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Photo : Lubos Houska

La Buse est le rapace le plus commun en France. Il est à l’origine d’un juron qui fleure bon le temps jadis : “triple buse !”. D’où vient cette expression peu valorisante pour ce beau planeur de nos campagnes ?

La buse variable (Buteo buteo) est appelée ainsi parce que son plumage peut varier du blanc au brun très sombre dun individu à l’autre.

Au 16e siècle, les imbéciles, les niais et autres idiots sont qualifiés de “buses”. Et on imagine bien que “triple” est un augmentatif qui renforce la stupidité.

Ce qui n’est pas sans rappeler les “mille millions de mille sabords” du capitaine Haddock, qui par ailleurs n’a jamais utilisé “triple buse” dans ses célèbres insultes.

Mais beaucoup d’autres animaux ont eu droit à cet infâmant privilège : Sapajou, coloquinte à la graisse de hérisson, espèce de mérinos mal peigné, espèce de porc-épic mal embouché, loup-garou à la graisse de renoncule, sombre oryctérope, cercopithèque, macaque, rat, sajou, tête de mule, vieille marmotte, vieux cachalot, migou, ornithorynque, ours mal léché, perroquet déplumé, perruche bavarde, cloporte …

Et même des dinosaures : brontosaure …

Le capitaine Haddock possède un repertoire de 220 insultes.

Les invertébrés y sont bien sûr présents : coléoptère, doryphore, lépidoptère, scolopendre, phylloxéra, misérable ver de terre, rapace, scorpion, serpent, protozoaire …

Ironiquement, bien qu’il ait dégainé autant d’insultes évoquant des animaux, l’ombrageux capitaine a aussi lâché “vivisectionniste”, qui condamne ceux qui dissèquent ces mêmes animaux.

Pour découvrir la liste complète des insultes du Capitaine Haddocks, rendez-vous ici.

Les buses dans l’ombre des oiseaux plus dociles

Les Buses, à cette époque, sont en effet totalement déconsidérées, dans l’ombre des éperviers, autours, faucons et autres aigles. Tous ces oiseaux, qui se laissent dresser, sont considérés comme nobles par les fauconniers .

Un vieux proverbe français disait d’ailleurs que “d’une buse, on ne saurait faire un épervier” ce qui montre l’irrécupérabilité d’un oiseau jugé débile, en tout cas inutile.

Il y a de cela 3000 ans naissait en Eurasie centrale la fauconnerie. Entré en 2016 au patrimoine immatériel de l’UNESCO, on dénombre actuellement 87 pays pratiquant la fauconnerie et 800 fauconniers en France, plus ou moins décriés par les associations de protection de la nature, car certains rapaces sont encore prélevés dans le monde sauvage.

La fauconnerie de hautes et de basse volée

Photo : dodo 71

Mais les fauconniers ne font pas que faire des spectacles pour amuser la galerie en se faisant un p’tit billet, certains sont effaroucheurs sur les aéroports. Avec leurs faucons, ils dispersent les oiseaux qui pourraient provoquer des accidents par collision avec les avions.

La pratique de la fauconnerie se divise en deux catégories: le haut vol et le bas vol. Le “haut vol” consiste à utiliser des faucons qui piquent sur leurs proies depuis une haute altitude. La bas vol est pratiqué avec différentes espèces qui auront différentes proies à attaquer.

En l’occurrence, les Aigles sont utilisés pour la chasse aux Renards et Chevreuils, les Autours pour les Faisans et les Canards, les Buses de Harris pour les Lapins et les Lièvres. Contrairement au haut vol, les rapaces utilisés pour le bas vol ne prennent pas une haute altitude pour chasser et vont concentrer leurs actions près du sol.

Comme Max, elle est libre la buse.

Pour le commun des mortels, cette réputation est due au fait que la buse est souvent perchée sur un poteau, en apparence tête baissée à regarder dans le vide. Cette immobilité de la buse n’en fait pas moins un excellent chasseur, très efficace.

Carnivore, la Buse se nourrit entre autres de mammifères (micromammifères, lièvres, …), de serpents, de petits oiseaux, d’insectes, de ver de terre et est charognarde. On se doute qu’un oiseau aussi adaptable et généraliste n’est pas devenu le rapace le plus commun de France en étant aussi “teubé”.

Mais cette expression traduit en réalité la frustration des fauconniers de jadis qui se sont heurté à l’impossibilité de dresser ces oiseaux pour la chasse. Inutiles pour cette confrérie, les buses ont perdu en réputation ce qu’elles ont gagné en tranquillité. Au moins, on leur a foutu la paix …

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