Photo: Marc Mortelmans
Les plantes carnivores étonnent, effraient ou émeuvent depuis leur découverte. Des dionées aux mâchoires de piège à loups aux urnes remplies de liquide digestif des Népenthès et des Sarracenias en passant par les gouttelettes collantes des droséras, ces plantes originales et fascinantes méritent que l’on se penche sur elles avec respect et humilité.
Le premier à avoir eu l’intuition que des plantes étaient carnivores (en l’occurence des dionées) fut le gouverneur de Caroline du Nord de 1763, un certain Arthur Dobbs. Il signale ses découvertes au grand public et aux scientifiques. C’est à lui qu’on doit l’appellation « plante carnivore ».
En 1768, des spécimens vivants sont envoyés en Angleterre. Le botaniste John Ellis soupçonne à son tour ce mode de nutrition. Il adresse au “prince des naturalistes” Carl von Linné un spécimen desséché ainsi qu’une description détaillée de la plante.
Le suédois, doutant de sa “carnivorité”, préfère classer le phénomène en « miraculum Naturae », le considérant comme extraordinaire et accidentel. Une de ses plus grandes erreurs. Il nomme en tout état de cause la plante « Venus flytrap » (« Vénus attrape-mouche ») en s’inspirant… de la déesse de l’amour et de la beauté de la mythologie romaine.
La carnivorité de la «Vénus attrape-mouche» ne sera démontrée que vers 1865, par un certain Charles Darwin. Fasciné, il écrira un traité intitulé Les plantes insectivores.
Près de 800 espèces dans le monde
Il existe presque 800 espèces de plantes carnivores. En moyenne, 3 espèces de plantes carnivores sont découvertes ou décrites chaque année depuis l’an 2000.
Un grand nombre d’espèces de plantes carnivores se situent dans des régions tropicales. Mais ces plantes existent sous presque toutes les latitudes.
Point commun; elles poussent la plupart du temps dans des sols pauvres en azote et en phosphore, comme dans les tourbières. Leur régime carnivore est une adaptation à des environnements pauvres. Cela leur confère un avantage leur permettant de les coloniser de nouveaux biotopes.
La dénomination insectivore ou entomophage n’est pas toujours valable. Beaucoup de plantes carnivores piègent en effet des insectes, mais certaines , comme les utriculaires, ciblent des protozoaires. Certaines espèces de népenthès consomment des lézards, des oisillons et des souris.
Différentes apparations dans l’évolution
Chez les plantes carnivores, le régime carnivore est apparu six fois dans cinq ordres différents au cours de l’évolution, progressivement, et selon des modalités différentes.
Les plantes carnivores se distinguent du reste du règne végétal par leur capacité à attirer, capturer et digérer leurs proies.
Une plante capable uniquement de capture, éventuellement de dégradation, mais incapable d’assimiler sa proie, est qualifiée de protocarnivore.
Elle peut dans ce cas héberger des bactéries symbiotiques qui l’aident à dégrader et à digérer ses proies.
Les pièges: des feuilles modifiées
Les pièges sont très divers, basés sur des principes très différents: outre de capture des Utriculaires, urne des Népenthès, mâchoires des Dionées, poils gluants des droséras…
La capture de proies apporte à ces plantes des compléments alimentaires, des sources complémentaires d’azote et de phosphore.
Mais elles pratiquent aussi la photosynthèse, comme la plupart des autres végétaux. Les plantes carnivores fixent ainsi le dioxyde de carbone de l’air, en présence de lumière, et absorbent l’eau et sels minéraux par leurs racines.
Pour en savoir plus, écoutez les deux épisodes de BSG consacrés aux plantes carnivores (invité: Enzo Defer, fondateur des Dentes de la Terre):
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