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Photo de couverture : Matthieu Berroneau

Malgré l’absence de pattes, les serpents sont particulièrement bien adaptés à l’environnement qui les entoure. Ils ont développé une puissante musculature ainsi que diverses caractéristiques morphologiques qui leur ont permis de s’acclimater à différents types de milieu.

Le serpent a un squelette particulier constitué de 130 à 500 vertèbres articulées entre elles, avec des côtes attachées à chacune des vertèbres. En savoir plus sur les serpents dans les épisodes de la saison 2 de Baleine sous Gravillon : ici.

Comme une chenille ou en godillant ?

Photo de Matthieu Berroneau

Les muscles sont disposés en diagonale le long de chaque côté du serpent. Les extrémités de ces muscles sont rattachées aux côtes situées à distance de ces derniers. La manière dont se contractent et se relâchent ces muscles va déterminer le type de locomotion. 

Par exemple, si un groupe musculaire d’un côté se contracte en même temps que le relâchement du groupe musculaire de l’autre côté, le serpent pourra courber son corps. Si, au contraire, deux groupes musculaires opposés se relâchent ou se contractent simultanément, le serpent pourra s’allonger ou se raccourcir, un peu comme un chenille. 

Un autre facteur qui permet le mouvement des serpents est leurs écailles abdominales. Les serpents peuvent se déplacer sur toutes sortes de surfaces, y compris sur les murs! Les écailles du serpent leur donnent la capacité de s’agripper à une surface verticale irrégulière.

Les 4 types de mouvements

Les serpents peuvent se déplacer de 4 manières différentes selon leur espèce et leur type d’habitats.

L’ondulation latérale : le mouvement libre

Le plus commun de tous est le mouvement dit serpentin (ou ondulation) . Ces mouvements sont observables chez tous les serpents. C’est la méthode de locomotion la plus courante. Le serpent avance en projetant son corps vers l’avant par un mouvement sinusoïdal. Les vagues ondulatoires se propagent de l’avant vers l’arrière. Ainsi, c’est la tête et le cou qui orchestrent l’ensemble des mouvements du corps, le reste du corps suivant la lignée. Au cours de ce mouvement sinusoïdal, les côtés du corps du serpent poussent sur les irrégularités du substrat tel que des cailloux, ce qui permet au serpent d’avancer. Ce mode de locomotion n’est efficace que sur une surface irrégulière. Pour les serpents marins, c’est le même principe ; à défaut de pousser sur les irrégularités d’un substrat dur, le serpent se déplacera contre la résistance de l’eau.

Si nous devions mettre des points à chaque partie du corps du serpent et que nous tracions le mouvement sur un bout de papier, nous observerions un mouvement sinusoïdal identique en chaque point car toutes les parties du corps se déplacent de manières simultanées. Pareillement, lorsque l’animal s’arrête, l’ensemble du corps s’arrête simultanément.

Le mouvement accordéon  : quand l’étau se resserre

Le deuxième type de mouvement le plus fréquent est le mouvement dit accordéon. Ce genre de déplacement est facilement observé chez les vipères et les coronelles qui nichent généralement dans des interstices. Ce type de locomotion est souvent utilisé dans des espaces étroits pouvant être apparentés à des tubes. Il s’apparente au mouvement que ferait un accordéon. L’avant du corps s’allonge vers l’avant tandis que l’arrière du corps est replié en vague afin de former un point d’ancrage en se plaquant contre les parois. Une fois que l’avant du corps est étendu, celui-ci forme à son tour une sorte de point d’ancrage aux parois, pour l’arrière du corps. Ainsi, chaque vague forme un point d’appui au niveau de la paroi, permettant au serpent d’avancer le reste du corps.

Le mouvement crotaline : un mouvement latérale

Les mouvements appelés crotaline (ou ‘side-winding’) sont souvent utilisés comme mode de locomotion sur des substrats meubles comme le sable. Ce mode de déplacement est très souvent observé chez les crotales, mais tout serpent vivant sur une surface instable y’a recours . Ce mouvement s’apparente au mouvement en accordéon dans le sens où, ici, deux parties du corps restent au repos, servant de point d’appui, tandis que l’autre partie est déplacée latéralement. Lors du déplacement, le corps suit une trajectoire formée de lignes parallèles appelées pistes.  Ce type de déplacement est facilement identifiable dû à ses marques caractéristiques représentant des lignes parallèles inclinées laissées par l’animal suite à son passage.

Le mouvement rectiligne : avancer à pas de loup

Les mouvements dits rectilignes sont spécifiques aux serpents lourds tels que les boas, pythons et anacondas. C’est un mouvement lent, en ligne droite, qu’ils emploient généralement lors de la traque afin de camoufler leur présence. Ce mode de déplacement pourrait être apparenté à la chasse à l’affût, observée chez les félins. Il permet également au serpent de se faufiler dans des terriers où la place n’est pas suffisante ou à effectuer des mouvements latéraux.  Le mouvement consiste en une suite d’étirements à l’avant du corps et de contractions à l’arrière du corps. Le serpent utilise la bordure des écailles ventrales comme point d’ancrage pour avancer son corps.


Sources :
Doroftei & al., 2018, Journal of Experimental Biology
Jayne, 1986, Copeia
Gans, 1970, Scientific American
Gmiterko & al., 2012, International Journal of Mechanics and Applications
Rudolph & al., 2004, Texas Journal of Science

Snakesforpets.com, Carter, 2020