Photo: Robert Lynch
Le Dingo est un Chien retourné à l’état sauvage… il y a environ 5.000 ans. Depuis, il est devenu le prédateur le plus important du continent australien. Il possède des caractéristiques qui le différencient de nos Chiens domestiques actuels.
Le Dingo a posé beaucoup de soucis aux premiers colons australiens, dont il prélevait une fraction du bétail. À tel point qu’à la fin du XIXe siècle, les “Aussies” ont construit la plus longue barrière du monde, la “Dingo Fence”, qui s’étend sur 5.400 km. Cette barrière a d’ailleurs entraîné l’extinction des Dingos au sud-est de l’Australie.
D’après les indices fossiles, ces chiens sauvages seraient arrivés sur ce continent il y a 3.500 à 5.000 ans, avec des populations humaines. Ils étaient donc encore domestiques à cette époque.
Le nom «dingo» provient d’une langue aborigène de la région de Sydney. L’animal est appelé tingo lorsque c’est une femelle, dingo lorsque c’est un mâle, et worigal lorsqu’il s’agit d’un Chien de grande taille.
Le Dingo existe aussi en Asie du Sud-Est (Thaïlande, Chine, Laos, Birmanie, Malaisie). Très adaptable, il occupe des milieux allant des landes alpines aux pics enneigés, des déserts arides aux forêts tropicales.
Deux races de chiens, le Bouvier australien et le Kelpie, sont issues du croisement entre des Dingos et des Chiens européens.
Il est souvent de couleur sable, mais peut être blanc, noir ou noir et feu. On distingue deux races de Dingos: l’Australien et le Thaï. Ils se différencient par la forme du crâne, le système de reproduction et le pelage. Les Dingos du Nord de l’Australie sont plus grands que ceux du Sud, et ceux d’Australie sont plus lourds que les asiatiques.
Le Dingo est-il une espèce à part entière ou non? Les avis, y compris entre scientifiques, divergent. Certains pensent que oui, le Dingo est une espèce unique et singulière. Dans ce cas son nom scientifique pourrait être Canis dingo. D’autres le considèrent comme une sous-espèce du Loup gris, auquel cas son nom serait Canis lupus dingo. Une troisième catégorie de scientifiques estiment qu’il s’agit simplement d’un Chien. Dans ce cas, son nom serait Canis lupus familiaris.
Une catastrophe à son arrivée il y a 5.000 ans, mais aujourd’hui indispensable!
Après une gestation d’une soixantaine de jours, la femelle Dingo donne naissance à une portée de 2 à 9 petits, qui sont élevés par la meute. La saison de reproduction s’étend d’avril à juin et ils peuvent vivre jusqu’à 5 à 15 ans.
Les Dingos forment des groupes familiaux de 2 à 12 individus qui partagent un territoire commun et ont un couple reproducteur dominant. Cependant, les membres sont souvent observés seuls. Mais ils se rassemblent pour chasser de grosses proies et élever les chiots.
Actifs surtout à l’aube et au crépuscule, ils mangent principalement des mammifères comme des Kangourous, mais aussi des oiseaux, des reptiles, des insectes et même des végétaux. Ils s’attaquent parfois au bétail, ce qui a posé et pose encore des problèmes de gestion (cf Dingo Fence). Il y a d’autres problèmes avec de supposées attaques mortelles sur des enfants, notamment sur l’île touristique de Fraser Island, à l’est du continent.
Le territoire est de 25 à 67 km², c’est-à-dire la zone du domaine vital qui est défendue par toute la meute. Le domaine quant à lui s’étend sur 20 à 300 km². Le marquage se fait avec de l’urine, des excréments et des glandes odorantes, comme chez les Loups et bien d’autres carnivores.
Il y a quelques millénaires, le retour à l’état sauvage (marronage) du Dingo a d’abord été une catastrophe pour la biodiversité locale. Il a notamment causé la disparition du Thylacine (Thylacinus cynocephalus), ou Loup marsupial, et du Diable de Tasmanie (Sarcophilus harrisii) sur le continent australien. Ces espèces n’ont pu subsister que sur l’île de Tasmanie, où le Dingo n’a jamais été introduit. Malheureusement, le célèbre Thylacine, bien connu des cryptozoologues, a disparu dans les années 1930, à cause de la chasse.
Aujourd’hui, le Dingo est le principal prédateur du continent australien, le “prédateur apex”. Ces derniers sont des “espèces clef-de-voûte”, qui régulent les populations d’herbivores. Le Dingo, après avoir provoqué une hécatombe de marsupiaux, est donc aujourd’hui une espèce indispensable à la biodiversité australienne.
Le Dingo a des caractéristiques du Loup: dents, digestion, hiérarchie, déplacement…
Pendant ces quelques millénaires de vie sauvage, les Dingos ont développé de nombreuses différences avec nos Chiens domestiques. Ils ont notamment de plus grosses canines et carnassières. Ces dernières sont des dents modifiées pour déchirer la viande, communes à l’ordre des Carnivores qui comprend entre autres les Félidés, les Canidés et les Ursidés.
Les Dingos ne se reproduisent qu’une fois par an, alors que les Chiens le peuvent toute l’année. Autre différence, leur cou est très flexible, ce qui leur permet de regarder dans les arbres.
Les Dingos sont strictement carnivores, tandis que les Chiens errants se nourrissent de restes laissés par les Humains. Conséquence: les Dingos ne peuvent pas digérer l’amidon, les restes de pain.
Chez les Dingos, comme chez les Loups, la meute entière élève les petits. On parle d’une organisation alloparentale (du grec allo autre, non apparenté). Chez nos Chiens domestiques, une Chienne seule élève les chiots. Un couple dominant dirige la meute, tandis que les Chiens n’ont pas de hiérarchie stricte.
Les chiots des Dingos se développent plus vite, car ils courent et jouent à 3 semaines, contre 4 semaines chez les Chiens domestiques. Ils n’aboient pas, mais grognent, couinent et hurlent comme des Loups. Ces hurlements sont d’ailleurs uniques à chaque individu.
Par ailleurs, comme les Loups, ils font des pistes particulièrement droites, tandis que les Chiens se déplacent davantage en zig-zag.
On observe aussi des différences génétiques entre Chiens domestiques et Dingos. L’hybridation avec des Chiens domestiques menace les populations de Dingos. Comme les Chats domestiques menacent les populations de Chats forestiers en France. Les individus hybrides risquent en effet de ne pas s’occuper convenablement des chiots ou de ne pas avoir un instinct de chasse suffisant.
Les Dingos peuvent être apprivoisés, mais restent distants et difficiles à éduquer.
Comme vous l’apprendrez dans le podcast Nomen, le célèbre Dingo de l’univers Walt Disney n’a rien à voir avec les Dingos, dont le nom vient, comme évoqué plus haut, d’un dialecte aborigène. Ce n’est d’ailleurs son nom qu’en français (à rapprocher de “dingue”). En anglais en effet, ce personnage s’appelle Goofy, qui signifie maladroit, pataud.
Pour aller plus loin:
• Le livre ” Canidés du monde” , de José R. Castello, éditions Delachaux Niestlé, 2020
• Le livre “The Dingo Debate“, par Bradley Smith, CSIRO publishing, 2015 (en anglais)
• L’émission de France Culture sur la Dingo Fence
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