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Par Amélie BOULAYChargée de communication et d’administration de Volée de Piafs – Trisk’ailes

Comme le hérisson d’Europe, de multiples espèces voient leur population diminuer à vive allure, et c’est en grande partie à cause de l’humain et ses activités. L’homme peut réduire la dangerosité qu’il représente pour les animaux avec des habitudes très simples, et en améliorant un tout petit peu nos connaissances sur nos frères du Vivant.

Les associations de préservation de la faune sauvage révèlent qu’environ trois quarts des animaux admis dans leur centre de soins ont été victimes de l’activité humaine. En recoupant les fichiers d’admissions d’animaux et de sollicitations téléphoniques, Volée de Piafs – Trisk’ailes a établi que 77 % des animaux sauvages sont mis en situation de détresse à cause de l’activité humaine.

Ce chiffre comprend non seulement les atteintes directes – volontaires ou involontaires – telles que les chocs routiers, le jardinage, la chasse, le braconnage ou la pollution, mais aussi les atteintes indirectement liées à l’activité ou à la présence humaine comme les chocs dans nos vitres, les piégeages dans nos cheminées, les blessures à cause de nos déchets…

Couple de verdiers d’Europe morts suite à une collision dans une baie vitrée © Léa Boulay

Ce que ces 77 % ne comprennent pas en revanche, et qui laisse malheureusement penser que cet impact anthropique est sous-estimé, c’est l’empoisonnement par les produits chimiques utilisés en agriculture et dans nos jardins privés.

Il s’agit bien d’une conséquence indirecte, mais elle est difficile à estimer. D’abord car elle a tendance à se manifester par des maladies, après une baisse des défenses immunitaires induite par les intrants ou la pollution. Ça n’est vérifiable qu’après analyse.

Ensuite, parce que l’ingestion de produits chimiques se répercute sur toute la chaîne alimentaire : du ver de terre au hérisson qui le mangera, jusqu’au blaireau qui se nourrira du hérisson contaminé.

Dans un autre registre, ce chiffre ne prend pas non plus en compte la prédation des animaux sauvages par nos animaux domestiques. S’ils ont leur propre libre arbitre et qu’ils obéissent à des pulsions instinctives, notamment le chat, ils restent, en tant qu’animaux domestiques, sous la responsabilité des humains… Or, leur impact sur la faune sauvage est considérable.

Transports, artificialisation des sols, fragmentation des territoires, pollution…

Hérisson – Photo de Patrick Trécul

Si on considère les activités humaines les plus dangereuses pour les animaux sauvages, il est évident que la circulation routière arrive en tête du classement.

On compte 220 millions d’animaux morts chaque année suite à une collision sur les routes européennes. Quand nos véhicules ne tuent pas sur le coup, ils blessent ou engendrent des séquelles qu’il est difficile de soigner. Ainsi, 22 % des animaux sauvages victimes d’une activité humaine le sont à cause d’accident de circulation.

Contrairement à ce que l’on pense, il ne s’agit pas que de mammifères. Les oiseaux (rapaces, goélands et colombidés) en sont les victimes les plus courantes : l’appel d’air du véhicule, sa rapidité, ses phares aveuglants la nuit, sa présence imprévisible sur les routes de campagne…

Ces accidents sont donc liés à l’artificialisation croissante des sols, en clair celle des voies de communications. En 2010, 4,5 % de la surface de la France était occupée par des routes et des voies ferrées, et ce taux augmente chaque année.

L’artificialisation des sols est provoquée par un phénomène plus global qu’est l’urbanisation du territoire. Grossièrement, on construit toujours plus de bâtiments, que ce soit pour l’industrie, le tertiaire ou le logement. L’impact sur les animaux sauvages se manifeste notamment via les collisions avec nos vitres, entre autres parois fixes. Encore une fois, les oiseaux sont les victimes principales, et cette fois essentiellement des passereaux.

Enfin, pour ne citer qu’une autre grande cause humaine de la détresse animale : le dénichage. Il s’agit de déranger une nichée, de manière volontaire ou non, au point de bouleverser le comportement des individus et de compromettre leurs chances de survie. C’est assez fréquent au printemps et en été, en période de nidification. C’est le moment auquel nous faisons le plus de travaux de bâtiments, de jardinage, d’élagage, etc. Les mammifères et les oiseaux sont aussi touchés les uns que les autres, qu’ils nichent au sol ou dans les arbres et arbustes.

Les erreurs communes faciles à éviter

Bien que les chiffres soient alarmants, on peut tous faire quelque chose… et passer le message. Chacun peut réduire son impact sur la faune sauvage à son niveau, notamment en étant informé et prennant quelques bonnes habitudes qui ne vont pas changer drastiquement notre confort.

Cygne tuberculé © Volée de Piafs – Trisk’ailes

Commençons par un sujet fâcheux : saviez-vous que donner du pain à un animal sauvage, c’est l’exposer à une mort probable? Le pain, très salé, est un aliment fabriqué par l’humain.

En cela, il est à bannir puisqu’il ne fait parti du régime alimentaire d’aucun animal sauvage. De plus, il remplit l’estomac des animaux, leur donnant l’illusion de satiété, alors qu’il ne comble en rien leurs exigences nutritionnelles.

Il peut aussi leur transmettre des bactéries et favoriser la transmission de maladies à cause des rassemblements d’individus. Si vous aviez l’habitude de donner du pain aux canards et aux cygnes, vous pouvez le remplace par des aliments naturels : de l’herbe, de la salade fraîche, des petits pois, et bien sûr sans additifs (ni sel, ni sucre)!

Donner du lait de vache aux mammifères n’est pas aussi bénéfique qu’on peut le penser… Comme une grande part des humains, les animaux sauvages ne digèrent pas le lait de vache. Et ce peut-être plus grave encore! Le hérisson, par exemple, est intolérant au lactose contenu dans le lait. Cela peut lui donner une diarrhée si intense qu’elle pourrait le déshydrater jusqu’à la mort. Le mieux pour les animaux est de leur mettre de l’eau simplement à disposition.

Les allées et venues des passereaux l’hiver devant nos fenêtres sont magnifiques! Mais saviez-vous que les boules de graisse leur sont néfastes ? La graisse animale des boules bon marché n’entre pas dans le régime alimentaire des granivores et des insectivores. Elle a tendance à dérégler le métabolisme des oiseaux. Des études européennes ont démontré que cette alimentation réduisait considérablement le succès reproducteur des mésanges bleues.

Comment favoriser la biodiversité autour de chez vous

Vous trouverez tous les détails sur cette liste de conseils simples sur ce chouette site de nos amis Belges:

  1. Installer des plantes indigènes
    Les espèces locales sont adaptées à leur région (climat, saisons…). C’est pourquoi elles sont plus résistantes que les espèces exotiques, demandent moins d’arrosages, moins de soins, d’engrais… La faune connaît aussi très bien les plantes locales. Les animaux vivent en équilibre avec elles depuis longtemps. Ils y trouvent abri et nourriture de façon naturelle. De nombreuses plantes indigènes sont aussi très décoratives. On peut en cueillir une partie pour composer des bouquets. Ces plantes sauvages se ressèment aussi spontanément chaque année. Choisissez des plantes issues de l’agriculture bio si possible. Optez pour des variétés mellifères pour offrent beaucoup de nourriture aux butineurs. Misez sur la diversité (mélange de plusieurs familles et espèces de plantes) pour obtenir des floraisons tout au long de la saison.
  1. Laisser une place à la nature sauvage
    Accueillir la biodiversité au jardin ne signifie pas laisser son terrain à l’abandon. Mais on peut y faire une place à la nature, notamment en évitant les interventions humaines à certains moments ou à certains endroits. Créez une zone sauvage. Le top est de consacrer une petite parcelle à la nature sauvage. Ces zones abritent une explosion de vie utile au jardin. Quelques mètres carrés d’herbes folles suffisent. Dans cette zone, on laisse pousser les plantes spontanément, sans tonte (on peut réaliser une fauche en juillet ou septembre) ni produits chimiques. Tolèrez quelques petites bêtes et « mauvaises » herbes. Même dans les parterres de fleurs et la pelouse. Quelques araignées, pucerons, pissenlits… Ils sont les bienvenus tant qu’ils ne deviennent pas envahissants. Leur présence est importante car ils entrent dans les chaînes alimentaires des espèces utiles au jardin.
  1. Diversifier les habitats
    Pour que le jardin devienne un véritable refuge pour la biodiversité, il faut diversifier les habitats. Les oiseaux, insectes, amphibiens, plantes… y trouveront leur bonheur pour s’épanouir. On peut mettre en place toutes sortes d’habitats. Certains sont faciles à installer, d’autres demandent un peu d’aménagement. Par exemple : un tas de bois qu’on laisse en place plusieurs années, un tas de feuilles mortes pendant l’hiver, des tuiles retournées par-ci par-là, des pots de fleurs cassés retournés pour attirer les lézards, un tas de pierres agencé en quinconce, un tronc d’arbre dans un endroit calme du jardin, une zone sableuse, une mare naturelle. Une mare permet d’accueillir une grande biodiversité : tritons, grenouilles, libellules…
  1. Faites votre compost. Le compost a beaucoup d’avantages : il valorise les déchets de cuisine et de jardin, il fabrique un des meilleurs engrais naturels… et il favorise la biodiversité.
  2. Créer des abris. Installez quelques abris dans le jardin pour accueillir la biodiversité. Ils serviront surtout de lieux de repos et de reproduction.
  • des hôtels à insectes pour abriter bourdons, guêpes solitaires, chrysopes… ;
  • une bûche percée de trous de toutes les tailles et à différentes profondeurs ;
  • un pot-abri pour perce-oreille ;
  • un petit fagot de branchages à tiges creuses (ombellifères, sureau…) pour la ponte des abeilles solitaires ;
  • des nichoirs à oiseaux spécifiques à chaque espèce (mésange, hirondelle…) ;
  • des nichoirs à chauves-souris. Celles-ci peuvent dévorer jusqu’à 1/3 de leur poids en insectes en une soirée.
  1. Éviter les pesticides
    Insecticides, molluscicides, rodenticides, herbicides… Tous ces produits chimiques ont un but : lutter contre les « indésirables ». Mais ils présentent des dangers pour la santé et l’environnement. Ils menacent aussi la biodiversité, surtout s’ils ne sont pas sélectifs. Pour les remplacer, la prévention reste la meilleure solution. Et en accueillant la biodiversité au jardin, on fait coup double : elle permet de se passer de pesticides, et éviter les pesticides la renforce. SI on est déjà envahi, on privilégie les solutions écologiques, que ce soit pour :
  • les « mauvaises » herbes ;
  • les limaces ;
  • les pucerons ;
  • les rongeurs ;
  • les maladies ;
  1. Éviter les autres pollutions
    Le bruit, la lumière… Les activités humaines ont un impact sur la biodiversité. On y est habitués, les nuits sont rarement noires. Entre l’éclairage des routes, des vitrines, des monuments, des ponts, des places… Une petite lumière reste souvent visible dans la nuit. Mais cela bouleverse la biodiversité. On a tous constaté le piège que constitue un lampadaire pour les papillons de nuits. Mais toutes les classes d’animaux sont affectées : poissons, mammifères, oiseaux, insectes… La lumière les désoriente, perturbe leurs cycles naturels (même leurs hormones), les rend visibles pour les prédateurs normalement diurnes… Même si cela peut être plaisant, on évite de garder son allée de jardin, sa mare ou sa façade éclairées toute la nuit. Pour offrir de vrais nuits à la biodiversité.
  1. Pollution sonore
    La faune est aussi perturbée par le bruit. On peut penser au petit oiseau qui doit se faire entendre en milieu urbain. Pas facile de passer par-dessus le bruit des moteurs. D’autant que le bruit généré par une route affecte les oiseaux jusqu’à 1.5 km de part et d’autre de l’asphalte ! Le bruit a plusieurs conséquences sur la faune : il affaiblit le système immunitaire, brouille la communication, oblige les oiseaux à moduler leurs chants, perturbe la pollinisation… Pour minimiser ses impacts : On peut installer des structures qui stoppent le son aux abords du jardin, comme une haie ou une palissade. Surtout si on habite dans une zone très bruyante… On évite la musique qui hurle au jardin sur de trop longues périodes, comme au printemps lors des périodes de reproduction.
  1. Faire attention à ses animaux domestiques, les fameux chats…
    On en a marre de sa tortue ou de sa perruche ? Surtout, on ne libère jamais d’animaux domestiques en pleine nature. Ils risqueraient d’être perdus dans ce milieu inconnu, de transmettre des maladies aux espèces sauvages ou de les concurrencer s’ils deviennent invasifs, comme ce fut le cas avec les tortues de Floride. Si on ne peut plus s’en occuper, on les emmène plutôt dans un refuge ou une association de protection des animaux. Attention aux chats domestiques. Certains sont de redoutables chasseurs d’oiseaux, reptiles, batraciens et rongeurs. Pour aider les animaux sauvages, on peut aménager des abris loin des petites griffes des matous. On respecte aussi la législation en vigueur, notamment sur la stérilisation.