Devinette : j’abrite la grande majorité de la biodiversité terrestre, je suis l’usine de recyclage de la matière, source et support de l’alimentation. J’ai un rôle énorme dans l’effet de serre et la captation de carbone, qui suis-je ?
– Le sol.
Un gramme de sol héberge plus d’un milliard de bactéries, de plusieurs milliers d’espèces différentes. Il compte aussi 1 à 100 000 espèces de champignons…
Avec 50% de la biomasse vivante, 23% des espèces connues et 75% de la matière organique, le sol est de loin le principal écosystème terrestre : ce que nous voyons en surface n’en est qu’un minuscule reflet.
La vie crée le sol : elle dégrade la matière organique pour en recycler les éléments ; elle attaque la roche pour libérer la fertilité ; elle exploite l’atmosphère dont l’azote gazeux est notamment transformé par des bactéries en azote assimilable. La vie brasse le sol, entre mouvements animaux et remontées d’éléments prélevés en profondeur par les plantes.
Les sols font le monde. Leur fertilité emportée par les eaux fertilise les océans, expliquant pourquoi les eaux proches des continents sont les plus productives (même la biodiversité marine doit beaucoup aux sols !).
Une solution inexploitée pour séquestrer l’excès de carbone
Une solution simple contre l’effet de serre est d’enfouir nos déchets organiques dans les sols. Augmenter de 0,4 % par an la teneur en matière organique dans les sols stockerait l’équivalent de nos émissions annuelles de CO2 ! Il faudrait aussi limiter le dégel du pergélisol.
Nos sociétés occidentales / modernes n’ont pas compris cela. L’équivalent d’un département est artificialisé tous les 7 à 10 ans en France. Cela correspond à 300 km² par an, trois fois la superficie de la ville de Paris.
Par ailleurs, la salinisation menace 30% des sols agricoles, car l’irrigation apporte des sels qui s’accumulent, et finissent par tuer les sols.
Le labour ramène la fertilité en surface, aère le sol et désherbe nos champs mais sur le long terme, cette pratique récurrente et profonde est dommageable.
Les sols : un patrimoine à protéger
Il faut 100 à mille ans pour faire un sol… Nous réalisons donc mal qu’ils sont eux-aussi un patrimoine qu’on ne peut remplacer et qu’il faut protéger. Nous héritons les sols de nos ancêtres et nous les devons à nos enfants.
Pour en savoir plus, comprendre la richesse et la vie des sols, les dangers qui els menacent, au delà de ce modeste article, nous vous recommandons l’écoute de nos émissions avec Marc-André Sélosse.
Marc-André est biologiste, spécialisé dans les symbioses (associations mutuellement bénéfiques) entre plantes, microbes et champignons. Il est aussi professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN). Il enseigne dans plusieurs universités en France et à l’étranger.
Marc-André est un habitué des plateaux télé et radio, ancien chroniqueur de l’émission la Terre au Carré… et un auteur prolifique. Il est l’auteur de “L’Origine du Monde, une histoire naturelle du sol, à l’intention de ceux qui le piétinent”, Acte Sud 2021).
Pour écouter les épisodes :
- https://bit.ly/sol1_vulgariser_BSG
- https://bit.ly/sol2_biodiv_BSG
- https://bit.ly/sol3_interact_BSG
- https://bit.ly/sol4_miseres_BSG
_______