Photo: ©Flockine
La moitié de la production du plastique, des emballages, termine à la poubelle quelques minutes après l’achat. Près de 350 millions de tonnes de plastique sont produites à travers le monde chaque année. 12 tonnes sont produites chaque seconde sur Terre. Cet article résume les principaux points du livre de Nelly Pons, Océan Plastique, invitée de BSG.
On doit sa première version officielle à l’américain John Wesley Hyatt. En 1863, le chimiste alors âgé de 26 ans décide de répondre à une annonce dans le New York Times : Un fabricant de boules de billard promet 10 000 dollars à qui parviendra à créer un matériau de substitution à l’ivoire, alors massivement utilisé pour la fabrication du jeu.
Il s’agit à la fois d’anticiper le risque d’extinction des éléphants, et de trouver une solution de remplacement à l’ivoire devenu de plus en plus rare et cher.
Seulement voilà, les joueurs sont exigeants: le jeu est déjà largement entré dans la tradition et il a ses singularités. Il faut une matière incassable et capable de reproduire un son proche de celui des boules en ivoire qui s’entrechoquent.
John Hyatt y parvient six ans plus tard. Grâce à un mélange de nitrate de cellulose et de camphre, il crée le celluloïd.
Le matériau sera largement utilisé, notamment pour remplacer l’ébène et l’écaille de tortue. Il se substituera par ailleurs au verre qui, jusque-là, permettait la fabrication des pellicules de photographie et de cinéma. Ce changement permettra de faire prendre au 7ème art toute son ampleur en allégeant ces supports, les rendant ainsi plus aisément transportables et diffusables.
Aujourd’hui, le plastique est multiple. Ces nombreux avatars sont des polymères issus de la pétrochimie.
Des abysses au sommet de l’Everest, le plastique est partout
Aujourd’hui, le plastique est le matériau le plus produit sur terre après le ciment et l’acier (12 tonnes par seconde dans le monde). Sa production a presque doublé ces 13 dernières années. Si rien ne change, en 2050 il y en aura 3 fois plus.
La moitié du plastique produit est destinée à un usage unique (emballages et produits jetables). Son espérance de vie est de plusieurs centaines d’années.
En des marges de macroplastiques (bouteilles, masques, emballages, filets…), ce sont surtout des particules peu ou pas visibles qui polluent l’environnement. Bien qu’on n’en parle jamais, une source énorme de pollution provient des lessives de nos vêtements synthétiques, qui rejettent beaucoup de microparticules à chaque rinçage. Une eau qui rejoint les rivières puis la mer, non filtrée dans les stations d’épuration.
Afin de mieux comprendre l’ampleur du problème, on a mené des études consistant à prélever des micro organismes partout dans le monde et à les analyser. Le chercheur Alan Jamieson en a retrouvé la trace dans la fosse des Mariannes, qui équivaut au point le plus profond de l’océan (11 000m). En effet, le scientifique y a découvert une nouvelle espèce d’amphipodes aussitôt baptisée Eurythenes Plasticus, en allusion au PET dont elle était imprégnée. Globalement, les résultats de cette étude ont atterré les chercheurs, qui ont retrouvé du plastique dans 100% des organismes prélevés dans tous les endroits du globe.
On répertorie 5 grandes zones de concentration de plastique dans l’océan. Ce qui est connu comme le “7ème continent”, est en fait une accumulation de micro et nano particules de plastique. Cette énorme masse n’est presque pas visible en surface. Les pêcheurs la constatent en lançant leurs filets, qui s’emplissent alors de morceaux de plastique.
Les animaux marins sont les premiers touchés de l’omniprésence du plastique dans leur milieu. Mais nous en ingérons à notre tour lorsque nous mangeons ces derniers. D’ailleurs, les nano-particules pénètrent les parois organiques. Ainsi, on retrouve aussi du plastique dans le cerveau et le placenta, par exemple.
Quelles conséquences sur nos organismes?
À ce jour, les études sur l’impact du plastique sur les organismes vivants sont toujours en cours, et les conséquences de son omniprésence ne sont pas encore démontrées.
À cause de la complexité du fonctionnement des contaminations, on ne sait pas si ces dernières sont véhiculées par nos autres formes de pollution ou par le plastique. On sait en tous cas qu’il sert de support pour nombre d’organismes qui viennent s’y agglomérer. Il stocke les PCB et d’autres particules toxiques qu’il croise dans l’environnement puis les relargue dans les organismes qui l’ingèrent.
On commence à cerner le problème que représentent certains des additifs qui le composent. Ces derniers représentent 7 à 80% du poids des plastiques mais ne sont pas structurellement attachés à lui. C’est ainsi que les phtalates par exemple son retrouvés dans la peau des cétacés
Les perturbateurs endocriniens font maintenant l’unanimité quant à leur caractère toxique et. Un signalement de leur présence par les industriels est désormais obligatoire dans la composition des cosmétiques, en France.
Pour aller plus loin:
https://bit.ly/oceanplastiq4_BSG
https://bit.ly/oceanplastiq3_BSG
https://bit.ly/oceanplastiq2_BSG
https://bit.ly/oceanplastiq1_BSG
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