Le pergélisol (ou permafrost, en anglais) est un sol gelé en permanence. Il couvre environ 23 millions de km² et représente 20 % de la surface terrestre. Le pergélisol occupe la moitié du territoire canadien et de la Russie (Sibérie), 80 % de l’Alaska et 90 % du Groenland. Son épaisseur varie de quelques mètres à plusieurs centaines de mètres. On en trouve également dans les Alpes françaises. Le dégel du pergélisol s’accélère avec le réchauffement climatique, ce qui inquiète les scientifiques.
L’histoire de la Terre est marquée par de nombreux épisodes glaciaires, dont la période du Quaternaire, qui débute au moment de l’émergence de la calotte glaciaire arctique, il y a 2,58 millions d’années. Nous sommes donc au début des cycles glaciaires, caractéristique d’une ère baptisée le Pléistocène, l’ère qui précède l’actuelle : l’Holocène. Le Pléistocène (du grec -pléisto : nombreux) consiste en une succession de glaciations, d’Âges de glace…
Le pergélisol est le vestige des glaces du Pléistocène, qui a duré jusqu’à la fin de la dernière glaciation, il y a environ 11 000 ans, autre date clé qui marque le début de l’ère actuelle, l’Holocène (du grec Holo : homogène, constant). Le permafrost a pris sa configuration actuelle après un réchauffement moyen des températures de 5 °C étalé sur plusieurs millénaires.
+1 à 12 °C d’ici 2100
Le réchauffement s’est considérablement accéléré ce dernier siècle. Le dégel du pergélisol constitue un marqueur du réchauffement climatique et fait l’objet d’études scientifiques par un réseau mondial de chercheurs, car son dégel rapide pourrait accroître considérablement les quantités de gaz à effet de serre, qui seraient alors émis par les déchets organiques dont regorgent les sols gelés des biotopes froids.
Car oui, le pergélisol dégèle plutôt qu’il ne fond. Un peu comme un hamburger que l’on sortirait du congélateur ; il se ramollit sans pour autant se liquéfier.
La hausse de la température de ces sols gelés depuis des dizaines de milliers d’années a été plus rapide que celle observée à la surface du reste de la Terre. Sur le plan scientifique, nombreuses sont les incertitudes qui couronnent les prévisions du dégel et de son impact sur le climat. Toutefois, selon Florent Dominé, directeur de recherches au CNRS, sa disparition augmenterait la température moyenne de la Terre, de 1 à 12 °C d’ici à l’horizon 2100 !
Les scientifiques estiment que le taux de gaz à effet de serre contenu dans le pergélisol représente une quantité supérieure à ce que notre civilisation a produit depuis un siècle, ce qui reviendrait à brûler 2 fois toutes les forêts de notre planète.
Outre les effets climatiques directs, des conséquences écotoxicologiques catastrophiques pourraient se produire du fait de l’emballement du dégel du pergélisol, avec la libération de bactéries et de virus “endormis” dans la glace depuis des lustres… C’est ce que nous verrons dans la deuxième partie de cet article.
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