris à des animaux encore vivants (ce qui ne veut pas dire en pleine possession de leurs moyens)

Les Vautours charognards

Site de chasse des Vautours
Exemple de site stratégique pour les proies des Vautours dans le Massif des Bauges après avoir observé 12 Vautours fauves quitter le site, par Anne-France Bâche

Dans leur rôle de charognard, ils attendent patiemment que des proies potentielles décèdent et ont donc besoin d’être à des endroits stratégiques. Ainsi en Europe et certains coins d’Asie, nous les retrouvons plus particulièrement dans les montagnes, près de falaise, attendant la chute mortelle d’un chamois ou d’un animal d’élevage. Dans le reste de l’Asie ou en Afrique, les Vautours sont plus présents dans les savanes ou déserts attendant que leurs proies meurent déshydratées. Les Vautours finissent également les restes de repas d’autres prédateurs comme les Loups ou les Lions.

Chaque Vautour a son rôle dans la consommation de la charogne. Dans nos contrées françaises, le Vautour fauve, Gyps fulvus, au bec puissant, peut déchiqueter la peau des carcasses au cuir épais. Il y a également des Vautours qui consomment de la chair plus molle, tel que le Vautour africain, Gyps africanus, présent en Afrique subsaharienne. D’autres vont préférer des mets plus coriaces. C’est le cas du Gypaète barbu qui mange exclusivement les os et du Vautour chassefiente, Gyps coprotheres, présent au Sud de l’Afrique, qui complète ainsi sa consommation de chair molle avec du calcium présent dans les os.

Vautours Palmiste africain
Palmiste africain, par Angela

Les Vautours ont la capacité de chasser des petites proies telles que des insectes, lézards, petits oiseaux lorsqu’ils ne trouvent pas de charognes sur leur territoire. En revanche, l’Urubu noir fait parti des exceptions et possède des serres plus puissantes lui permettant de capturer des proies plus grosses comme les hérons, veaux, moufettes…

Dans tout charognard, sommeille un végétarien. L’alimentation principale du Palmiste africain, Gypohierax angolensis, est le fruit des palmiers à huile, d’où sont nom. Il peut tout de même consommer de petites charognes. Avec son envergure de 155 cm, il remporte le trophée du plus petit des Vautours de la planète.

Un grand rôle sanitaire

Lorsqu’une bête décède, la présence de bactéries et de virus augmente considérablement. Cela présente un risque pour les animaux et les humains si on ne s’en débarrasse pas. Équarrisseurs du Vivant, les Vautours ont un rôle sanitaire primordial.

Vautours
Équarrissage naturel, par Antony Trivet

Nous avons tous l’image du Vautour du Far West de Lucky Luke, dépourvu de plumes sur la tête et le cou. En réalité, le tout est recouvert d’un duvet. Cette particularité anatomique répond à leur rôle dans le nettoyage des carcasses. Ces Vautours “chauves” vont faire pénétrer leur tête dans la charogne en décomposition, pleine de bactéries. Le duvet, qui se nettoie plus facilement que les plumes, leur permet donc de rester plus propres et d’éviter la prolifération de bactéries. 

Mais attention !!!!! Tous les vautours ne sont pas “chauves” ! Le Gypaète barbu arrive sur la carcasse lorsqu’elle a été nettoyée par ses cousins puisqu’il recherche les os. L’absence de longues plumes sur sa tête n’est donc pas nécessaire à sa santé, il arbore un plumage complet avec des plumes noires lui valant son nom. Il en est de même du Palmiste africain, le végétarien.

Les Vautours sont en réalité très soigneux malgré leur présence près des cadavres. Fréquentant les maladies, ils se doivent d’être propres. Pour cela ils procèdent à une toilette qui leur demande du temps. Ils vont lisser leurs plumes avec une sécrétion cireuse produite par leur glande uropygienne, et prendre des bains régulièrement, puis se sécher au soleil afin que la chaleur élimine les bactéries.

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Pour écouter les podcasts sur les Vautours

  • NOMEN S03E22 : Du Condor des Andes au Palmiste végétarien, 23 espèces très différentes.

La série d’épisodes sur les rapaces avec Jean Andrieux (écologue)

  • BSG S02E105 : Les rapaces 3/10 : Les Vautours, survol des bases
  • BSG S02E106 : Les rapaces 4/10 : Les Vautours français et européens
  • BSG S02E107 : Les rapaces 5/10 : Les Vautours d’Afrique et d’Asie
  • BSG S02E108 : Les rapaces 6/10 : Les Vautours du Nouveau Monde

Les épisodes avec Antoine Adam (écologue, auteur du livre : Le Vautour fauve (Delachaux et Niestlé 2022)

  • BSG S04E38 : Vautours européens 1/5 : Cultures, mythes, imageries
  • BSG S04E39 : Vautours européens 2/5 : Evolution, vision, digestion
  • BSG S04E40 : Vautours européens 3/5 : Nidification, sociabilité, curée
  • BSG S04E41 : Vautours européens 4/5 : Mortalité naturelle, poison et braconnage
  • BSG S04E42 : Vautours européens 5/5 : Câbles, éoliennes et autres causes de mortalité

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Bibliographie

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