Photo: Zdenek Machacek
Le Loup à crinière, alias Chrysocyon brachyurus n’a du Loup que le nom, ainsi qu’un hurlement un peu lugubre. C’est par ailleurs le seul grand canidé solitaire, qui ne chasse pas en groupe. Les petites proies sont sa spécialité. Ce grand renard svelte est inféodé aux savanes sud-américaines, le cerrado.
Appelé Aguara Gazu en Amérique du Sud, cet étrange carnivore efflanqué ne fait pas partie des “canidés lupoïdes” (ressemblant au loup) que sont le Loup gris (dont les Chien), Loup rouge et Loup d’Abyssinie, le Coyote, les Chacals, le Lycaon, et le Dhole.
Patrick Baud nous en parle dans cet épisode de Baleine Sous Gravillon.
Le Loup à crinière vient d’une lointaine lignée qui a évolué en Amérique du Sud. Il fait d’ailleurs partie du groupe des canidés sud-américains, eux-mêmes différents des “canidés vulpoïdes” (ressemblant au Renard) comme les Renards roux, Fennecs, Isatis, Otocyons, Chiens viverrin…
Depuis la disparition du Loup (ou Renard!) des Malouines, Dusicyon australis à la fin du 19ème siècle, le plus proche cousin actuel du Loup à crinière est en fait le Chien des buissons. Ce Speothos venaticus vit dans les forêts guyanaises.
Son allure “girafoïde” si particulière est adaptée à son habitat: les steppes herbeuses. Le Loup à crinière affectionne les hautes herbes et forêts parsemées de broussailles des prairies du centre et de l’Est de l’Amérique du Sud, du cerrado brésilien à la pampa argentine ainsi qu’en Bolivie et au Paraguay.
D’une espérance de vie de 15 ans environ, il est “quasi menacé” à l’état sauvage selon l’UICN. Sa population avoisine les 17000 individus à l’état sauvage.
Des programmes pour restaurer les populations de loup à crinière sont menés au Brésil et en Argentine, afin de densifier les populations. En effet, les maladies, le trafic routier et la chasse les déciment.
Des échasses pour voir au dessus des hautes herbes
Chrysocyon brachyurus vit dans le cerrado, un type de savane sud-américaine. Ses immenses pattes lui sont donc très utiles pour repérer ses proies au-dessus des hautes herbes. L’animal aux mœurs nocturnes est plutôt solitaire et craintif. Il a une excellente ouïe qui lui est très utile pour la chasse. Le Loup à crinière peut aussi chasser durant la journée, à l’écart des zones peuplées d’humains.
Contrairement aux «vrais» Loups ainsi qu’à certaines idées reçues qui l’accusent de s’en prendre au bétail, il ne chasse pas les grands herbivores. Il s’est en effet spécialisé dans les petites proies comme les Pacas (genre Cuniculus), une sorte de gros cochon d’Inde, les Lapins, les Tatous, les rongeurs, les oiseaux, les reptiles, les amphibiens, les poissons et les invertébrés.
Il consomme également environ 50% de fruits, dont le «fruit du Loup», Solanum lycocarpum. Cette solanacée, de la même famille que la Tomate et la Pomme de terre, lui sert en outre d’antiparasitaire.
Avec une telle alimentation, on comprend mieux qu’il n’ait pas besoin de chasser en meute pour attraper de grosses proies.
Le loup solitaire
Ce grand timide ne se met en quête d’un partenaire qu’en période de reproduction, entre avril et juin. Le mâle reste ensuite avec la femelle après les 64 jours de gestation pour aider à élever les louveteaux. Les parents les nourrissent souvent par régurgitation.
La femelle donne le jour à 2 à 4 petits dans un terrier. Les petits louveteaux naissent couverts de poils noirs et leur mère les élèvent pendant un mois environ.
Une étude a même montré qu’en captivité, la vie en groupe pouvait être source de stress.
Il a besoin d’un territoire assez large, de 25 à plus 80 km² qu’il peut partager en partie avec son partenaire. Cela même en dehors de la période de reproduction. À titre de comparaison, une meute de Loups gris de 3 à 8 individus a en moyenne un territoire de 201 km² (article en anglais) sur l’année, soit 25 à 67 km² par individu.
Le Loup à crinière utilise ses déjections pour marquer son territoire. Son urine a d’ailleurs une étonnante odeur de… cannabis.
Pour aller plus loin:
• Le livre “Canidés du monde“, de José R. Castello, éditions Delachaux Niestlé, 2020
• Le site internet du zoo de la Flèche
• L’UICN pour les informations sur les menaces qui pèsent sur le loup à crinière (en anglais)
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