Plante typique de la « puna » l’altiplano andin semi-aride et glacial, la Llareta est très remarquable avec ses énormes coussins vert émeraude. Elle peut former des volumes de plusieurs m³, vivre 3000 ans, en poussant d’un mm à peine par an, dans « des pays où il ne pleut pas ».
La llareta (Azorella compacta, anciennement Azorella yareta) fait partie de la famille des Apiaceae. Ces apiacées, plus connues sous le nom d’ombellifères, sont caractérisées par leur inflorescence typique, l’ombelle. Cette famille compte près de 3 500 espèces, surtout présentes dans les régions tempérées du monde entier. C’est l’une des plus importantes familles de plantes à fleurs, après les Orchidaceae (orchidées), les Asteraceae (marguerites) et les Fabaceae (trèfle) par le nombre d’espèces. Plusieurs espèces fournissent des légumes comme les carottes, le fenouil ou les panais. Certaines sont toxiques comme la grande ciguë, la plante avec laquelle Socrate se serait suicidé.
La Llareta (du mot quechua Yarita), pousse en Amérique du Sud dans la puna des Andes, au Pérou, en Bolivie, au nord du Chili, à l’ouest de l’Argentine entre 3 200 et 5 000 m d’altitude. Ces plantes sont dures comme de la roche. Le fait d’être si compact minimise la perte de chaleur et d’humidité pendant la nuit. Les gros coussins poussent près du sol où l’air est un peu moins froid. Les sols de la puna, plutôt sombres, retiennent la chaleur. Les plus grands sujets observés atteignent 1,5 m de haut et 30 mètres carrés d’étendue.
La vénérable vit plusieurs millénaires !
La llareta pousse de quelques mm par an, on considère qu’elle couvre son premier mètre carré en un siècle. Elle peut vivre largement au-delà du millénaire, et certains spécimens atteignant l’âge de 3000 ans !
Ses fleurs de couleur jaune à 5 pétales sont hermaphrodites, c’est-à-dire qu’elles possèdent des organes mâle et femelle sur une même fleur. Elles sont pollinisées par des insectes, ainsi la plante est auto-fertile.
La plante pousse dans des sols sableux et bien drainés, ainsi que dans des sols très pauvres (acides ou basiques). Elle se développe dans des endroits ensoleillés toute la journée et ne tolère pas l’ombre.
La plante est utilisée en décoction et infusion par la médecine traditionnelle contre la fièvre, l’asthme, le rhume et la bronchite. Ses effets contre le diabète sont en cours d’étude.
Sauvée de l’extinction de justesse
Malheureusement pour elle, la Llareta représente un excellent combustible du fait de sa nature extrêmement compacte (pouvoir calorifique élevé, de l’ordre de la moitié de celui du charbon). Elle a donc été utilisée traditionnellement par les habitants des villages andins comme combustible de chauffage (comme évoqué dans l’épisode S02E128 de BSG ). Avec l’essor des mines au 19e et 20e siècles (nitrate, salpêtre, fer, cuivre, argent et or), les populations locales, devenues “llareteros” (récolteurs de Llareta) ont intensifié leur récolte de la plante pour la vendre aux industriels, l’utilisant dans les hauts fourneaux. Cette période a failli marquer la disparition de la plante altiplanique. C’est pourquoi, aujourd’hui, la plante est protégée.
Llareta ne doit pas être confondue avec la Llaretilla (ou Yaretia, “petite Llareta”) : Pycnophyllum bryoides. La llaretilla est une sorte de mousse plaquée au sol, originaire du nord du Chili et de la Bolivie.
Pour aller plus loin sur la Llareta :
Vous pouvez consulter cette page d’Esa Journals : https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/ecs2.3031
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