Photo : Alexas_Fotos
L’If commun (Taxus baccata), ce conifère anciennement présent dans de nombreuses forêts a été très utilisé pour la fabrication d’arcs, d’instruments, etc. Voyons ensemble pourquoi les forêts d’If ont progressivement été chassées des zones agricoles.
Vous connaissez tous les petits fruits rouges de l’If. Et il y a de grandes chances qu’on vous ai averti qu’ils étaient toxiques. En Europe, il n’existe plus de forêts d’Ifs, mais auparavant, ces forêts étaient denses notamment dans l’Ouest de la France. A cela deux explications : sa surexploitation et sa toxicité.
En effet, toutes les parties de l’arbre sont toxiques (hormis la partie charnue du fruit). Les principales victimes sont les animaux domestiques, le bétail et les chevaux notamment. La graine toxique, elle, n’est pas digérée par les oiseaux, qui la rejettent dans leurs fientes. Mais cette graine est souvent mortelle pour les mammifères, s’ils la mâchent.
Les gaines rejetées dans les fientes des oiseaux contribuent à la dispersion de l’espèce. Ce mode de dissémination s’appelle la zoochorie, qui prend deux formes. L’endozoochorie lorsque le fruit est ingéré et l’épizoochorie lorsqu’il s’accroche à la fourrure ou aux plumes d’un animal, comme dans le cas de la bardane.
Ces modes de dispersion, qui finissent tous en -chorie, comme l’anémochorie (dispersion par le vent, la plus courante) sont évoqués l’épisode avec Frédéric Madre de Topager).
Le bois aux mille utilisations
L’If est une espèce dioïque: les fleurs mâles et les fleurs femelles se trouvent sur des pieds séparés. Les pieds de Monsieur donnent un pollen jaune que le moindre choc transforme en un nuage de couleur souffre. Les fleurs vertes des pieds femelles forment des fruits rouge vif : les arilles. Jadis, nos aïeux en faisaient de la confiture, puisque la chair du fruit n’est pas toxique contrairement à la graine.
Le bois d’If était par ailleurs très prisé pour fabriquer des arcs et des arbalètes chez les Grecs, les Gaulois et dans toute l’Europe médiévale. Le bois d’If possède des qualités essentielles pour un arc, il est stable dans le temps, robuste, souple et imputrescible.
Cette même imputrescibilité a d’ailleurs permis de découvrir dans l’Essex, un arc de 100 000 ans. Lors de la guerre de Cent Ans, les archers gallois et anglais sont restés célèbres grâce au maniement exceptionnel de leurs longbows en If (yew).
Par ailleurs, le bois d’If, d’une teinte orangée-rougeâtre, a aussi été très utilisé en lutherie pour la réalisation des instruments dont les luths et les violes. Mais c’est aussi très utilisé en ébénisterie et en marqueterie.
L’If, un conifère symbolique
l’If est certes connu pour sa toxicité et sa résistance, mais il était par ailleurs vénéré, à l’instar du gui, par les Gaulois, notamment par les Druides. La décoction des graines et des feuilles donnait un redoutable poison de flèche ce qui aurait donné son nom latin taxus, dérivé du grec toxon et signifierait “flèche empoisonnée”. La flèche et le poison seraient si intimement liés qu’il a fallu attendre le 1er siècle après J.-C. pour que la racine –tox soit réservée au poison (racine que l’on retrouve dans le mot “toxique” par exemple).
Contrairement à d’autres plantes, l’If apparaît peu voire pas dans la littérature du fait de son lien étroit avec la mort. Très fréquent dans les cimetières, l’If est selon une croyance ancienne associé à l’immortalité du fait de sa longévité et de son caractère sempervirent (toujours vert, comme beaucoup ,de conifères).
Il est de taille modeste (10 m), croît très lentement et peut vivre 2000 ans, ce qui achève de le rendre immortel dans l’inconscient collectif.
Pour aller plus loin :
- Vous pouvez retrouver les épisodes sur les arbres avec Ernst Zürcher sur Baleine sous gravillon.
- Vous pouvez retrouver ici l’article sur les 10 plus grands arbres au monde.
- Et ici, retrouvez l’épisode sur l’If.