Photo: Renard roux américain mélanique, par Hunter Masters
Le Renard roux (Vulpes vulpes) et le Loup gris (Canis lupus), de par leur adaptabilité, sont parmi les mammifères ayant (eu:/) la plus grande aire de répartition, à l’exception des Humains et de quelques rongeurs. Les canidés comptent 37 espèces réparties en 13 genres.
Du tout petit Fennec du désert de 1 kg à l’énorme Loup gris du grand Nord de 80 kg, il n’y a que l’Antarctique que les canidés n’ont pas colonisé. On observe aussi de grandes variations dans les aires de répartition. En effet, le Renard de Darwin ne se trouve presque que sur un petite île du large du Chili, tandis que le Renard roux occupe plusieurs continents.
Les canidés font partie de l’ordre des Carnivores, ces mammifères dotés de dents carnassières, qui vont de l’Ours à l’Otarie en passant par la Mouffette. Ces dents carnassières sont le critère principal unissant les “viandards” de ce groupe… qui compte quelques exceptions notoires. Il y a des “veggies” comme le Panda et des “insectivores” comme l’Otocyon. Certaines molaires et prémolaires dites “carnassières” sont modifiées pour déchirer la viande. Le Panda et l’Otocyon ont perdu leurs dents carnassières au fur et à mesure de leur évolution.
Les carnivores se subdivisent en 2 sous-ordres. D’abord les Féliformes, qui regroupe les félins, les Hyènes, les Genettes, les Mangoustes, les Civettes et les Fossas. Et les conquistadores sur lesquels nous nous penchons aujourd’hui: les Caniformes. Notez que les Chats et les Chiens, les Félidés et les Canidés se différencient avant tout par la forme de leur crâne, plus précisément celle de leur bulle tympanique.
Les Canidés, grosso modo peuvent être divisés en 3 groupes très différents. D’abord les deux tribus des frères ennemis: les Vulpini (Renards et consorts) et les Canini (Chiens, Loups, et lycalopex que sont les “Renards” d’Amérique du sud). Le troisième groupe rassemble deux raretés: messires les Renards gris et insulaire.
Pour bien comprendre, et pour simplifier, disons qu’il y a les canidés vulpoïdes (qui ressemblent à des Renards) et les canidés lupoïdes (qui ressemblent à des Loups). Et pour couronner le tout et compliquer un peu cette affaire, il y a les canidés d’Amérique du Sud, à part.
Tous ces Canidés possèdent un museau allongé, des oreilles droites, un corps adapté à la course, une queue touffue. On a bien l’image de Rox et Rouky en tête. D’ailleurs, le Chien est le seul canidé à avoir été domestiqué, il y a 15 à 30.000 ans. Le Renard Roux (Vulpes vulpes), l’Isatis (Vulpes lagopus) et le Chien viverrin (Nyctereutes procyonides), de leur côté, sont juste élevés pour leur fourrure. Homo sapiens et sa manie utilitariste…
Un corps taillé pour la chasse
Les canidés sont des chasseurs nés. Les stratégies varient. Les proies les plus massives sont pourchassées par une meute jusqu’à épuisement. Pour leur endurance, ces athlètes ont une cage thoracique grande et souple. leur longue queue servant à s’équilibrer. Ils ont aussi des griffes non rétractiles leur servant de crampons. Il n’ont en revanche pas d’adaptation pour les tuer, contrairement aux félins qui ont des canines plus longues. C’est pourquoi la plupart des canidés chassant en meute ne tuent pas leur proies (contrairement au Lion par exemple) et les mangent parfois encore vivantes.
Pour les petites proies, ils pratiquent ce qu’on appelle le “mulotage”. Auquel cas, point n’est besoin de meute! Pour cela, les vagabonds solitaires sautent et plongent la tête et les pattes les premières dans le sol.
Ils sont les seuls mammifères à régurgiter de la nourriture pour leurs petits, et ils dissimulent souvent le surplus de nourriture dans des cachettes, comme certains félins, dont le Lynx.
Chez les canidés, c’est la taille qui compte!
A quelques exceptions près, on observe des généralités qui varient en fonction de la taille des canidés.
Ainsi, les petits canidés, qu’on trouve plutôt dans des milieux arides, sont des omnivores généralistes (sauf pour les Chiens des buissons des jungles américaines qui sont strictement carnivores). Les petits canidés (les Renards de manière générale) sont les plus solitaires. Ils sont alors monogames et ne se rejoignent que pour la période de reproduction.
Le sex ratio est en faveur des femelles, et se sont les mâles qui se dispersent. Cela signifie qu’il y a plus de femelles que de mâles à la naissance. Ces demoiselles restent sur un territoire proche de celui de leurs parents. En effet, chez eux, les femelles ont plus de chances d’apporter leur aide aux parents pour les futures portées. Les parents ont donc tout intérêt à avoir un maximum de filles !
Concernant les canidés de taille moyenne que sont les Chacals et le Coyote, ce sont des prédateurs opportunistes et généralistes. Les petits, pressés de s’émanciper, restent seulement 1 an avec leurs parents. Le sex ratio et la dispersion sont équilibrés entre mâles et femelles. Frères et sœurs aident tout autant pour les portées suivantes.
Enfin, les grands canidés que sont les Loups, les Dholes, les Dingos et les Lycaons, sont strictement carnivores. Ils vivent alors en meutes plus ou moins importantes où tous les individus prennent soin des petits du couple dominant (alloparentalité) et ont des organisations de chasse collectives et élaborées (comme les cétacés par exemple). Le sex ratio est en faveur des mâles et se sont plutôt les femelles qui se dispersent. Car ici, ce sont majoritairement les grands frères qui filent un coup de patte à papa et maman !
Ces individus baroudeurs, qui partent loin de chez leurs parents, participent donc à la dispersion de l’espèce. Ils vont ainsi parcourir de longue distance (parfois 1.000 km en une vie pour le Loup gris). Cela permet de mixer les gènes, et chez les grands canidés, on observe peu de différences entre des populations éloignées géographiquement. Il y a par contre plus de différences chez les petits canidés !
Pour aller plus loin:
• Le livre « Canidés du monde » , de José R. Castello, éditions Delachaux Niestlé, 2020
• Le livre “The Biology and Conservation of Wild Canids“, par David W. Macdonald et Claudio Sillero-Zubiri, Oxford University Press, 2004
• Ces articles (1,2) sur le sex ratio chez les Canidés
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