Photo: Yash Chopda
Le Dhole, Cuon alpinus, est un canidé particulièrement sociable. Il vit en meutes jusqu’à 25 individus pour chasser des proies aussi grosses que des cerfs. Il communique à l’aide de différents sons, et le soin des petits est essentiel à la structure du groupe.
Cet animal n’est certes pas très connu, mais il n’en n’est pas moins remarquable. Le Dhole est un canidé lupoïde (qui ressemble au Loup), comme les Loups, les Lycaons, les Coyotes et les Chacals. Il comprend 11 sous-espèces, séparées en 2 groupes: les Dholes du nord et les Dholes du sud. Parmi elles, le Dhole de Sibérie est le plus grand et celui de Sumatra est le plus petit.
On les trouve en Asie du Sud et de l’Est (Inde, Népal, Chine, Bangladesh, Bhoutan, Myanmar, Laos, Thaïlande, Cambodge, Indonésie, Malaisie). Il a disparu au Moyen-Orient, en Russie, à Singapour, en Corée, et peut-être au Vietnam. Il se trouve dans les forêts, broussailles et prairies, mais évite les déserts et milieux anthropisés, c’est-à-dire qui ont été modifiés par les Humains.
Aussi appelé Chien sauvage d’Asie, il adore l’eau et peut faire des bonds de 2,3 mètres de haut ! Mais ce n’est pas le plus impressionnant…
Chez le Dhole, l’union fait la force
Comme tous les canidés lupoïdes, le Dhole vit en meute hiérarchisée, qui sont des familles de 2 à 12 individus en moyenne, parfois jusqu’à 25! La taille du groupe varie en fonction des sous-espèces et de la disponibilité des proies.
Il a parfois été observé des meutes de 40 individus, issues de la fusion temporaire de plusieurs familles. Il y a plus de mâles que de femelles, et ce sont principalement ces dernières qui migrent, comme chez le Lycaon (Lycaon pictus).
La vie en si grands groupes s’explique par le régime alimentaire du Dhole. En effet, il se nourrit principalement de moyens et grands ongulés, comme des cerfs tels que des Muntjac, Sambar ou Cerf cochon, des Sangliers et des Saros (une Chèvre sauvage). Être en groupe rend plus facile la chasse aux grosses proies ! Il chasse à vue plutôt qu’à l’odeur, à l’aube et au crépuscule. Pour se nourrir, il n’a que 40 dents, contrairement à 42 pour la plupart des canidés.
Il peut cependant leur arriver de chasser seuls, ils vont alors se nourrir de rongeurs ou de Lièvres, voire de fruits ou d’autres végétaux.
Ce mode de vie social leur permet aussi de se défendre plus facilement des Tigres (Panthera tigris) ou des Léopards (Panthera pardus).
Ils ont des territoires de 20 à 100km², contre environ 200km² chez le Loup gris (article en anglais)(Canis lupus) en Pologne et 380km² chez le Lycaon (pdf en anglais) en Afrique du Sud. Ainsi, la densité d’individus chez le Dhole est plus importante que chez ses 2 cousins.
Un répertoire complexe de vocalisations
Pour communiquer, les Chiens sauvages d’Asie utilisent toutes sortes de sons, comme des sifflements qui sont uniques à chaque individu. Ces cris aigus permettent d’échanger dans les broussailles lors de la chasse collaborative. Ils ont aussi des vocalisations comme signal d’alarme, qui sont différentes en fonction du danger (Tigre, Humain, etc…).
Ils remuent la queue comme des Chiens domestiques (Canis lupus familiaris), pour accueillir un membre de la meute ou inviter au jeu.
Concernant l’odorat, les Dholes déposent des excréments sur leur chemin. Toute la meute le fait au même endroit, créant des latrines qui servent à communiquer. Ils possèdent aussi, entre les doigts, des glandes interdigitales qui laissent des sécrétions odorantes sur leur passage.
Les portées sont importantes pour créer une meute
Chez ces canidés, la reproduction se fait de Novembre à Avril, avec des variations en fonction des sous-espèces.
La gestation dure 60 à 70 jours et donne lieu à 2 à 12 petits querelleurs, dans un terrier près de l’eau et avec une bonne vue des alentours. Ces derniers sont allaités pendant une cinquantaine de jours, puis tous les adultes de la meute viennent s’occuper d’eux. La femelle allaitante est nourrie par le reste de la meute. Cette progéniture est la base du cercle familial, puisqu’elle permet plus tard de former une meute pour attraper de grosses proies!
Il y a généralement une seule femelle reproductrice qui s’accouple avec plusieurs mâles. La reproduction n’est donc pas aussi stricte que chez le Loup gris.
Cette espèce est en danger d’extinction, notamment à cause de la diminution de la quantité de proies, la perte d’habitats, la persécution (car il s’attaque de plus en plus au bétail), les maladies transmises par les Chiens errants, et la compétition avec le Tigre et le Léopard.
Pour aller plus loin:
• Le livre “Canidés du monde” , de José R. Castello, éditions Delachaux Niestlé, 2020
• L’article de Johnsingh, 1982 sur la reproduction (en anglais)
• L’article de Venkataraman, 1998 sur le sex ratio (en anglais)
• Le site de l’UICN (en anglais)