Encore une cynique arnaque de nos décideurs et de Macron : toujours dans le domaine de l’océan, qu’il prétend protéger d’un côté, et qu’il laisse vider de l’autre. Encore un bel exemple de greenwashing à peu de frais. Explication.
Après avoir avalisé en douce, à l’UE, la fameuse senne démersale qui transforme les océans en Mordor (cf dernier post), l’association BLOOM, fondée par Claire Nouvian, a démontré fin novembre 2022 que les « zones de protection renforcée » de la Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises (TAF), concernent des zones inaccessibles et délaissées pour les pêcheurs qui pillent les océans.
En février 2022, au One Ocean Summit de Brest, le Président Macron s’était enorgueilli d’avoir triplé la surface de ces «zones de protection renforcée», dont celle de la Réserve naturelle nationale des TAF.
Or cette zone n’a JAMAIS été soumise à la pêche industrielle. Son tracé évite même soigneusement les zones exploitées par les 8 navires de pêche français de 55 à 76 mètres de long, ciblant la légine australe et la langouste.
La Légine australe, poisson aux œufs d’or…
La légine australe a une forte valeur commerciale, du fait de sa chair blanche et fondante. Elle peut atteindre 2 m pour 80 kg, et vivre 35 ans. La légine vit généralement près du fond, depuis les faibles profondeurs jusqu’à plus de 2 000 m. La pêche et la consommation de ce poisson datent des années 1990. Cet engouement pour le toothfish génère un biz et un braconnage important. Sea Shepherd suit ce dossier depuis longtemps. Lamya Essemlali, la fondatrice et dirigeante de Sea Shepherd France, l’avait évoqué dans les épisodes de BSG.
Bref, comme on dit au Chili : « del dicho al hecho, hay un largo trecho ». Entre le dit et le fait, il y a une trotte.
L’État français gonfle sans frais les chiffres, sans se soucier d’instituer une réelle politique de protection.
La politique française de protection «réelle» des eaux se réduit à protéger des zones inaccessibles et inexploitées de l’océan Austral. Alors que la France dispose de 382 855 km2 de zones de protection intégrale dans les Terres australes, ce chiffre tombe à… 94 km2 en France métropolitaine !
L’État français mène une politique du chiffre et non une politique de protection. C’est officiel. Cela lui permet d’atteindre les « objectifs chiffrés » sans jamais avoir à se frotter aux vrais enjeux de destruction posés par la pêche industrielle intensive en France métropolitaine.
Aires marines « protégées » : redonner espoir à la COP
La France peut et doit redevenir sérieuse lors de la COP15 sur la biodiversité, qui se tiendra du 5 au 17 décembre à Montréal.
Nous devons à l’océan une respiration sur deux. Il est notre principal puits de carbone et climatiseur… pour peu que nous le protégions contre les pilleurs et les destructeurs.
L’UICN, le GIEC et l’IPBES recommandent ainsi de concert la création d’un réseau cohérent d’aires marines protégées pour réduire drastiquement la pression exercée par la pêche industrielle sur les écosystèmes marins, actuellement pillés.
L’Union européenne et la France se fixent pour objectif d’atteindre 30% d’aires marines protégées d’ici à 2030, dont un tiers sous «protection stricte», sans aucune activité humaine.
La France est le 2e espace maritime mondial après les États-Unis. Au début de la COP27, Emmanuel Macron avait évoqué le renoncement de la France à l’exploitation des ressources minières en grandes profondeurs (Deep Sea Mining). Cela va dans le bon sens, il peut encore revenir à la raison pour protéger notre avenir et donc l’océan et la biodiversité.
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Pour réécouter les épisodes de Sea Shepherd :
Pour les épisodes sur le Deep Sea Mining, l’exploitation minière des fonds océaniques :
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