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Les Nudibranches sont des mollusques marins qu’il est possible d’observer dans le monde entier. Parmi les 3000 espèces, certaines sont bien connues, d’autres moins et il faut ajouter à cela les nouvelles espèces découvertes peu à peu. Allons à la rencontre de quelques-unes d’entre elles…

Les Nudibranches sont connus des plongeurs qui les remarquent pour leur morphologie originale et leurs couleurs vives. Ces rencontres sont possibles car de nombreuses espèces de Nudibranches vivent à faible profondeur et ce dans tous les océans du monde. D’une espérance de vie généralement d’un an ou moins, ces organismes ont la particularité de ne pas avoir de coquille, ni interne, ni externe. Le plus grand nombre d’espèces est observable dans les régions tropicales et tempérées. Cependant, avec les progrès d’exploration des océans et d’accès aux zones reculées comme les pôles, on constate la présence d’espèces de Nudibranches adaptées à des conditions extrêmes (froid, forte pression en profondeur, obscurité).

Des adaptations pour toutes les situations

En haut : Tritoniella belli espèce endémique d’Antarctique; en bas à gauche : Aeolidia libitinaria et à droite : Cuthona methana.

Partons pour l’Antarctique, où l’eau de mer est à -1°C. Et oui l’eau de mer ne congèle pas à 0°C mais à une température un peu inférieure à cause du sel qu’elle contient. Dans les eaux entre la surface et 30m de profondeur, on trouve des espèces du genre Tritoniella, notamment autour de l’île de Ross. Elles supportent des conditions bien éloignées de celles des tropiques où vivent nombre de leurs cousines.

En 1997, c’est proche d’un volcan sous-marin que l’espèce Dendronotus comteti est découverte. Dans l’océan Atlantique, à une profondeur de 1700 m cette petite nudibranche vit dans des conditions chimiques très particulières, où l’eau de mer est composée d’éléments issus du volcanisme sous-marin (ou hydrothermalisme). Elle est nommée en l’honneur de Thierry Comtet, un chercheur de l’Ifremer de Brest qui a participé à la décrire. Cette espèce semble particulièrement adaptée à ce milieu profond et sombre car elle n’a même pas d’yeux. 

Des Nudibranches ont également été trouvés sur des carcasses de Baleines en décomposition sur le fond marin. Lorsqu’une Baleine meurt, son corps chute par gravité et se dépose sur le sédiment. Sa chair et ses os sont une source de nourriture pour de nombreux organismes. Un écosystème temporaire très localisé, riche en diversité est né. On y trouve des Céphalopodes, des Vers, nombreuses Bactéries… et des Nudibranches. Au large de la Californie, en 2018 ce sont deux espèces Ziminella vrijenhoeki et Aeolidia libitinaria qui sont découvertes dans ce type d’écosystème.

Enfin, proche de suintements de méthane, l’espèce Cuthona methana a été découverte, également en 2018, par les équipes du MBARI. Preuve supplémentaire que les Nudibranches s’adaptent à des conditions extrêmement variées et ne sont pas uniquement présentes à la surface.

Des surnoms à vous rendre “chèvre”

D’ailleurs, si la plupart des Nudibranches sont inféodés au fond marin, il y a des exceptions. Grâce à leur pied, un muscle ventral, la plupart des Nudibranches se déplacent sur un support solide. Le pied est une partie du corps commune à tous les gastéropodes et par dessus laquelle se trouve le manteau. Le manteau, lui, est l’enveloppe musculaire qui abrite les organes internes et porte les branchies chez les Nudibranches.

Danseuse espagnole au Vanuatu dans le Pacifique (Crédit @dominikramik sur youtube).

Le Dragon bleu (du genre Glaucus) est une exception car c’est une espèce pélagique. Cela signifie qu’il se déplace dans la colonne d’eau librement, ou proche de la surface et non contre un support. Cette espèce est même en flottaison juste au niveau de la surface. La Danseuse espagnole (Hexabranchus sanguineus) peut également se déplacer dans la colonne d’eau. C’est cette capacité qui lui doit ce surprenant nom vernaculaire, les mouvements d’ondulation de son manteau pour nager rappellent une danse. On peut voir une vidéo de sa nage élégante ici. Ce Nudibranche d’une couleur rouge orangée est d’ailleurs la plus grande espèce connue. Ses individus mesurent en moyenne 20 à 30 cm et peuvent même atteindre 60 cm ! 

Un Nudibranche tacheté à gauche et une Limace psychédélique à droite, illustrations Anne-France Bâche.

Dans la liste des Nudibranches aux noms vernaculaires surprenants, on peut ajouter la Doris dalmatienne (Peltodoris atromaculata). Présente en Méditerranée, sa coloration rappelle celle de ces chiens élancés. Ou encore la Limace psychédélique, qui n’est pourtant pas celle dont les couleurs sont les plus excentriques.

Qu’y a-t-il au menu des Nudibranches ?

Les Nudibranches se nourrissent d’organismes plus petits qu’eux, souvent des organismes fixés aux rochers, aux algues ou aux plantes marines. A l’aide de leur radula, un organe formé de petites dents, ils rapent la surface du rocher pour en décrocher leur nourriture. Selon les espèces, leur régime alimentaire peut comprendre des Coraux, Éponges, Tuniciers, Hydraires et Bryozoaires. Majoritairement carnivores, des cas de cannibalisme ont même été observés. Évidemment, il y a toujours des exceptions. L’espèce Pteraeolidia ianthina est non seulement végétarienne mais serait surtout capable de stocker des cellules algales dans ses cérates. Elle serait donc « photosynthétique », en symbiose avec les cellules algales.

Corail Montipora digitata (©WikipediaCommons) et Nudibranche Phestilla subodiosus adulte (© Wang et al, 2020)

Cependant, le goût de certaines espèces de Nudibranches pour les Coraux est une caractéristique redoutée de certains amateurs d’aquariums. Par exemple la présence de l’espèce Phestilla subodiosus dans un aquarium contenant des Coraux Montipora est une épée de Damoclès. On pourrait simplement se dire que les aquariologistes n’ont qu’à ajouter le prédateur des Nudibranches dans leurs aquarium… Ce qui nous amène à nous demander : qui sont les prédateurs des Nudibranches ?

À première vue, du fait de leur lenteur et de l’absence d’une coquille protectrice, on peut imaginer que ceux-ci constituent des proies de choix. Mais les stratégies développées pour se défendre sont très efficaces. Certains sont toxiques, d’autres parfaitement camouflés, plusieurs font repousser une partie de leur corps si elle est mangée et enfin, nombre d’espèces font semblant d’être toxiques en arborant des couleurs très vives. Il semblerait que certains poissons (comme des Labres), des Crabes, des Polychètes, des Araignées et des Étoiles de mer se nourrissent tout de même de Nudibranches. Il ne faut pas oublier un dernier prédateur qui en consomme occasionellement : l’humain.

Les témoignages de consommation de Nudibranches par des humains sont cependant rares, ce n’est pas un mets très répandu. Attention à la confusion : les Nudibranches sont communément désignés comme limaces de mer, en anglais « sea slug ». Cette expression inclut aussi pour les anglophones les Concombres de mer, qui eux, sont cuisinés en Asie. Comme le dit le commandant Jacques-Yves Cousteau : « On aime ce qui nous a émerveillé, et on protège ce que l’on aime». L’objectif n’est donc pas de promouvoir la consommation de Nudibranches ou autres animaux marins…

Il est impossible de parler des plus de 3000 espèces de Nudibranches en un article, ou même plusieurs. En évoquer quelques-unes permet de rappeler de la richesse du vivant et qu’il nous reste encore beaucoup à comprendre, observer, découvrir. 

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Pour écouter les épisodes de Petit Poisson deviendra Podcast sur les Nudibranches

  • S03E05 Les Nudibranches 1/3 : les joyaux des océans : ici
  • S03E06 Les Nudibranches 2/3 : La danseuse espagnole et ses cousines, hautes en couleur : ici
  • S03E07 Les Nudibranches 3/3 : Leur ponte aussi est sublime : ici

Sources : 


Bannière Baleine sous gravillon

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