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Cette interview de Paul Watson, le mythique fondateur de Sea Shepherd a été réalisée en anglais pour le podcast Demain n’attend pas, et rediffusée dans Combats. Nous proposons ici la retranscription complète en français. Voici la 7e partie de l’entretien consacrée aux prochaines missions, au futur, aux livre ou aux films recommandés par Paul.

Delphine Darmon : Paul, vous avez connu une immense succès en faisant cesser la chasse à la baleine et celle d’autres mammifères marins qui étaient également menacés. Peut-on imaginer que vos prochaines batailles ces 20 prochaines années seront consacrées à la lutte contre la pêche industrielle et la surpêche ?

navire sea shepherd dans eau et tempete
Lutter, par temps calme et dans les tempêtes …

Paul Watson : En effet, nous passons beaucoup de temps à lutter contre la pêche illégale, la surpêche et la pêche non réglementée, mais nous sommes toujours impliqués dans la protection des espèces, bien sûr. En ce moment, nous avons un navire en Amazonie qui protège les deux espèces de dauphins de rivière qui s’y trouvent. Nous avons un bateau qui protège les Phoques moines des Caraïbes en Méditerranée. Nous avons une équipe à Mayotte qui protège les tortues de mer des braconniers.

Nous nous préoccupons donc de toute la vie dans l’océan, du phytoplancton jusqu’aux grandes baleines, et de tout ce qui se trouve entre les deux. Nous avons même mené des campagnes pour protéger les Concombres de mer de la surexploitation aux Galapagos! Il y a tant de choses à faire, vraiment, il y a tellement d’espèces à protéger. Je ne peux pas dire qu’une espèce est plus importante qu’une autre, mais je peux dire que beaucoup de nos efforts actuels visent à mettre un terme à la destruction des espèces par l’industrie de la pêche.

Delphine Darmon : La plupart des problèmes que vous combattez sont directement liés à la façon dont nous vivons dans les pays occidentaux, à notre mode de vie anthropocentré. Vous prônez plutôt le biocentrisme. En quoi est-ce que cela consiste, Paul ? Et quelles sont vos recommandations ?

Paul Watson : Je pense que nous pouvons beaucoup apprendre des cultures indigènes, et que nous devrions nous concentrer sur l’utilisation de produits locaux pour réduire les transports sur de longues distances et notre empreinte carbone. Il est aussi évident que nous ne devrions pas empoisonner les sols avec tous ces pesticides, herbicides, fongicides et tout le reste. C’est ce qui finira par nous tuer. Je pense donc que nous devrions encourager la production alimentaire à un niveau plus local, et biologique si possible. Les enjeux sont colossaux, mais les gens font la sourde oreille.

visage greta thunberg
Greta Thunberg

Dans le passé, il y avait déjà eu des alertes sur le changement climatique, sur la disparition des espèces etc… et personne n’y a prêté attention. Toutes les recommandations issues de la Conférence de Rio en 1992 et de la Conférence de Paris en 2015 sur le climat n’ont pas été suivies. Comme l’a si bien dit Greta Thunberg : “bla, bla, bla, bla, bla, bla” ! Rien n’est jamais fait! Et je peux comprendre pourquoi, parce que du point de vue d’un politicien, décider de s’engager pour réellement faire changer les choses, c’est souvent prendre le risque de perdre son poste et sa popularité.  Ils ne veulent pas augmenter le prix de l’essence, ou arrêter la pêche, parce que bien entendu cela va causer beaucoup de problèmes! 

Et puis, les gens aiment aussi beaucoup se plaindre. Par exemple, les Américains se plaignent du prix de l’essence alors qu’ils la payent bien moins cher que dans le reste du monde. Ils ne comprennent pas que tout est lié aux lois de l’écologie, aux ressources limitées et à la rareté, elle-même causée par la surexploitation, conséquence de la diminution de la diversité et de l’interdépendance.

“Comment pouvons-nous perdre?” Nous avons James Bond, le Capitaine Kirk, et Batman. Nous avons MacGyver, et le Highlander !

Delphine Darmon : Notre discussion touche à sa fin, Paul. C’était un véritable plaisir de discuter avec vous aujourd’hui. Avant de terminer, pouvez-vous nous parler d’un livre ou d’un film qui vous a été très utile et que vous aimeriez nous recommander ?

Paul Watson : Je pense que l’un des livres les plus éclairants que l’on puisse lire est Sea of Slaughter, de Farley Mowat (1984), qui relate tout ce qui s’est déroulé dans l’océan Atlantique Nord au cours des 500 dernières années. Pour moi, c’est l’un des livres les plus précieux qui ait été publié. 

Et, bien sûr, le documentaire Seaspiracy est aussi très éducatif. Nous aimons vraiment beaucoup réaliser des documentaires, comme Le dernier pirate, dont je suis le sujet, ou encore Sea of Shadows (NDLR : Sur le massacre des Totoabas), parce que c’est un bon moyen pour nous d’atteindre les gens et de leur faire réaliser l’ampleur du problème. Les documentaires et les films sont le meilleur moyen d’y parvenir, surtout les films ! Quand Three Mile Island est sorti, cela a permis de sensibiliser le grand public aux problèmes liés à l’énergie nucléaire. Il y a aussi eu Sauvez Willy, qui a sensibilisé les gens à la captivité des orques. Il est toujours bon de faire passer ces messages dans les films. Ils font vraiment partie de la culture populaire. 

C’est l’une des raisons pour lesquelles nous sollicitons des célébrités. J’aime beaucoup plaisanter au sujet de notre comité consultatif de célébrités. Je réponds aux gens que nous avons Pierce Brosnan, William Shatner et Christian Bale. Je les regarde tous et je me dis : “Comment pouvons-nous perdre?” Nous avons James Bond, le Capitaine Kirk, et Batman. Nous avons MacGyver, et le Highlander! Comme Martin Sheen me l’a dit un jour : “En tant que célébrité, nous ne savons rien, mais tout le monde pense que nous savons tout. Alors on va en profiter pour faire passer le message.”

lamya essemlali et paul watson
Lamya Essemlali avec son mentor

Delphine Darmon : Une dernière question avant de partir, Paul. Qui aimeriez-vous écouter dans le prochain épisode de Demain n’attend pas ?

Paul Watson : Eh bien, ma réponse n’est peut-être pas très objective, mais ça serait Lamya Essemlali, la Présidente de Sea Shepherd France. C’est l’une des personnes les plus compétentes sur toutes ces questions.

Delphine Darmon : Je vous remercie chaleureusement, Paul, pour tout votre travail de protection de l’environnement et pour votre témoignage aujourd’hui. Merci beaucoup.

Paul Watson : Merci à vous !

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L’intégrale de l’interview de Paul Watson en 7 épisodes  :

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Pour écouter les épisodes de l’interview de Paul Watson, en anglais :

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Pour écouter les épisodes de BSG avec Lamya Essemlali :

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Pour en savoir plus sur la démission/éviction de Paul Watson de Sea Shepherd États-Unis, voici la lettre qu’il a publiée sur le site de Sea Shepherd France.

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Pour écouter ou voir la dédicace que Paul Watson a fait à Baleine sous Gravillon : 

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Pour découvrir “Demain n’attend pas”, de l’amie Delphine Darmon :

Un mardi sur deux, DEMAIN N’ATTEND PAS vous propose de découvrir des hommes et des femmes qui se donnent pour mission de changer le monde, comme Combats, c’est bien normal qu’on soit copains avec Delphine Darmon, l’hôte de DNP.

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banniere baleine sous gravillon