Photo: Bernard Dupont
Le Renard crabier est un petit canidé d’Amérique du Sud. Aussi appelé Renard des savanes, Chien des bois, ou plus poétiquement Petit loup. C’est l’unique espèce du genre Cerdocyon.
Le nom scientifique du Renard crabier, Cerdocyon thous, signifie de manière à la fois amusante et étonnante “Renard-Chien-Chacal”. Ce joli méli-mélo vient du Grec. La racine Kerdo signifie “Renard”, et Kuon, “Chien”. Son nom d’espèce, thous signifie quant à lui “Chien sauvage”. C’est d’ailleurs l’ancien nom de genre du Chacal à chabraque (sous la forme Thos).
Par le passé, une autre espèce aurait potentiellement appartenu à son genre : Cerdocyon avius. Il arpentait le Mexique du Pliocène, de -5 à -2,6 millions d’années. Cependant, une étude de 2020 (en anglais) suggère que cette espèce disparue est plus proche du Chien viverrin, et propose donc de la nommer Ferrucyon avius… En phylogénie (l’étude de la généalogie des espèces), rien n’est fixé dans le marbre…
Malgré son nom, ce n’est pas un “Renard vrai”. C’est-à-dire qu’il n’appartient pas à la tribu des Vulpini (canidés “Vulpoïdes”). Il est en fait membre du groupe des Canidés d’Amérique du Sud (la sous-tribu des “Cerdocyonina”…), à l’instar des Loups à crinière et autres Chiens des buissons.
Un chaud lapin qui se reproduit 2 fois par an !
Il est aussi appelé Renard des Savanes, et pour cause : il promène ses pattounes principalement dans les savanes sud-américaines qu’on appelle “le cerrado”, ainsi que dans les forêts, prairies, marais et terrains buissonneux, jusqu’à 3.000 mètres d’altitude.
Il s’adapte bien à la déforestation et au développement de l’agriculture et de l’horticulture. Dans la région aride du Chaco, entre l’Argentine, la Bolivie et le Paraguay, il préfère les lisières de forêts. En effet, les milieux plus ouverts sont occupés par le Renard d’Aszara (Lycalopex gymnocercus).
Les prédateurs du Renard crabier sont les Pumas et les Chiens domestiques. Ces derniers peuvent d’ailleurs leur transmettre des maladies.
Contrairement à la plupart des canidés, le Goupil crabier se reproduit 2 fois par an ! Au sein du couple, des comportements d’épouillage et de léchouilles sont souvent observés, comme chez le Renard gris.
Bien que sa fourrure ne soit pas très prisée des professionnels, elle est parfois vendue sous l’appellation de Renard gris de Patagonie (Lycalopex griseus) ou de Renard d’Aszara.
Le Renard crabier adapte son alimentation aux saisons
Ces Goupils latinos sont plus territoriaux pendant la saison sèche, quand il y a moins de nourriture. Principalement nocturne, il chasse seul ou avec sa/son chéri(e).
Le goût du Renard crabier pour les Crabes n’étonnera personne, Linné, en 1766, ne l’a pas nommé ainsi pour rien. Mais ce sont surtout les individus qui chassent sur la plage qui vont en manger, essentiellement pendant la saison des pluies. Pendant la saison sèche, ils les remplacent par des insectes.
Ceux qui ne fréquentent pas de plages ont d’autres habitudes. En tant que petit canidé, comme le Fennec par exemple, c’est un omnivore opportuniste. Il se nourrit donc de nombreuses autres proies, principalement des petits mammifères tels que des rongeurs ou des Chauves-souris, mais aussi des lézards, des grenouilles, des oiseaux, des œufs, des tortues, et des fruits. Le Renard crabier permet d’ailleurs la dissémination de certaines plantes.
Il complète parfois ce régime de charognes ou de volailles domestiques. Aïe ! encore un voleur de poules ! Malgré cette fâcheuse tendance, pour l’instant, les populations de Renard crabier ne sont pas menacées.
Pour en savoir plus:
• Le livre « Canidés du monde » , de José R. Castello, éditions Delachaux Niestlé, 2020
• Cet article de Lorenzo Raices et de Godoy Bergallo, 2010, sur l’alimenation et la dispersion des plantes par le Renard crabier (en anglais)
• Le site de l’UICN sur diverses informations concernant le Renard crabier (en anglais)