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Chez plusieurs espèces de manchots, le bruit permanent de la colonie peut atteindre 95 décibels, soit le bruit d’une tondeuse tournant à plein régime. De l’extérieur, ce bruit qui est un mélange de sons de fréquences proches, peut ressembler à une cacophonie dans laquelle toute communication demeurerait impossible. Mais les manchots ont développé des techniques efficaces pour communiquer entre eux.

Répéter pour se faire entendre

Dans une colonie, les instants de silence sont rares. Les manchots vont donc répéter leur chant plusieurs fois d’affilée afin que le message soit perçu du mieux possible. En effet, cela accroît la probabilité de transmettre le message pendant une « fenêtre » de silence.

Cette répétition porte un nom : la redondance du signal. De notre point de vue, cette technique semble logique. Dans un endroit où un grand nombre de personnes discutent en même temps, le bruit ambiant oblige souvent à répéter nos paroles pour nous faire comprendre par notre interlocuteur. 

Aussi, il a été prouvé que la durée du chant du manchot est souvent proportionnelle à la vitesse du vent. Plus le vent est fort et perturbe les signaux sonores, plus le manchot répètera son message.

Malgré le grand nombre d’individus et de répétitions, les manchots arrivent à s’identifier assez aisément. En effet, chacun d’entre eux  dispose d’une “signature” qui lui est propre. Ces oiseaux ont en plus la capacité d’extraire un signal pertinent perdu dans le bruit ambiant de la colonie. C’est l’écoute intelligente.

Un respect des “règles de politesse”

Chez certaines espèces de manchots, il existe des règles qui vont faciliter la communication au sein de la colonie. C’est notamment le cas chez le manchot empereur. Chez cette espèce, il existe un phénomène qui pourrait s’apparenter à de la politesse. Lorsqu’un individu émet son chant, ses voisins se taisent dans un rayon d’une dizaine de mètres pendant toute la durée du chant.

Par ailleurs, les manchots, pour appeler leurs partenaires ou leurs petits, adoptent parfois une posture particulière, le corps dressé et le cou tendu. Cela permet d’éviter un trop grand nombre d’interférences avec les corps des autres individus alentour.

Un langage extrêmement évolué

Enfin, une récente étude menée par des scientifiques en neuro-éthologie sensorielle de l’Université de Lyon/Saint-Étienne, et l’Université de Turin a démontré que les manchots du Cap opéraient une “compression” de leur langage. Cette évolution permettrait à leur système de communication d’être beaucoup plus efficace.

Les chercheurs ont observé trois syllabes distinctes et de longueurs différentes. Cela correspond à deux lois linguistiques qui n’étaient jusqu’ici observées que chez les primates : la loi de Zipf, où les mots les plus fréquents sont les plus courts et  la loi Menzerath-Altmann qui explique que l’augmentation de la taille des phrases entraîne une diminution de la taille de leurs syllabes. Le professeur Stuart Semple de l’Université de Roehampton a déjà soulevé le fait que les animaux qui communiquent efficacement dépensent moins d’énergie.

Pour aller plus loin :

Livio Favaro & al.(2020). Do penguins’ vocal sequences conform to linguistic laws?.Lien:https://royalsocietypublishing.org/…/rsbl.2019.0589…

Gérard Leboucher. Organisations sociales et communications animales. Lien:https://ufr-spse.parisnanterre.fr/…/pmp_ec_204…

Jouventin, P., Aubon, T., Searby, A. (2002). Le manchot, fantaisie de la nature ou modèle de communication? Lien:https://www.pourlascience.fr/…/le-manchot-fantaisie-de…

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