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Le pachyure étrusque est le plus petit mammifère du monde. Il pèse moins de 2 g et mesure un peu plus de 5 cm… queue comprise ! Qui est sa seule rivale dans le monde des poids-plumes ? Et surtout qui sont ses cousines, les autres musaraignes?

Le Pachyure étrusque (Suncus etruscus), ou musaraigne étrusque, ne pèse que 1,8 g en moyenne, pour une taille comprise entre 5 et 8 cm de long… queue comprise! Sa queue lui a, au passage, donné son nom : pachyure vient de pachy, épais et ouros, queue et signifie donc “queue épaisse”.

Vous connaissiez sans doute déjà le mot pachyderme, “peau épaisse”, qui désigne l’éléphant. Cet autre membre éminent du club “pachy”, est, de manière amusante, le plus gros animal terrestre.

Kitti nez de porc, Craseonycteris thonglongyai

Le pachyure est taquiné sur son record par une chauve-souris asiatique. Elle porte le nom de Kitti nez de porc, du nom de son découvreur, le zoologue thaïlandais Kitti Thonglongya. La Kitti fait le même poids moyen, 2 g, mais elle est plus grande.

Le pachyure est décrit dans l’épisode de BSG relatif aux musaraignes, dont le nom signifie “souris-araignée”. Cette extraordinaire étymologie vient d’une croyance populaire aussi fausse que tenace : on croyait que la morsure de la musaraigne était venimeuse.

Le pachyure étrusque : un goinfre au cœur vif

Du fait de sa petite taille, le Pachyure étrusque a un métabolisme hyper élevé, pour maintenir sa température : cœur plus musclé, ultra rapide et sang hyper oxygéné. Son cœur bat 15 à 23 fois par seconde (soit environ 1 000 pulsations par minute). Il dort très peu car il mange deux fois son poids en nourriture par jour. Un jeûne de plus de 10h peut le tuer ! C’est ce qui explique sa courte durée de vie (entre 1 an et 18 mois).

Ses mœurs sont principalement nocturnes et il est actif toute l’année. Il n’hiberne pas, et les siestes sont rarissimes. Il mange surtout des insectes, leurs larves, des vers, des escargots et des araignées.

Le Pachyure est solitaire sauf pendant la saison de reproduction. Ce petit goinfre est très prolifique: il peut avoir (en captivité et en conditions optimales) jusqu’à 6 portées par an, de 2 à 5 petits. La gestation dure de vingt-sept à vingt-huit jours. Malgré sa vie si brève, le pachyure ne se reproduit pas l’année de sa naissance.

Chez les musaraignes, il y a les “dents rouges”…

Musaraigne carrelet, Sorex araneus

Le Pachyure fait partie des musaraignes aux dents blanches. Il y a en effet deux grandes familles de musaraignes: les dents blanches et les dents rouges.

Les Musaraignes à dents rouges (contenant du fer), de la sous-famille des Soricinae vivent dans les zones tempérées de l’hémisphère Nord. Elles sont caractérisées par un métabolisme hyoperactif, une température élevée (38 °C) et supportent mal la chaleur.

La “dent rouge” la plus connue est Sorex araneus, la musaraigne carrelet. C’est une des plus commune en France.

Musaraigne aquatique, Neomys fodiens

Elles doivent manger constamment, 10 heures de jeûne les tuent. Elles n’hibernent pas, et ne font quasiment pas de siestes. Pour passer l’hiver, elles ont développé une adaptation étonnante : non seulement la croissance s’arrête, mais elle s’inverse : c’est le phénomène de Dehnel. Cela leur permet de diminuer leurs besoins en nourriture. Le poids des principaux organes diminue, les vertèbres et même le crâne rapetissent !

Il y a aussi Neomys fodiens, la musaraigne aquatique. Cette excellente nageuse possède une rangée de poils raides sur le dessous et le long de la queue, formant une sorte de gouvernail… Ses pattes sont aussi pourvues de franges de poils raides leur donnant un aspect palmé.

… et les “dents blanches”

Musaraigne musette, Crocidura russula

Les Musaraignes à dents blanches (sans fer), de la sous-famille des Crocidurinae (c’est-à-dire sans fer) – celle de notre Pachyure donc – sont d’origine tropicale. Leur métabolisme est moins frénétique et leur température plus basse (35 °C). Les “dents blanches” supportent mieux la chaleur.

En hiver, les musaraignes entrent en torpeur : leur température interne diminue et elles économisent de l’énergie… comme un thermostat : en dessus d’une certaine température, le chauffage s’arrête, en dessous il reprend.

 

Musaraigne bicolore, ou musaraigne des champs, Crocidura leucodon

À l’inverse du hérisson des marmottes ou des chauves-souris, qui dorment tout l’hiver, les musaraignes entrent plutôt en mode économique/vie ralentie : elles ne sortent que pour manger puis regagnent leur nid pour se rendormir. Leur température corporelle jusqu’à 18 °C – 20 °C.

Tous les moyens sont bons pendant l’hiver pour économiser de l’énergie : Plusieurs colocs dorment les uns sur les autres pour se tenir chaud. De ce point de vue, les “dents blanches” sont beaucoup plus sociables que les “dents rouges”.

Les “dents blanches” les plus connues sont Crocidura russula, la musaraigne musette et Crocidura leucodon, la musaraigne bicolore, ou musaraigne des champs.

Pachyure étrusque = quenottes blanches = terrains secs et chauds

Du fait de sa physiologie, l’espèce est présente dans les régions plutôt chaudes et sèches, où les hivers de sont pas trop rigoureux. La pachyure étrusque est sensible à l’humidité du sol et au froid, surtout la nuit. Ses habitats sont donc composés de terrains secs et chauds, comme les pelouses sèches ou les cultures en terrasses avec murs en pierre.

Il fréquente aussi les coteaux ensoleillés, des milieux pierreux et agricoles avec talus secs en Midi-Pyrénées. On ne le trouve pas au-dessus de 800m d’altitude. L’espèce ne construit a priori pas de terrier. Elle se choisit une “chambre” dans les trous entre les rochers, préservation de chaleur oblige. En Suisse, elle est présente dans le canton italophone du Tessin (Ticino).

 

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