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Photo: Bernd Lindner

Cet oiseau est extraordinaire a plus d’un titre. 1 Son nom vient d’un intéressant chassé-croisé franco-anglais. 2 Ses serres orientées 2 doigts vers l’avant, et 2 vers l’arrière. 3 Sa place dans la famille des rapaces est discutée. On ne sait où le rattacher. En attendant, il a sa famille à part et à lui tout seul (avec son cousin australien de fait) : les Pandionidés.

La base : le Balbuzard pêcheur, Pandion haliaetus, est une des quatre espèces d’oiseau cosmopolite (avec l’Effraie des clochers Tyto alba, le Faucon pèlerin Falco peregrinus et la Talève sultane Porphyrio porphyrio, une poule d’eau bleutée).

Le mot “Balbuzard” nous vient de l’anglais bald buzard, le “buzard chauve”, parce qu’il a le dessus de la tête blanc. Mais son nom anglais Osprey vient… du français “Orfraie”, qui dérive lui-même du latin Ossifraga, “casseur d’os“.

“Orfraie” est devenu Osprey en anglais, sans doute sous l’influence de prey, “proie”, ce qui n’étonne guère vu les extraordinaires qualités de pêcheur du balbuzard, qui est aussi -improprement- appelé “aigle pêcheur”.

Ni aigle, ni faucon

Sur plusieurs aspects, le balbuzard diffère des autres oiseaux de proie diurnes. Il a toujours été une énigme pour les taxonomistes. Selon certains, il est l’unique membre de la famille des Pandionidés, au sein de l’ordre des Falconiformes. D’autres classifications le placent aux côtés des éperviers et des aigles dans la famille des Accipitridés (qui regroupe la grande majorité des rapaces diurnes). D’autres enfin le classent avec les autres rapaces dans l’ordre très élargi des… Ciconiiformes (Cigognes et autres Jabirus)!

Les Balbuzards sont donc, en attendant, rangés dans la famille des Pandionidés, une famille de rapaces constituée du seul genre Pandion, englobant les deux espèces actuelles:

  • Pandion haliaetus – Balbuzard pêcheur
  • Pandion cristatus – Balbuzard d’Australie

Le terme “balbuzard” est proposé par Buffon, pour remplacer le terme fautif d'”aigle de mer”, puisque le Balbuzard est d’une part bien distinct des Aigles, et d’autre part ne vit pas en mer, mais en eau douce, ou tout au plus saumâtre.

La puissance de feu d’un croiseur …

Les poissons représentent 99 % de son régime. Sa morphologie est parfaitement adaptée à la pêche :

  • Le doigt externe des serres est réversible (avant/arrière) afin de saisir ses proies avec deux orteils dirigés vers l’avant, et deux orteils dirigés vers l’arrière (comme les chouettes).
  • Il peut boucher ses narines afin d’éviter que l’eau n’y pénètre quand il plonge.
  • La plante de ses serres est recouverte de coussinets à écailles rugueuses, qui l’aident à saisir et maintenir les poissons, proies glissantes s’il en est.

Il repère ses proies lors de vols au-dessus d’une étendue d’eau, avant de plonger, d’une hauteur de 10 à 50 m, les pattes en avant, pour capturer un poisson.

Quand il reprend son essor, les poissons de grande taille sont placés tête en avant afin de réduire la résistance de l’air. Les serres sont des outils tellement efficaces pour maintenir les proies, qu’il est arrivé que des balbuzards se noient parce qu’ils n’étaient pas capables de desserrer leur étreinte pour relâcher un poisson trop lourd. Cette anecdote est rapportée dans une interview accordée au podcast Hors-Piste: http://bit.ly/itw_hors_piste_BSG.

Le retour du roi pêcheur en France

Dans les années 1950-1970, le balbuzard a frôlé d’extinction dans plusieurs régions du monde. Ses œufs étaient fragilisés à cause d’une accumulation de DDT dans l’environnement, comme le raconte Jean Andrieux dans la série rapaces de BSG.

©David Mark

Depuis l’interdiction du DDT dans de nombreux pays au début des années 1970, et grâce à des mesures de protection accrues, le Balbuzard, comme d’autres espèces menacées de rapaces, reconstituer progressivement ses populations.

Disparu de France au cours du 19e siècle, le rapace avait trouvé un dernier refuge en Corse, où il ne subsistait que 3 couples en 1974. La forêt d’Orléans, dans le Loiret, accueille depuis les années 1980 des couples nicheurs étroitement surveillés.

La région Centre-Val-de-Loire compte elle aussi un nombre croissant de couples reproducteurs.

La population continentale commence très lentement à essayer de reconquérir certains secteurs. En 2005, un couple de balbuzards s’est installé en Île-de-France. D’autres essais sont en cours, timidement, dans d’autres régions. Petit à petit, le balbuzard fait son (très grand) nid.

En Martinique, ils sont encore parfois tués à cause des dégâts causés dans les piscicultures.

Le travail de sensibilisation must go on.

Pour aller plus loin :

http://bit.ly/rapaces_BSG
https://bit.ly/faucons_BSG
https://bit.ly/strigides_BSG
http://bit.ly/vautours_BSG

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