L’Arapaïma (Arapaima gigas) est le plus gros poisson d’eau douce d’Amazonie, pouvant atteindre 4,5m pour 300kg. Sa peau, constituée d’une double couche d’écailles, forme une structure unique qui lui permet d’être protégé de son principal prédateur, le Piranha. Plongeons dans les eaux troubles de l’Amazone à la rencontre de ce poisson si particulier.
L’Arapaïma (Pirarucu ou Paiche) est le plus gros poisson d’eau douce d’Amérique du Sud. Son nom d’origine, Pirarucu, est tiré des langues amérindiennes tupi-guarani, dans lesquelles “pira” signifie “poisson”, et “uruku“, “rouge”. En effet, les écailles de ce géant aquatique sont bordées de cette couleur. Avec une taille maximale de 4,5 m pour plus de 300 kg, c’est l’un des 10 plus gros poissons d’eau douce de la planète , aux côtés de la Perche du Nil et de la Carpe géante du Siam, et derrière la Raie géante du Mékong.
L’autre particularité de l’Arapaïma est son appartenance à la famille des Ostéoglossidés, les “langues osseuses”. Les autochtones utilisent sa langue, très dure, comme une râpe. De même, ses écailles servent à fabriquer divers objets, comme des peignes. En effet, elles sont cornées et exceptionnellement épaisses, variant de 1 à 4mm, ce qui fait de ce poisson l’un des rares animaux à l’abri des attaques de Piranhas, grâce au gilet “pare-dents” qu’elles constituent.
De plus, l’Arapaïma est un physostome : il vient régulièrement aspirer de l’air à la surface de l’eau. Si les jeunes possèdent des branchies efficaces quelques jours, elles perdent en partie leur fonction chez les adultes. Pour survivre, il utilise sa vessie natatoire qui communique avec son œsophage comme un poumon. Il peut donc survivre dans les eaux pauvres en oxygène dissous en venant respirer toutes les 20 minutes à la surface, ce qui lui permet d’étendre grandement son territoire.
Sa bouche, énorme, est garnie de 88 petites dents coniques et s’ouvre très largement en créant un tourbillon à la surface de l’eau quand l’Arapaïma monte « gober » une proie. A la recherche de poissons, de crustacés et d’autres petits animaux, ce géant use de sa sensibilité olfactive très développée pour chasser. Il est également capable de bondir jusqu’à 2m hors de l’eau, pour attraper un oiseau ou un singe.
Ce géant d’Amazonie pond en début de période d’inondation pour disséminer ses œufs. La même femelle peut se reproduire plusieurs fois au cours de la saison, pondant plus de 50 000 œufs. Cependant, seulement un dixième sera viable à l’éclosion, à cause des conditions difficiles et changeantes du biotope. Pour protéger leur progéniture, les parents Arapaïmas montent une “garde rapprochée” de leurs alevins pendant les premiers mois. En effet, l’Arapaima gigas connaît une croissance rapide et a une durée de vie de 10 à 15 ans, atteignant la maturité sexuelle entre 4 et 5 ans.
Arapaïma, un poisson entre mythes et réalités
Il a longtemps inspiré le folklore tribal, mêlant mythes et réalités. Selon la légende, Pirarucu était un brave guerrier de la tribu des Uaiás, mais avait le cœur pervers, fier et égoïste. Il aimait critiquer les dieux et ne les craignait pas. Un jour, Tupa, dieu des dieux, décida de le punir. Il convoqua Polo, dieu de la foudre et Iururaruaçu, déesse des torrents. Ceux-ci avaient pour mission de cibler le jeune impertinent, parti à la pêche sur le fleuve qui longeait le village. Quand celui-ci fut face à la colère des dieux, il l’ignora et s’en moqua, refusant d’implorer leur pardon. Leur colère ne fit que croître, et les éléments devinrent incontrôlables. En prenant la fuite, Pirarucu fut frappé au cœur par la foudre. Malgré de terribles souffrances, le jeune homme continua à tenir tête à Tupa. Alors, le guerrier blessé mais toujours vif, sombra dans le fond du fleuve.
L’histoire raconte qu’il se transforma en un poisson géant, noir et rouge, qui depuis, parcourt les eaux d’Amazonie, dans l’oubli.
Un géant victime de son succès
L’Arapaïma est originaire des rivières d’Amazonie, mais comme beaucoup de “poissons superstars”, tel son homologue d’Amérique du Nord, le Garpique alligator, il a également été introduit en Asie pour la pêche dont il fait l’objet. Elle est intensive, car sa chair, légèrement sucrée et aux arêtes peu nombreuses, est très recherchée. De plus, lorsqu’il est pêché à la canne, l’Arapaïma se défend vigoureusement. Cela fait certes plaisir aux pécheurs, mais même en “no kill“, il survit mal à une remise à l’eau. Encore un moment de plaisir inutile et cher payé par une “bestiole”.
Surnommé ”vache de l’Amazonie”, l’Arapaïma est également la cible privilégiée des braconniers sud-américains, passant progressivement de ressource des peuples indigènes, à mets de choix dans les grands restaurants de Bogota. Désormais revendu à prix d’or sur les marchés clandestins, il est exploité pour sa chair mais aussi pour son cuir, porte-clé souvenir des touristes.
Des actions en faveur de sa protection
Victime de la surpêche, l’Arapaïma a frôlé l’extinction dans les années 90.
Face à cette problématique, l’institut Mamiraua a mené un programme scientifique en collaboration avec les communautés locales, notamment le peuple indigène des Kanamari. Cela a permis de réglementer et de réguler la pêche de cette espèce, en créant des réserves naturelles et en combattant le braconnage. Ainsi, la population des Arapaïmas est passée de 2 500 spécimens en 1999 à près de 200 000 en 2020, évitant la disparition de ces géants aquatiques, si précieux pour les écosystèmes.
De plus, des projets piscicoles voient petit à petit le jour, et l’élevage permettra peut-être d’enrayer la disparition de l’espèce.
L’Arapaïma, une merveille de l’évolution
L’évolution a doté l’Arapaïma d’un véritable blindage, le protégeant du Piranha et de ses redoutables dents. En effet, les écailles de l’Arapaïma, épaisses de plusieurs millimètres, sont formées d’une couche interne dure mais flexible. L’Université de Chicago mène des études sur cette carapace extraordinaire et ses propriétés, pour tenter de mieux la comprendre et de s’en inspirer, afin de mettre au point des armures comparables.
Ainsi, l’être humain a encore énormément à apprendre de la nature et des animaux, et il est essentiel d’œuvrer en faveur de leur protection, pour s’assurer de leur pérennité. Le Pirarucu est indispensable à l’équilibre des milieux aquatiques sud-américains, et sa disparition serait désastreuse pour cet écosystème fragile.
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Pour écouter les épisodes de Petit Poisson deviendra Podcast sur les Géants d’Eau Douce :
- PPDP S02E02 : Esturgeon béluga et blanc, Raie et Poisson-chat géants du Mékong
- PPDP S02E03 : Arapaïma d’Amazonie, Perche du Nil et Carpe géante du Siam
- PPDP S02E04 : Silure, Saumon Taimen et Chinook et… Requin Bouledogue
Pour écouter les futurs podcasts sur les voisins de l’Arapaïma :
- NMN S03E03 : L’Arapaïma
- NMN S03E07 : L’Arowana
- NMN S03E11 : Le Piranha
Pour en apprendre d’avantage sur les autres Poissons d’eau douce :
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