Après beaucoup de fausses bonnes idées, de timides solutions sont en train de voir le jour. Tour du monde des possibilités. Cet article est un résumé du livre de Nelly Pons, Océan Plastique, invitée de BSG.
Le plastique, création humaine quasi indestructible, serait un des grands marqueurs de l’anthropocène (capitalocène, dérégulocène…) une nouvelle ère géologique induite par nos activités. À tel point qu’après l’âge du cuivre, celui du bronze puis du fer, nous serions entré dans l’âge du plastique.
Les consciences s’éveillent autour du problème qu’il représente. La preuve, les innovations pour le collecter se multiplient. On peut citer parmi elles :
- Ocean Cleanup de Boyan Slat, le dispositif qui capture les déchets à grande échelle dans les océans;
- Le Manta par The Sea Cleaners, un bateau qui fabrique son propre carburant à base de déchets plastiques;
- Sea Bin, la poubelle des ports qui aspire les déchets flottants;
- Jellyfish bot, le robot-méduse qui va capturer déchets et hydrocarbures dans les zones inaccessibles à l’homme.
Des technologies nées des meilleures intentions. Seul problème, comme l’explique Nelly dans BSG http://bit.ly/ocean_plastique_BSG, ses initiatives ne résolvent pas le problème des déchets plastiques.
Ces dispositifs ne capturent que les macroplastiques : ceux qu’on voit à l’œil nu. Pourtant, ces derniers ne représentent qu’1 % des déchets. L’immense majorité, soit 99% d’entre eux, sont fragmentés en microparticules.
De plus, ces opérations de collecte sont coûteuses et parfois dangereuses pour la vie marine. En effet, comment peut-on récolter du plastique sans récolter sans récolter du plancton, des poissons, et toute la vie à proximité ? De plus, il faudrait les répéter presque tous les jours pour qu’elles aient un effet significatif.
Il est donc infiniment plus pertinent de couper le mal à sa racine et de parvenir à maîtriser le problème en amont: avant que le plastique ne devienne déchet.
Mais les circuits de décisions politique, l’habitude, le confort et le fatalisme font que les choses avancent lentement.
Et le recyclage, dans tout ça ?
À ce jour, le PET est le type de plastique le mieux recyclé. Pourtant, à titre d’exemple, une bouteille a seulement une chance sur 10 de redevenir bouteille, la plupart du temps, elle sera recyclée en sous produit (dont l’utilité et le volume de production sont souvent à questionner). Ce qui signifie que de nouvelles bouteilles sont sans arrêt fabriquées avec du nouveau plastique. (Ce qui est plus rentable que le recyclage, pour les entreprises).
Seul 2% de tout le plastique produit est recyclable. Et lorsqu’on recycle, on utilise que 30% de plastique recyclé car le reste se dégrade dans le processus. En fait, on pratique plus souvent du décyclage (appelé “recyclage” à tort) : on transforme un produit en un autre : comme une bouteille en polaire. Ce qui pose évidemment des questions de coûts d’énergie et de matières premières associées, et de surconsommation.
Brune Poirson, ministre de la transition écologique et solidaire a annoncé un objectif de 100% de recyclage des plastiques en France d’ici 2025. Aujourd’hui, nous sommes le plus mauvais élève de l’Europe en la matière, avec un score de 22%.
L’interdiction des plastiques à usage unique, quant à elle, est prévue pour 2040. Une date qui semble bien lointaine au vu de l’enjeu écologique engagé comparé au peu d’utilité réelle que représente le plastique pour les consommateurs dans bien des cas.
Si en matière de pollution plastique, l’Asie est souvent incriminée, d’après WWF : 90/95% des sièges sociaux des entreprises productrices sont en Europe. D’où la nécessité de prendre ses responsabilités.
L’urgence serait de ne plus créer le plastique de toutes pièces ou presque, mais aller chercher des déchets à réutiliser pour le fabriquer (les résidus industriels non exploités).
Créer une nouvelle matière pour remplacer le plastique peut être une possibilité, mais il faut qu’elle respecte un cahier des charges très strict. Ce sur quoi les enjeux financiers engagés laissent septique.
La question du bio plastique (quand il est biosourcé, biodégradable ou les deux), par exemple, est plus complexe qu’elle n’y paraît. Nathalie Gontard chercheuse à l’INRAE, a étudié le sujet. Même si la source de la matière est biologique, une fois qu’on a fait sa transformation chimique, la plupart du temps, cette dernière ne se dégrade pas dans l’environnement. Les sacs dits “compostables”, par exemple, le sont souvent dans des conditions industrielles uniquement. “Okcompost home” est à ce jour le seul label qui atteste d’une biodégradabilité.
Il semblerait donc plus pertinent de couper le mal à sa racine et de parvenir à maîtriser complètement la production, la récupération et le recyclage du plastique, malgré les difficultés que cela représente.
Le citoyen, quant à lui, peut agir à son niveau s’il en ressent le besoin. L’action la plus utile reste d’éviter la surconsommation, en achetant plus selon ses besoins que selon ses envies. Dans bien des cas, la seconde main évite les emballages, et allège les dépenses. Il est aussi possible de faire ses courses avec ses propres contenants, lorsqu’on fait les marchés, les boutiques vracs, ou même souvent sur demande quand on achète auprès des commerçants.
Pour aller plus loin:
https://bit.ly/oceanplastiq4_BSG
https://bit.ly/oceanplastiq3_BSG
https://bit.ly/oceanplastiq2_BSG
https://bit.ly/oceanplastiq1_BSG
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