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Noire et blanche, des reflets iridescents verts, bleus ou violets, une longue queue, la pie n’est pas difficile à identifier parmi les oiseaux du jardin. Cependant malgré son élégance, c’est sa mauvaise image qui la précède. La Pie, bavarde, voleuse et nuisible pour les activités humaines ? Cette réputation est-elle…volée ?

Iridescence du plumage de la Pie bavarde
Par Alexis Lours – CC BY 4.0

La Pie bavarde, c’est son nom français officiel, est l’une des grandes espèces de corvidés parmi les plus répandues en Europe et dans une grande partie de l’Asie.

Elle jacasse, souvent et fort, bref elle communique, et c’est essentiel dans la vie de famille. La pie est fidèle en amour. Le couple construit, chaque année, un nid de brindilles au sommet d’un jeune arbre. L’ensemble est recouvert d’un dôme de branches parfois épineuses afin d’assurer la protection contre les prédateurs. Cette construction peut prendre entre 1 et 2 mois. La nichée est composée de 4 à 9 œufs qui éclosent après 16 à 21 jours d’incubation…. Un mois après l’éclosion, tout le monde quitte le nid et la famille reste unie tout l’été. 

Une famille de Pie bavarde est alors capable de mettre en place des stratégies coordonnées, pour faire fuir un prédateur comme un chat ou une Corneille noire. Et dans ce cas, même un double-vitrage ne vous isole pas du son produit par toute la troupe. Les Buses variables et autres rapaces sont aussi repoussés et houspillés en plein vol. 

Les babillages incessants sont donc plutôt une preuve d’intelligence. De fait, par rapport à sa taille, la Pie bavarde possède un gros cerveau… comparée aux autres têtes de piafs. C’est le premier des oiseaux testés à avoir réussi le fameux, bien que parfois controversé, “test du miroir”, démontrant ainsi une conscience de soi. 

Un Arsène Lupin chez les Oiseaux ?

Nid de Pie bavarde, la voleuse ?
Nid de Pie bavarde – Par Frankie Fouganthin – CC BY-SA 4.0

Dans l’album d’Hergé de 1963, Tintin retrouve les bijoux de la Castafiore dans le nid d’une Pie. Il a l’idée d’y jeter un œil après avoir lu un article évoquant l’opéra de Rossini “La gazza ladra”, traduisez “la pie voleuse”. Dans cet opéra, l’oiseau a volé des couverts en argent pour les placer dans son nid. Pas de doute, dans l’imaginaire collectif, la Pie aime tout ce qui brille et se l’accapare. 

Les études scientifiques sont moins catégoriques. Un chercheur polonais, Z. Klejnotowski, a inspecté 500 nids sans jamais trouver un seul objet brillant. Une autre étude, en 2014, montre que la pie n’est pas plus intéressée par un objet brillant que par une pauvre brindille. 

Cette réputation de voleuse peut venir de sa tendance à cacher des aliments, comme son cousin le Geai des chênes. Un comportement à mettre en lien avec son gros cerveau. Elle mémorise son environnement et ses nombreuses réserves de nourriture. 

Comme celles du Merle noir, ses populations sont de plus en plus urbaines. La Pie est toujours présente dans les campagnes, sur les terres agricoles avec des haies, des prairies et des bosquets, mais elle apprécie les milieux péri-urbains avec des parcs et des jardins. Au-delà de sa curiosité naturelle et de sa proximité avec les humains, elle reste très prudente vis-à-vis de notre espèce. Elle ne se laisse pas facilement approcher, et s’éloigne au moindre mouvement suspect. Encore un signe de son intelligence !

La Pie bavarde, un nuisible ?

Comme le Corbeau freux, la Corneille noire et le Geai des chênes, elle fait partie des oiseaux inscrits sur la liste des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (ESOD) de 2019. Elle peut donc être tirée durant la période d’ouverture de la chasse mais parfois jusqu’au 31 juillet. Elle peut être piégée et éliminée toute l’année. Le seul endroit qui est sûr pour elle, c’est son nid, le tir y est interdit… on n’est pas des monstres non plus !

Pour un oiseau, l’inscription comme ESOD se fait pour un des motifs suivants : 

  • Dans l’intérêt de la santé et de la sécurité publique
  • Pour assurer la protection de la flore ou de la faune
  • Pour prévenir des dommages importants aux activités agricoles, forestières et aquacoles

La Pie bavarde doit son inscription à la deuxième raison. Elle causerait des dégâts sur les populations de petits gibiers chassables.

La pie bavarde voleuse de cacahuètes dans une mangeoire

En effet, la Pie bavarde est un prédateur. Elle se nourrit à 80% d’invertébrés qu’elle capture en marchant au sol. Pour le reste de son alimentation, les proportions sont variables en fonction des territoires. Elle peut consommer des fruits, des graines, des détritus humains (en ouvrant les sacs poubelles) et des charognes. Elle joue un rôle non négligeable dans la disparition des petits cadavres dans l’environnement et en particulier au bord des routes. Jusque-là, pas de quoi lui reprocher grand-chose. Mais en effet, la Pie bavarde est un prédateur naturel des nichées de passereaux. Elle mange les œufs et les poussins. Ces derniers constituent 2% de son régime alimentaire au printemps et en été. 

Des études réalisées en 1998 en Grande-Bretagne, montrent que le déclin des oiseaux chanteurs n’est pas corrélé avec l’augmentation du nombre de prédateurs, comme la Pie bavarde ou l’Epervier d’Europe. Une autre étude de 2002 explique que la prédation sur les petits passereaux est plus forte dans les zones agricoles et dans les lisières que dans les habitats intacts. 

Au final, inscrire la Pie bavarde comme ESOD, ne serait-ce pas lui faire porter le chapeau à notre place ? 

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