Connu de tous : le singe qui fait des selfies ! Ce fameux primate est le Macaque noir. Très célèbre pour avoir perdu son procès concernant les droits d’auteur.

Auteur : ©David Slater.
Le Macaque noir est reconnaissable à son faciès bien galbé, sa crète, sa peau et son pelage noirs. Un dimorphisme sexuel est visible car les mâles adultes arborent une pigmentation rouge au niveau des parties génitales.
Il se reproduit toute l’année mais les femelles donnent naissance à un seul petit. Ce dernier reste auprès de sa mère une année entière. Le petit acquiert son faciès sombre caractéristique de l’espèce à ses 6 mois. Le petit Macaque atteint la maturité sexuelle entre 3 et 5 ans selon le sexe et les conditions d’alimentation.
Le Macaque noir en société

Auteur : ©Hermondo Kasiadi.
À l’instar du Macaque rhésus (Macaca mulatta) et du Macaque japonais (Macaca fuscata), organisés en système despotique, le Macaque noir possède un système social tolérant. Il forme des bandes mixtes qui comptent souvent plus de 100 individus. Ce système permet d’avoir de nombreuses interactions avec tous les membres du groupe. Les relations sociales occupent 40 % de leur temps d’activité, le reste est dédié à la recherche alimentaire.
Lors d’une dispute, il y a de nombreux cris mais rares sont les morsures. Un tiers peut parfois venir aider en apaisant l’agresseur. En effet, nombreuses entraides, nommées coalitions, ont été observées. Comme chez les Bonobos, une dispute peut se terminer par une étreinte, un toilettage ou une monte non sexuelle. Faites l’amour, pas la guerre !
Un des primates les plus menacés du monde
Le Macaque noir (Macaca nigra) vit dans les rares forêts équatoriales et côtières de l’île de Sulawesi en Indonésie. Il est l’une des 7 espèces de Macaque vivant sur cette île. Comme les Mandrills africains, le Macaque noir est une espèce semi-terrestre, il se déplace au sol et dort dans les arbres. De plus, il se nourrit de plus de 145 espèces de fruits, de végétaux, d’invertébrés et de petits vertébrés.
Aujourd’hui, la population la plus viable est celle de la réserve naturelle de Tangkoko Batuangus. Hors de ce lieu préservé, très peu de données sont collectées pour définir l’état de la population de Macaques noirs. Les dernières informations datent de 2008 : la densité de population à l’échelle de l’aire de répartition était de 3 individus par km2. Dans la réserve de Tangkoko, la densité de population atteignait 58 individus par km2 en 2015 contre 76 individus par km² en 1989.

© UICN
Ainsi, l’important déclin de cet animal le classe comme espèce en danger critique d’extinction dans la liste rouge de l’UICN, et ce depuis une étude de 2015. De plus, le Macaque noir est une des 21 espèces de primates d’Asie à avoir été incluse en 2016 dans la triste liste des 25 espèces de primates les plus menacées au monde.
Ce déclin ne provient pas principalement de la perte de la forêt mais de la chasse pour alimenter le marché en viande de brousse. Il est souvent retrouvé sur les étals proches de leur aire de répartition. Cependant, les forêts dans lesquelles il vit, sont en forte régression à cause de l’humain (fragmentation de l’habitat, viande de brousse etc.). Même si ce primate possède une forte adaptabilité aux changements de milieux, il ne peut suivre le rythme que nous lui imposons.
Ainsi, selon les scientifiques, la pression de la chasse et le manque de connectivité entre les groupes entraineraient une réduction de plus de 80 % des effectifs d’ici 2045.
Un photographe controversé

Vous vous souvenez de Naruto ? Je ne parle pas ici du célèbre ninja blond mais bien d’une femelle Macaque noir. En 2008, Naruto devient un singe très célèbre avec sa série de selfies en utilisant l’appareil d’un photographe animalier, David Slater.
Cependant, la publication de ces photos a créé une polémique sur les droits d’auteur et la propriété intellectuelle pour les œuvres créées par des animaux.
En effet, le photographe humain a déclaré détenir les droits d’auteur sur ces photos. Cependant, diverses organisations et spécialistes ont remis en question cette affirmation. Ils ont répondu que le droit d’auteur revient au créateur de l’œuvre, et qu’un créateur non humain n’étant pas une personne juridique, il ne peut en détenir.
Ce n’est qu’en 2014, que le bureau du Copyright des États-Unis a tranché en déclarant que les travaux créés par des non-humains n’étaient en effet pas sujets au droit d’auteur.
Par ailleurs, David Slater s’est engagé à reverser 25% des revenus générés par la photo de Naruto à la protection des Macaques noir à crête.
Bien que notre photographe en herbe n’ait pas été reconnue propriétaire de la série de photos, nous pouvons supposer qu’elle a continué sa vie… sans avoir à faire appel concernant cette décision juridique.
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Image de couverture : Auteur : ©Anders Mejlvang.
Sources :
- UICN redlist : Celebes crested macaque
- Neugebauer, E., Lestari, S.D., Kaletuang, I.R. et al. Distribution and Human-Mediated Establishment of Crested Macaque (Macaca nigra) Populations in the North Moluccas, Indonesia. Int J Primatol (2024).
- Zollinger, A. Les selfies du singe Naruto, entre loi et contrat. Revue Semestrielle de Droit Animalier. (2018).
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