Skip to main content

Les loups sont perçus comme des concurrents par l’homme. Et comme Homo sapiens n’aime pas la compétition, le loup a été diabolisé. Pourtant, Canis lupus a lui aussi un rôle essentiel: celui de réguler les populations d’herbivores, comme tous les superprédateurs.

Photographie d'un loup par Baptiste Bat
Baptiste Bat

Le loup est un animal carnivore opportuniste. Il adapte son choix de proies à son environnement. Ses repas favoris en Europe sont composés de 8 espèces : renne, élan, bison européen, cerf élaphe, chevreuil européen, sanglier, daim et antilope saïga. Il lui arrive aussi de se contenter de proies plus petites telles que des rongeurs, ou de plantes et même de nos déchets. Bien que le nombre d’attaque sur des élevages en France augmente avec les années, si un loup a le choix entre une proie sauvage et du bétail, il choisira la proie sauvage! Les animaux domestiques semblent des proies faciles et pourtant, le loup ne s’en nourrira que si ses proies favorites (ongulés sauvages) sont trop rares. Cela peut même l’amener à s’approcher de nos habitations pour fouiller dans les poubelles.

En 2021, le loup a été accusé d’être le responsable des feux de forêts de cet été en France. La protection des troupeaux étant plus difficile en forêt, les éleveurs auraient évité de mettre leurs troupeaux à paître dans ces forêts. Or ceux-ci permettaient un débroussaillage naturel, réduisant ainsi les risques de départ et de propagation des feux. Aujourd’hui, nous vous présentons sa place et son rôle essentiel dans les réseaux d’interactions des êtres vivants.

Le superprédateur est d’abord un régulateur

Son rôle dans les écosystèmes a été pour la première fois évoqué et démontré en 1967 par Douglas H. Pimlott. Les loups sont des prédateurs qui régulent les populations de leurs proies. Ils vont principalement s’attaquer aux individus faibles, malades et ainsi « nettoyer » les populations d’herbivores des maladies ou gènes défavorables à la survie de l’espèce. Un perte d’individus par prédation est donc bénéfique à l’espèce entière !

Deux loups photographiés par Morgane Bricard
Morgane Bricard

Ce prélèvement d’individus permet aussi de réguler les interactions entre herbivores et plantes. En effet, sans prédateurs les herbivores deviennent trop nombreux et déciment les populations de plantes dont ils se nourrissent.

Un « superprédateur » comme le loup permet aussi la coexistence de plusieurs espèces. Jean Michel Bertrand l’explique dans les épisodes 33 et 34 de la saison 2 de Baleine sous Gravillon. Imaginons un environnement avec des myrtilles. L’espèce A et l’espèce B mangent des myrtilles pour survivre et se reproduire.

L’espèce A est en moyenne plus grande que l’espèce B. Elle peut donc manger non seulement les myrtilles proches du sol mais aussi celles situées plus haut, inaccessibles pour l’espèce B. Cet avantage permet à l’espèce A de se reproduire davantage et d’augmenter ses effectifs dans l’environnement. L’espèce B, quant à elle, est désavantagée et subit la concurrence de l’espèce A. Dans ce cas théorique, B décline et finit par disparaître…

Introduisons maintenant dans notre écosystème, le loup ! Ce prédateur préfère les grandes proies comme nous l’avons vu plus haut. Son menu se compose donc en majorité de l’espèce A. L’espèce A fait beaucoup de petits grâce à l’abondance de myrtilles, mais par ailleurs, A est davantage prédaté par les loups. Leur population, ainsi régulée, laisse à B plus de myrtilles. Grâce au loup, l’espèce A et l’espèce B cohabitent!

Wapiti du parc national de Yellowstone
Wapiti au parc national de Yellowstone

Le rôle bénéfique du loup prouvé dans le Yellowstone

Typiquement, dans le cas du loup, son absence peut mener à une forte augmentation des populations d’ongulés, les proies préférées des loups. Cette explosion démographique entrainerait une destruction des écosystèmes et la disparition d’espèces animales et végétales.

Dans le parc naturel de Yellowstone, la réintroduction des loups dans les années 90 a permis de restaurer le milieu, l’écosystème. En l’absence de prédateurs, les herbivores du parc se sont multipliés. Les végétaux pouvaient difficilement se développer à cause du pâturage intensif. La réintroduction du loup a entrainé une cascade d’évènements, dont la régulation des populations de cerfs et de wapitis. La diminution de la pression de pâturage a permis aux végétaux de recoloniser les milieux.


Sources :

Licht & al., 2010,

BioScience

Pimlott & al., 1967,

American zoologist

Zlatanova & al., 2014,

Acta Zoologica Bulgarica

Photo de couverture: Philippe Ricordel


Pour nous suivre:

1) sur l’instagram de Baleine sous Gravillon:

2) la page facebook

3) sur le site

🎵 Pour écouter les épisodes du podcast Baleine sous gravillon

🤝 Pour nous soutenir