Photo: Fernando Bórquez
Le Renard de Darwin a été découvert en 1834 par le célèbre naturaliste lors de son voyage sur le Beagle. Rare est discret, il est aujourd’hui menacé d’extinction, notamment à cause des Chiens des territoires où il vit, sur et en face de la mythique île de Chiloé, au Chili.
Pendant longtemps, on considérait le Renard de Darwin (aujourd’hui Lycalopex fulvipes, anciennement Pseudalopex fulvipes), un petit bout’chou de 3 kg, comme une sous-espèce du Renard gris de Patagonie (L. griseus).
Mais il eu une découverte, en 1990, d’une petite population de Renards de Darwin, sur le continent, dans le parc national Nahuelbuta. Cette population est bien plus petite, au passage, que celle de Chiloé. Les analyses génétiques ont fait du Renard de Darwin une espèce unique.
À l’époque du Pléistocène tardif (entre -126.000 et -11.700 ans), l’île de Chiloé était reliée au Chili par une langue de terre… qui a disparu voici 15.000 ans. À cette époque, le niveau de la mer est alors remonté, à la fin de la dernière glaciation (oui! le célèbre Ice Age de l’Écureuil Scrat, de Sid le Paresseux, de Manny le Mammouth et de Diego le Tigre aux dents de sabre). C’est cette séparation qui conduit à l’émergence de deux populations isolées de Renards de Darwin.
La Renard de Darwin, découvert 1 fois, 2 fois… et même plus!
Depuis, on a découvert d’autres zones dans lesquelles cette espèce vit, tout au long de la côte entre l’île Chiloé et le parc de Nahuelbuta. Ce petit Renard est donc une des espèces endémiques du Chili.
Il est inféodé aux milieux forestiers, et peut parfois se balader sur les côtes sableuses. Quand il est en sympatrie (dans le même milieu) avec le Renard gris de Patagonie, ce dernier se déplace davantage dans les milieux ouverts, pour l’éviter.
Ce petit solitaire n’est pas territorial. Il ne semble même pas avoir peur des humains ou des voitures !
En bon petit canidé, il est par conséquent omnivore, et se nourrit d’insectes, de crustacés, de rongeurs, d’oiseaux, d’amphibiens, de petits ongulés, de reptiles, de marsupiaux, de fruits, et parfois de charognes.
Les ravages des Chiens domestiques sur le Tom Pouce de Chiloé
Le Renard de Darwin, avec le Loup rouge et le Loup d’Abyssinie, est l’un des canidés les plus menacés d’extinction. En 2012, on l’a classé “en danger critique d’extinction”, et réévalué “en danger” depuis 2016 selon l’UICN.
En effet, ses principales menaces sont les Chiens de propriétaire en divagation, et non les Chiens errants. Ces Chiens s’attaquent aux Renards et leur transmettent des pathogènes, en particulier la maladie de Carré. Cette affection virale qui s’apparente à la rougeole touche donc de nombreux carnivores, surtout des caniformes.
Si la plupart des populations se trouvent dans des zones protégées, il y a quand même des problèmes de déforestation et de fragmentation des milieux. De plus, la construction d’un pont entre l’île Chiloé et le continent inquiète, car il pourrait permettre à d’autres animaux, comme des Pumas (Puma concolor) de rejoindre l’île. Cette invasion menacerait les Renards de Darwin sur place.
En 2014, on estimait qu’il restait moins de 600 individus, dont 90% sur l’île de Chiloé.
On a mis en place des mesures de protection, comme des lois renforcées contre le braconnage. Une autre mesure importante est la vaccination des Chiens. C’est grâce à ces mesures, que même si les effectifs continuent de baisser actuellement, l’espèce n’est plus qu’en “danger” depuis 2016. Nous avons donc un exemple porteur d’espoir qui montre que les mesures de protection peuvent être efficaces !
Par ailleurs, certains zoos ont pris en pension des couples de Renards de Darwin à des fins de réintroduction. Si vous passez par la moitié sud du Chili, vous pourrez voir ces rase-moquettes au parc zoologique Niri-Vilcún de Temuco.
Pour aller plus loin:
• Le livre « Canidés du monde » , de José R. Castello, éditions Delachaux Niestlé, 2020
• Cet article sur les populations de Renard de Darwin (en anglais)
• Cet article sur l’écologie du Renard de Darwin (en anglais)
2 Comments