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Le Renard de la fable ne nous a pas abusé, le plumage noir aux reflets violets métallisés du Corbeau freux est somptueux. En revanche, son ramage, le croassement, est peu mélodieux, caractérisé par un “raaarrh” râpeux, avec une tonalité nasale. Partons à la découverte du “phénix des hôtes de nos bois“.

Corbeau freux en marche
Corbeau freux en marche

Issu de la famille des corvidés comprenant les Corneilles, Choucas, Geais, Pies et Témias, le Corbeau Freux est, avec ses 500 g et ses 90 cm d’envergure, plus petit que le Grand Corbeau (2 kg pour 1,5 m d’envergure).

D’une espérance de vie de 20 ans, ces oiseaux grégaires (regroupés en colonies) passent toute leur vie en couple. Aptes à la reproduction dès la 2ème année, les femelles pondent en mars 3 à 5 œufs. Ces caractéristiques sont assez similaires à celles de la Corneille, raison pour laquelle il n’est pas rare que les deux soient confondus.

Corbeaux et Corneilles, des faux jumeaux

Corbeau freux, Corvus Frugilegus
Corbeau freux, Corvus Frugilegus

Il existe une astuce assez simple pour différencier au premier coup d’œil ces deux Corvidés, il suffit de regarder la couleur de leur bec. Celui de la Corneille est noir et plus court, alors que le Corbeau se distingue par un bec gris avec une zone de peau nue à sa base.

Autre différence morphologique, leur queue. Longue (dépassant les ailes au repos) et cunéiforme pour le Corbeau, elle est courte et carrée chez la Corneille. S’ils possèdent quelques points de distinctions physiques, leurs déplacements au sol comme dans les airs, divergent également. Alors que le Corbeau marche et plane, la Corneille en est incapable. Cette dernière appuie amplement et énergiquement sur l’air en vol et se déplace à terre en sautillant.

Si cela ne vous suffit pas pour les reconnaitre, reste leur cri ! Alors que la Corneille criaille avec un cri grave et rauque, le Corbeau croasse avec un son un peu plus aigu et bref. Dorénavant, impossible pour vous de confondre ces deux oiseaux. Néanmoins, un point commun caractérise les Corvidés, leur intelligence.

 Le Corbeau freux, véritable génie de la Nature

Corbeau freux avec une noix dans le bec
Corbeau freux avec une noix dans le bec

Les Corbeaux comptent parmi l’intelligence la plus élevée du règne animal, rivalisant avec celle des Primates. Ils sont capables de se servir d’outils et, plus surprenant, de les fabriquer. Des études en laboratoire ont montré leur capacité à assembler deux composants non fonctionnels afin de créer des outils manœuvrables. Le Max Planck Institute a ainsi réalisé une expérience avec deux bâtonnets que les Corbeaux devaient assembler afin d’atteindre de la nourriture placée dans un récipient. 50% des oiseaux testés sont parvenus à résoudre le problème.

Dans la nature, il n’est pas rare de les voir prendre de la hauteur pour laisser tomber une noix sur le bitume afin de la casser et récupérer ainsi tranquillement leur dû. En ville, une étude a démontré qu’ils sont capables de réutiliser à leur compte les pics anti-pigeons comme matériaux de construction solides, mais également tenir à distance les indésirables. Leur mode de vie grégaire permet de partager des connaissances en initiant les jeunes générations, allant même jusqu’à innover. Pour cela, ils possèdent comme nous une capacité cognitive, celle de la maîtrise des probabilités. Dotés d’une excellente mémoire, ils résolvent des problèmes et optimisent la vie dans leur environnement. Ne vous amusez pas à les perturber, ils pourraient ne pas vous oublier.

Une mauvaise réputation qui lui colle aux plumes

Fable "Le Corbeau et le Renard" de Jean de La Fontaine
Fable “Le Corbeau et le Renard” de Jean de La Fontaine

Sa couleur noire et son croassement “lugubre” ont nourri bien des légendes autour de la mauvaise réputation du Corbeau Freux. Au Moyen-Age il devient un emblème de malheur et on le cloue sur les portes afin de conjurer le mauvais sort. Considéré comme l’animal de compagnie des sorcières, il accompagne dans la mythologie nordique les Walkyries, divinités guerrières qui distribuent la mort. S’ils sont omnivores, leur goût pour la charogne a certainement contribué à ces légendes. Cette répugnance pour les charognards est pourtant infondée. Au contraire, ces animaux jouent en quelque sorte le rôle d’équarrisseur de la Nature.

Aujourd’hui, la fiction cultive cette mauvaise réputation. Films, dessins animés, littérature alimentent cette image négative. Dans la fable “Le Corbeau et le Renard“, Jean de La Fontaine le personnifie par un être orgueilleux, berné par un Renard rusé. Le film “Le Corbeau” de Henri-Georges Clouzot le fera même entrer dans le langage populaire pour désigner les auteurs de lettres anonymes.

Le 4 août dernier, le Corbeau Freux a une nouvelle fois été placé sur la liste des animaux dits “nuisibles”, laissant libre court à sa chasse. Ils ont pourtant un rôle essentiel à jouer dans la chaîne de la biodiversité. Il serait peut-être temps de reconsidérer la notion de “nuisible”, car si nuisible il y a, l’être humain est seul à trôner à cette place.

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Pour écouter les épisodes de Nomen sur les Corvidés :

  • NOMEN S02E10 : Le Corbeau 1/2 : Un surdoué vénéré chez les Vikings, détesté chez les Chrétiens…
  • NOMEN S02E14 : Le Corbeau 2/2 : De La Fontaine à Clouzot en passant par la Tour de Londres, black is beautiful
  • NOMEN S02E18 : Le Geai, une coquine sentinelle de la forêt, qui ne glande jamais…
  • NOMEN S02E30 : La Pie : Pas si voleuse, mais tellement maligne…
  • NOMEN S03E02 : La Corneille craille, le Corbeau croasse, la caravane Nomen passe
  • NOMEN S03E06 : Le Corbeau freux, un sacré récolteur-vendangeur !
  • NOMEN S03E10 : Le choucas monte dans les tours
  • NOMEN S03E14 : Chocard à bec jaune et Crave à bec rouge, les montagnards de la famille

Bibliographie :

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Baleine sous Gravillon

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