Le Glaucus atlanticus, alias dragon bleu ou hirondelle de mer, est un des nudibranches les plus surprenants. Il vit dans toutes les eaux tempérées ou tropicales, où il flotte à la surface des eaux parmi le pleuston (les êtres vivant à la surface).
Cette limace de mer pélagique vit dans les eaux tempérées et tropicales. Elle a été recensée dans tous les grands océans, Atlantique, Pacifique et Indien, et même en Méditerranée. Elle se déplace toujours à la surface, au gré des vents et des courants.
Ce nudibranche mesure quelques centimètres. Son corps compte jusqu’à 84 cerata (ou cérates), sortes de tentacules, qui le font ressembler à un alien ou à un golgoth de Goldorak… Menacé, le Glaucus peut se séparer de ses cérates par autotomie (comme la queue du lézard) grâce à des sphincters (des muscles ronds comme celui de notre anus).
Cette limace de mer se déplace ventre en l’air, grâce à une bulle d’air contenue dans l’estomac. Sa coloration est un bon exemple de la loi de Thayer. Le côté exposé à la surface est plutôt sombre et bleu, tandis que celui sous l’eau est clair. En résumé, vu du dessous et du dessus, il est peu visible d’éventuels prédateurs, comme beaucoup de créatures aquatiques.
La tête est munie d’une paire de tentacules et d’une autre paire de tout petits rhinophores (sortes d’antennes). Ces rhinophores, communs à tous les nudibranches, sont vitaux, fragiles et rétractiles. Ils servent à analyser la composition chimique de l’eau.
Un dragon bleu mangeur et cracheur de “feu”
G. atlanticus se nourrit principalement d’hydrozoaires, des petits êtres pélagiques plus grands que lui. Il grignote leurs tentacules, dont il tire son pouvoir urticant, en conservant certains de leurs nématocystes (cellules venimeuses).
Cette réutilisation à des fins défensives d’éléments issus d’une proie par un carnivore est nommée « oplophagia ». Le dragon bleu est immunisé contre les toxines de ses proies. Il stocke ces nématocystes dans des “cnidosacs”, répartis sur le corps et sur ses ceratas.
Trois types d’espèces urticantes composent le menu ordinaire des Glaucus : les physalies (Physalia physalis et Physalia utriculus), les vélelles (Velella velella et Velella lata) et la porpite (Porpita porpita). Ces trois espèces typiques du pleuston sont poétiquement surnommées « The Blue Fleet » (« la flotte bleue »).
Last but not least, ces petits aliens bleus sont parfois cannibales….
Une reproduction très originale
Le dragon bleu est hermaphrodite, il est donc à la fois mâle et femelle, comme la plupart des nudibranches. Mais contrairement à la plupart des nudibranches qui s’accouplent “en 69” sur leurs côtés droits, il préfère le “missionnaire” en face-à-face. Les bouches des deux partenaires s’agrippent. Pendant ce temps, leurs pénis, aussi longs que leurs corps, émergent puis s’entrelacent. Ils s’échangent leur sperme qu’ils vont ensuite chacun ramener dans leur cavité génitale après rétractation de leur pénis.
Cette position originale leur évite de se piquer avec les cnidocystes (harpons venimeux) situés au bout de leurs cérates. Cette position du missionnaire, bouche et pénis attachés, leur permet également d’être stables face aux mouvements de la surface de l’eau. Les ébats durent une heure environ.
Glaucus atlanticus pond des chapelets d’œufs laissés à la dérive ou fixés sur les cadavres des proies des adultes.
Il peut occasionnellement s’échouer sur les plages parmi le reste du pleuston et causer des irritations à l’humain en cas de contact. Donc comme vous avez compris depuis longtemps, il ne faut surtout pas les toucher ou les prendre en main comme sur cette photo !
Photo de couverture : Sylke Rohrlach, Sydney
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