Dépourvu de venin, le Boa constricteur tue ses proies par constriction, c’est-à-dire en les enserrant dans ses anneaux. On retrouve cette caractéristique chez tous les Boïdés, famille dont il fait partie tout comme les Anacondas. Ce nom de famille a pour origine un grand serpent mentionné par Pline l’Ancien dans son œuvre Naturalis Historia. Cela en dit long sur ce serpent mythique hors norme. Mais n’ayez crainte, on le retrouve à l’état sauvage uniquement en Amérique latine.
Mesurant en moyenne de 1,80m à 2,75m, les plus grands peuvent atteindre jusqu’à 4m pour un poids de 10 à 30kg. Constricteur, il n’étouffe pas sa proie, mais provoque la mort par arrêt circulatoire en coupant l’afflux de sang dans les organes vitaux. Pour cela, il a la capacité incroyable d’exercer une pression pouvant atteindre jusqu’à 32kN équivalent à plus de 3200kg. Sa colonne vertébrale est constituée de 200 à 400 vertèbres, sa croissance osseuse étant continue et indéterminée en fonction de son âge, de son alimentation et des températures plus ou moins adaptées. La mue permet au corps du Boa de se développer et il va ainsi changer de peau quatre à cinq fois par an.
N’est pas Boa qui veut
Si Boas, Anacondas et Pythons sont des Serpents primitifs dotés de deux poumons, d’ergots postérieurs et d’os pelviens, seuls les deux premiers font parties de la famille des Boïdés. Mais alors, comment les différencier ? Par leur anatomie, les Pythons ayant un os supplémentaire dans la tête et un nombre de dents plus important. Par leur zone géographique, les Boas étant les seuls à être présents sur le continent Américain. Enfin, par leur moyen de reproduction, l’un étant vivipare et l’autre ovipare. Ainsi les Pythons pondent des œufs alors que les Boas donnent naissance à des petits déjà vivants. De grands Serpents constricteurs, mais deux familles distincts.
Une vie de solitaire
Comme la plupart des serpents, le Boa constricteur vit en solitaire et ils se rapprochent uniquement au moment de l’accouplement. Les femelles à la recherche d’un mâle déclenche une production de phéromones suite à un pic d’oestrogènes qui sera capté par l’organe olfactif de ce dernier, situées contre son palais, appelées organes de Jacobson Une fois trouvée sa prétendante, la parade nuptiale peut commencer. Elle peut durer plusieurs jours durant lesquels le mâle essaie de glisser les replis de son corps sur le dos de sa partenaire en les agitant de spasmes rapides. Il la pénètre alors de l’un de ses deux hémipénis situés à l’extrémité de sa queue, et dépose ses spermatozoïdes dans le cloaque de la femelle. Vivipare, elle donnera naissance à une trentaine de petits Boa après une centaine de jours de gestation.
Comme une grosse Chenille
Si le Boa constricteur possède deux ergots postérieurs, vestige de son lointain ancêtre à quatre pattes, il rampe. Chez les serpents, il existe quatre manières différentes de se mouvoir (Sidewinding, serpentin, accordéon, rectiligne) selon leur espèce et leur type d’habitat, le Boa constricteur se déplace de façon rectiligne. Ce mouvement est spécifique aux serpents lourds et ses dimensions en font l’un des serpents arboricoles les plus lents. Ils avancent à la manière d’une Chenille en utilisant la bordure des écailles ventrales comme point d’ancrage. Ne vous fiez pas à cette nonchalance, le Boa constricteur est un excellent nageur et son attaque est l’une des plus rapides du monde, faisant de lui un chasseur hors-pair.
Le Boa constricteur, un glouton vite rassasié
Au menu : rongeurs, oiseaux, gros Lézards, Opossums, Ocelots… Si le Boa constricteur est sourd et que ses narines lui servent uniquement à respirer, il flaire ses proies grâce à sa langue bifide et aux cellules olfactives situées contre son palais. Il attaque sa victime en projetant son corps vers l’avant la bouche grande ouverte afin de la maintenir de ses dents acérées. Il s’enroule alors rapidement autour d’elle, formant des anneaux qu’il serre jusqu’à l’arrêt cardiaque. Le Boa peut dès lors avaler tranquillement son repas grâce à sa gueule ouverte jusqu’à 180 degrés et à sa mâchoire inférieure composée de deux parties indépendantes avançant successivement sur la proie. Il faudra environ cinq jours pour que les sucs et les enzymes digèrent la dépouille. Ainsi rassasié, il pourra rester des mois sans manger, mais pas d’affolement, l’Homme ne fait pas partie de son menu.
Pour écouter les épisodes de Nomen sur les Serpents :
- NOMEN S02E44 : Les Serpents 1/4 : pour qui sont ces serpents… ? Rémy Falchi (herpétophile)
- NOMEN S02E45 : Les Serpents 2/4 : …qui ne sifflent plus guère sur vos têtes ? Rémy Falchi (herpétophile)
- NOMEN S02E46 : Les Serpents 3/4 : les serpents les plus incroyables, Rémy Falchi (herpétophile)
- NOMEN S02E47 : Les Serpents 4/4 : les serpents les plus incroyables, Rémy Falchi (herpétophile)
Pour lire la série d’articles sur les serpents de France
- Serpents de France 1/14 : La Vipère aspic, une méridionale qui a du nez
Bibliographie :
- Comment se déplacent les serpents?, Baleine sous gravillon
- Boa, Larousse