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En France, 600 000 à 1 million de renards sont tués chaque année dans le cadre de la chasse récréative. Le canidé est classé parmi les espèces “nuisibles”, désormais qualifiées d’ESOD (Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégâts)*, sur pratiquement tout le territoire. De ce fait, cet être vivant doué de sensibilité peut être tiré, piégé, ou encore déterré toute l’année. L’acharnement dont il est victime ne repose pourtant sur aucun fondement scientifique. Il s’effectue sous couvert de contre-vérités qu’il convient ici de déconstruire.


Renard : vous avez dit “nuisible” ? Quid de la rage ?
© Thomas Prat

Vous avez dit “rage” ?

Non, en France le Renard ne risque pas de transmettre la rage. La maladie a été éradiquée du territoire en 2001 grâce à une campagne de vaccination massive. Le dernier cas de rage vulpine remonte à 1998.

Les rares cas de rage détectés sur le sol français sont issus d’animaux importés ou alors de personnes mordues à l’étranger et diagnostiquées en France. Il est particulièrement regrettable que certains continuent de se servir de ce prétexte pour incriminer le Renard et justifier l’injustifiable.

Renard : vous avez dit “nuisible” ? Quid de l'échinococcose ?
© Thomas Prat

Vous avez dit “échinococcose” ?

Non, l’échinococcose alvéolaire, souvent invoquée, ne peut aucunement légitimer l’action des tueurs de renards. Également transmissible par le biais de nos animaux domestiques, cette maladie ne représente, en France, qu’environ 30 cas par an.

Dans le même temps, plusieurs dizaines de milliers de cas de maladie de Lyme sont signalés chaque année dans notre pays. Or, dans la lutte contre cette zoonose dont les petits rongeurs sont les porteurs originels, le Renard se révèle être un précieux allié. En faisant baisser le nombre de micromammifères, le prédateur contribue effectivement à diminuer le risque de transmission aux tiques, et donc aux êtres humains

Renard : vous avez dit “nuisible” ? Quid de l'agriculture ?
© Thomas Prat

Vous avez dit “ennemi de l’agriculture” ?

Non, le Renard ne porte aucunement préjudice à l’agriculture. Au contraire, du fait de son rôle de prédateur, il agit là encore comme un redoutable allié.

On estime en effet qu’un renard chasse entre 5000 et 6000 campagnols par an. Ce faisant, Vulpes vulpes fait office de véritable rodenticide naturel et chaque individu ferait économiser jusqu’à 3000 euros par an aux agriculteurs français.

Renard : vous avez dit “nuisible” ? Quid des attaques sur les poules ?
© Thomas Prat

Vous avez dit “mangeur de poules” ?

Non le Renard n’est pas incompatible avec l’élevage de poules. Dans l’écrasante majorité des cas, les attaques se produisent pour cause de négligence de la part des propriétaires qui omettent de fermer la porte de leur poulailler la nuit, celui-ci devant par ailleurs être parfaitement hermétique.

Évidemment, le risque zéro n’existe pas, et une attaque peut parfois se produire en pleine journée. Cependant, comme l’a dit Robert Hainard : “Que l’on protège sa volaille est juste. Vouloir le faire en éliminant des renards est comparable au possesseur d’une aquarelle de maître qui voudrait la laisser sur sa table de jardin en prétendant faire supprimer la pluie”. 

Renard : vous avez dit “nuisible” ? Quid de la pullulation ?
© Thomas Prat

Vous avez dit “pullulation” ?

Non, le Renard ne risque pas de “pulluler”. À l’instar de bien d’autres prédateurs, il régule ses effectifs en fonction de son environnement et des ressources disponibles.

Dès lors, rien ne justifie l’intervention humaine qui, de toute façon, produit l’effet inverse de celui escompté. En effet, là où Vulpes vulpes est beaucoup chassé, les femelles ont de plus grosses portées pour faire face à la menace et perpétuer l’espèce. Cela entraîne par ailleurs un rajeunissement général de la population de renards, alors plus concernée par des maladies telles que l’échinococcose évoquée précédemment.

Renard : vous avez dit “nuisible” ? Quid de la biodiversité ?
© Thomas Prat

Vous avez dit “fossoyeur de biodiversité” ?

Non, le Renard ne constitue pas une menace pour la biodiversité française. Contrairement à ce que certains voudraient nous faire croire, il n’existe à ce jour aucune étude faisant le lien entre la présence de renards et la disparition des oiseaux de plaine, principalement imputable aux pratiques agricoles.

En revanche, en tant qu’espèce endémique de notre pays et maillon essentiel des écosystèmes au sein desquels il évolue, le canidé participe indubitablement à l’équilibre de ces derniers. Au-delà de la régulation des animaux dont il se nourrit, il assure des fonctions d’équarrissage et œuvre à la dissémination et à la régénération d’espèces végétales.

Peut-on en dire autant des millions de faisans d’élevage destinés à la chasse, non endémiques et totalement inaptes à la vie sauvage, que le Renard a en effet tendance à chasser au moment où ils sont relâchés dans les campagnes françaises ? Quid des véritables facteurs d’érosion de la biodiversité, tous d’origine humaine, que sont précisément l’introduction d’espèces invasives, mais aussi la surexploitation des espèces sauvages (surpêche et surchasse), la modification des habitats, le dérèglement climatique et la pollution ? 


Nous l’aurons compris, les raisons avancées par les détracteurs du Renard, ayant de surcroît l’indécence de prétendre œuvrer pour le bien commun, sont éminemment contestables. Heureusement, les choses évoluent. Le canidé, à l’instar des mesures entreprises ici et là, est de moins en moins chassé sur notre territoire. Les voix s’élèvent peu à peu contre les tueurs de l’animal dont le discours suranné ne dupe en réalité plus personne. Ceux-ci apparaissent désormais aux yeux de beaucoup pour ce qu’ils sont réellement : les véritables nuisibles.

Bien que nous soyons encore loin du statut d’espèce protégée dont bénéficie le Renard au Luxembourg (où aucun cas de “pullulation” de l’animal n’est à signaler), nous nous en rapprochons peu à peu. N’en déplaise à certains, cela est une excellente nouvelle pour le principal intéressé, mais aussi pour l’agriculture, la santé publique et le Vivant dans son ensemble. 

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*En amont de la publication de la nouvelle liste des Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégâts (ESOD), une consultation publique émanant du Ministère de l’Écologie est ouverte jusqu’au 6 juillet 2023. Il sera ensuite décidé si le Renard, mais aussi la Belette, la Fouine, la Martre, le Geai des chênes, le Corbeau freux, la Corneille noire, la Pie bavarde et l’Étourneau sansonnet ont encore leur place au sein de cette liste que chacun sait dépourvue de toute assise scientifique. L’équipe de Baleine Sous Gravillon vous invite à y participer en cliquant ici.

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Pour écouter les épisodes avec Pierre Rigaux au sujet du Renard :

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