Image de mise en avant de Hbieser
Quel Chameau !!! Coquin et malin, notre Camélidé a la particularité d’avoir deux bosses. À ne pas confondre avec le Dromadaire qui n’en possède qu’une et vit en Afrique, alors que le Chameau vit en Asie. Et pourtant, saviez-vous que ce ne sont pas leur milieu d’origine ?
En remontant un peu dans le temps grâce à la paléontologie, l’étude des fossiles, on se rend compte que la famille des Camélidés est apparue en Amérique du Nord à l’Eocène, il y a 56 à 34 millions d’années.
Préhistoire inattendue des Camélidés
Parmi les cousins éteints, quelques-uns sont assez remarquables. L’Aepycamelus, ou Alticamelus (haut chameau), une sorte de Chameau-Girafe, arpentait les prairies parsemées d’arbres, il y a 15 millions d’années. Avec ses longues pattes et son long cou, il pouvait atteindre les feuilles hors de portée des autres végétariens.
Toujours nord-américain et l’un des derniers du continent, le Titanotylopus fait partie des géants de la famille. Il pouvait atteindre 3,5 m à l’épaule et peser 2 500 kg, contre 2 m à l’épaule et 800 kg pour le Chameau de Bactriane, Camelus bactrianus. Les longues épines neurales de ses vertèbres suggèrent qu’il avait une réserve de graisse sur le dos, comme ses cousins actuels.
D’abord exclusifs à l’Amérique du Nord, les Camélidés ont voyagé alors que le continent sortait de son isolement grâce à la valse des plaques tectoniques. Lors de la formation de l’isthme de Panama, certaines espèces descendent vers l’Amérique du Sud et donnent les actuels Guanaco et Vigogne. Enfin lors des 3 derniers millions d’années, les glaciations permettent la formation du “Pont continental de Béring” entre la Sibérie et l’Alaska. Les Chameaux profitent de ce territoire sorti des eaux pour conquérir l’Asie, faisant le chemin inverse de celui des Mammouths.
Certaines des espèces, aujourd’hui disparues, ont décidé de descendre dans le sud de l’Amérique plutôt que de traverser la mer de glace. Leurs descendants que nous pouvons rencontrer aujourd’hui, ne sont ni Chameaux, ni Dromadaires, mais des Lamas et Alpagas.
Être sobre comme un Chameau !!!
Les Chameaux ont l’incroyable capacité de survivre dans des conditions extrêmes, lors des grands froids ou des fortes chaleurs. Sous le soleil brûlant, ils sont capables d’ingurgiter jusqu’à 130 L d’eau en 10 min. Ils peuvent survivre sans boire jusqu’à 50 jours l’hiver et entre 5 et 10 jours l’été. Ils peuvent se déshydrater et perdre jusqu’à 40% de leur eau sans subir le moindre trouble physique. À l’inverse, leurs globules rouges peuvent encaisser une arrivée d’eau massive sans éclater, tout leur corps est adapté aux changements brutaux.
Leurs bosses ne contiennent pas d’eau, elles sont pleines de graisse, jusqu’à 23 kg. Elles servent de stock d’énergie lors des pénuries de nourritures et d’eau. En activant son métabolisme, en cassant les molécules de gras pour produire de l’énergie, le Chameau de Bactriane fabrique de l’eau, on parle d’eau métabolique.
La domestication du Chameau
Dans les grands froids des montagnes, le Chameau revêt sa toison de laine épaisse afin de survivre à des températures descendant jusqu’à -25°C.
Ainsi, il fournit pendant cette période hivernale, beaucoup de laine à l’Être humain qui en profite pour créer des vêtements épais contre le froid. La toison n’est pas la seule utilisation dérivée du Chameau. Les humains domestiquent l’animal pour son lait, sa viande et le transport de charges lourdes. Pas très rapide, il va à l’amble, il avance les 2 pattes du même côté du corps en même temps. Obstiné, il est tout de même capable de porter jusqu’à 250 kg sur 40 km à la journée, ce qui fait de lui un moyen de locomotion idéal dans les zones désertiques. Les fèces du Chameau, riches en cellulose et pauvre en eau (sobriété encore et toujours), sont utilisées comme combustible et dans la fabrication du papier. Ce géant bossu reste exploité le plus souvent pour sa laine.
En Turquie, il existe le Chameau de lutte, en réalité un Turkoman, hybride entre une mère Dromadaire et un père Chameau de Bactriane. Plus grandes que leurs parents d’origine, ces bêtes de scène sont chouchoutées et décorées par leur maître. Selon la tradition, les combats se déroulent durant la période de rut, en plein hiver. Les deux mâles sont séparés lorsque cela devient trop violent afin d’éviter les blessures. Certaines associations pour la défense des animaux, comme l’HAYTAP, déclarent que c’est un acte de cruauté. De plus, “la séparation avant blessure” n’est pas toujours respectée, pouvant aboutir à ce que l’animal crache du sang. Elles demandent donc l’interdiction des combats. Cela soulève des questions quant aux droits et au bien-être des animaux, tout comme le cirque ou la corrida en France. Et pourtant, l’article 4 de la Déclaration des droits des animaux explique clairement que “Tout acte de cruauté est prohibé. Tout acte infligeant à un animal sans nécessité douleur, souffrance ou angoisse est prohibé.”
Aujourd’hui, la grande majorité des Chameaux sont des animaux domestiques. Toutefois, quelques milliers d’individus sont toujours restés sauvages en Chine et en Mongolie. Certains scientifiques considèrent par exemple le Chameau sauvage de Tartarie comme une espèce à part du Chameau de Bactriane. Pour d’autres, il s’agit d’une sous-espèce. Histoire de complexifier la chose, il arrive que des Chameaux domestiques retournent à la vie sauvage.
Une vie en harem pour le Chameau
Les Chameaux vivent en troupeau pouvant aller jusqu’à 30 individus à l’état sauvage, comprenant un mâle dominant, des femelles et la progéniture du troupeau. Il existe tout de même des individus solitaires. En période de reproduction, plusieurs troupeaux se retrouvent avec plusieurs centaines de têtes. En plein rut, les mâles font parler la testostérone, ils deviennent violents et dangereux pour les Humains comme pour les autres animaux. Les mâles poussent des cris, bavent et exhibent un sac de peau de leur palais afin d’impressionner leurs concurrents. Si cela ne suffit pas, les combats entre mâles peuvent être extrêmement violents, allant jusqu’à la mort par morsure.
Une chamelle porte son petit entre 12 et 14 mois, un seul bébé est conçu, les jumeaux arrivant rarement à terme. Dans la plupart des cas, la Chamelle est une bonne mère, mais il arrive que celle-ci ne reconnaisse pas son petit et donc refuse de lui donner son lait. Il se peut aussi qu’une Chamelle décède en mettant bas, il peut donc être nécessaire de faire adopter le Chamelon par une autre femelle ayant perdu son petit. Plusieurs méthodes sont utilisées, le but étant de créer une émotion hormonale pour la mère. Certaines techniques sont très poétiques, telles qu’en Asie centrale où les éleveurs jouent du violon à la jeune mère (technique très popularisé par le film L’histoire de la chamelle qui pleure réalisé en Mongolie).
Les chameliers peuvent placer la peau du petit mort-né sur un orphelin ou encore, simuler une attaque par des cris en déposant un bandeau sur les yeux de la chamelle et en accrochant le petit à celle-ci par une corde. Au moment du retrait du bandeau, la chamelle voit le petit derrière et déclenche un instinct de protection qui se termine par l’acceptation du petit. Une autre technique peut être plus barbare et utilisée en dernier recours la plupart du temps, par la fermeture de l’anus de l’animal avec un pique. Quelques heures après, le pique est enlevé, le petit est caché derrière la femelle (il ne faut pas qu’elle le voit), et la sensation de libération de ses fèces après plusieurs heures est équivalente à la mise bas. Les éleveurs montrent ensuite le petit à la mère qui finit par l’accepter.
La star de cet article n’est pas le seul Chameau dans le monde. Nous en trouvons en France à l’état sauvage sous la forme d’un papillon de nuit. Son nom Chameau, Notodonta dromedarius, vient de sa chenille qui possède plusieurs bosses sur son dos.
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Pour écouter l’épisode de nomen sur le Chameau :
- S04E09 : Les Chameaux blatèrent, la caravane passe
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Bibliographie :
- Reconstruire l’arbre phylogénétique du chameau | Yukon Beringia Interpretive Centre
- Lait et urine de chamelle : les vertus médicinales à l’aune de la science (cirad.fr)
- DDA_poster_A2.pdf
- Animal Rights Activists Urge Banning of Camel Fights
- HAYTAP – Hayvan Hakları Federasyonu
- Camelus bactrianus (chameau de Bactriane)
- Dromadaire ou Chameau – La Camelerie