Atèle, ou Singe-araignée, a une queue préhensile qui est un véritable 5ème membre. Ce primate d’Amérique du Sud s’arrime et se balance aux branches grâce à cette queue “marsupilamiesque” …
Les Atèle ou Singes-araignées sont des primates du Nouveau Monde ou Platyrhiniens. Ils vivent dans les canopées amazoniennes, de l’Équateur à la Colombie et en Amérique centrale. Ces singes d’Amérique possèdent des caractéristiques différentes de ceux de l’Ancien Monde ou Catarhiniens. En effet, les “Ricains” possèdent un nez large, une longue queue parfois préhensile, des pouces moins opposables que leurs cousins. Dans le cas des Atèles, le pouce a carrément disparu. “Atelês” vient d’ailleurs du grec : “inachevé”, pour appuyer le fait qu’il ne possède pas ou plus de pouce opposable.
Leurs mains sans pouces font office de crochets. Même s’ils ne possèdent que 4 doigts, cette adaptation est indispensable pour leurs déplacements en accrobranche à travers la forêt.
L’espèce la plus connue est Ateles paniscus de son nom vernaculaire Singe-araignée commun, Atèle noir ou encore Kwata (en Guyane). Ce dernier a perdu une grande partie de son aire de répartition à cause des activités humaines. On trouve une différence nominale avec le Bonobo (Pan paniscus), cousin de l’Ancien Monde des Atèles, et défini comme un petit Chimpanzé.
Les Atèles sont diurnes et arboricoles. Ils fréquentent les forêts primaires pour leur diversité végétale. Ces singes se nourrissent principalement de fruits, graines et feuilles. Ils mangent environ 200 espèces de plantes différentes, ce qui en fait des disséminateurs très importants pour la forêt. Flexitariens quand la situation se présente, ils consomment des œufs d’oiseaux, des insectes, du miel et des araignées.
Les Atèles vivent en groupe entre 5 et 20 individus et sont menés par les femelles. Les mâles sont plus à l’écart car très territoriaux et violents entre eux. Ils n’hésitent d’ailleurs pas à commettre des meurtres pour s’approprier les femelles pendant la période de reproduction. Ils donnent naissance à un bébé tous les 3-4 ans lorsque le petit précédent devient mature. Ils sont matures sexuellement jusqu’à 25 ans et peuvent vivre jusqu’à 40 ans. Pour atteindre cet âge, le jeune Atèle devra résister aux pluies tropicales, aux maladies et à la prédation.
Dans la forêt amazonienne, il est prédaté par les Boas, les Jaguars et des rapaces comme la Harpie féroce, décrite comme un mangeur de singes.
L’Atèle, Singe-araignée, roi de la canopée
L’Atèle est appelé Singe-araignée en raison de ses membres longilignes. Ses membres poilus et leur longue queue ont évoqué une araignée aux premiers naturalistes qui l’ont nommé.
C’est le singe le plus agile et le plus rapide d’Amérique du Sud, notamment grâce à sa queue préhensile. Celle-ci peut mesurer jusqu’à 90cm et sert de point d’attache pour se balancer. L’extrémité de son 5ème membre est munie d’un coussinet de peau sur la face ventrale. Cette adaptation lui permet une meilleure accroche, un meilleur “grip” en toutes circonstances. Qu’il grimpe, qu’il saute, qu’il chute, sa queue permet un équilibre optimal pour ce singe en suspension. Elle est souvent placée au-dessus de lui afin de supporter une partie du poids de l’animal.
Comme son cousin du continent asiatique, le Gibbon, il utilise la brachiation et descend très peu au sol. Le Singe-araignée se déplace rapidement dans la canopée, même s’il est probablement moins acrobatique que le Gibbon. Cependant, il reste plus rapide que ses voisins, les Singes-hurleurs, avec une vitesse approchant les 2m/s. La brachiation permet une faible dépense énergétique et aussi d’atteindre des branches éloignées les unes des autres. L’Atèle peut faire des bonds entre les arbres jusqu’à 5 mètres.
Compte tenu de sa manière de se déplacer, la préservation de “corridors” écologiques continus est vitale. En effet, les routes et les mines fragmentent son habitat, ne lui facilitent pas les déplacements entre les arbres et l’obligent à descendre au sol, où il devient très vulnérable. Le Singe-araignée est facilement chassable car il est bruyant, mobile et repérable. Il est recherché pour sa viande. Dans le genre Ateles, les 7 espèces et 11 sous-espèces sont toutes classées entre vulnérables et en danger critique d’extinction selon l’UICN.
En Guyane, le Kwata est en théorie protégé contre la vente et le commerce, mort ou vif. Malheureusement, la pratique est bien différente car peu de moyens de contrôle dans les forêts sont mis en place. De plus, des routes permettent de pénétrer facilement dans le peu de territoire qu’il lui reste.
Pas de queue…pas de nourriture
La manière unique de déplacement de l’Atèle lui facilite la recherche de nourritures. Il utilise principalement des supports horizontaux fins, sur lesquels il se suspend par la queue et les membres postérieurs pendant qu’il mange. Dans ce cas aussi, sa queue est très souvent positionnée au-dessus de lui. L’utilisation de cette dernière permet également d’avoir un soutien en plus pendant la recherche de nourriture et pendant l’ingestion d’aliments.
La suspension par la queue permet à l’Atèle de mieux exploiter son environnement que les autres singes dépourvus de queue préhensile, tout en limitant les déplacements et donc les dépenses énergétiques. C’est pourquoi, cette position constitue plus de 50% de sa méthode de nourrissage. L’autre 50%, il utilise une posture assise lorsqu’il se nourrit. Il mange les fruits et les feuilles situés à son niveau ou en-dessous de lui.
Chez ce singe, on observe une forte latéralité du corps, comme chez nous, il y a des droitiers et des gauchers, que ce soit pour l’utilisation des mains, des pieds, des yeux mais aussi … de la queue.
L’utilisation de la queue par l’Atèle, ou Singe-araignée, est primordiale pendant une alimentation suspendue, contrairement à l’alimentation suspendue des hominoïdes comme chez l’Orang-outan ou le Gibbon. En effet, on le voit par des taux élevés de suspension avec la queue mais aussi par une utilisation constante de celle-ci dans quasi toutes les postures. Elle est aussi une corde de sécurité, de rappel.
Son cousin le Singe-hurleur, vivant dans le même milieu que le Singe-araignée, n’utilise pas sa queue de la même façon, et ne pourrait pas s’alimenter ni même digérer la tête en bas comme son cousin. Le singe-hurleur est quasi-exclusivement folivore, mangeur de feuilles, plus faciles à atteindre que la nourriture du Singe-araignée.
Les Singes-hurleur se consoleront en étant un des animaux les plus bruyants du monde. Grâce à leur sac de résonance, leurs cris s’entendent sur plusieurs kilomètres. Difficile de comparer un Pavarotti au Marsupilami.
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Pour en savoir plus sur le braconnage avec Julie Lasne :
- https://bit.ly/lasne4_CBT
- https://bit.ly/lasne3_CBT
- https://bit.ly/lasne2_CBT
- https://bit.ly/lasne1_CBT
Écoutez les épisodes sur les arbres et leur disparition :
- https://bit.ly/david-happe1_CBT
- https://bit.ly/david-happe2_CBT
- https://bit.ly/david-happe3_CBT
- https://bit.ly/david-happe4_CBT
Pour en savoir plus sur la faune africaine :
- https://bit.ly/ax_Afriq8_orycterope_BSG
- https://bit.ly/ax_Afriq7_babouins_BSG
- https://bit.ly/ax_Afriq6_chimpanzes_BSG
- https://bit.ly/ax_Afriq5_lycaons_BSG
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- https://bit.ly/ax_Afriq3_hippo_BSG
- https://bit.ly/ax_Afriq2_girafes_BSG
- https://bit.ly/ax_Afriq1_elephants_BSG
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