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Plus nous étudions les écosystèmes marins, plus le rôle du requin apparaît comme fondamental dans ce qu’on appelle la « pompe biologique océanique ».

Ce terme regroupe tous les mécanismes qui font que les organismes marins transforment du CO2 atmosphérique en matière organique, puis en formes stables du carbone, séquestrées dans les océans.

Plus on a de vie marine, plus cette « pompe » est puissante et efficace. On estime qu’environ 2% de toute la matière organique produite chaque année par les organismes marins finit par sédimenter sous des formes inertes pour le climat . C’est expliqué en détail dans le livre « Géomimétisme, réguler le changement climatique grâce à la nature » de Pierre Gilbert, invité de Combats.

Le rôle climatique des poissons

Les poissons osseux – 90% des espèces – jouent un rôle clé. Pour s’hydrater, ils boivent de l’eau de mer. Comme elle est très riche en minéraux (sodium, calcium, magnésium, etc.), les reins des poissons doivent beaucoup travailler pour filtrer efficacement ces éléments. Ils expulsent donc une grande quantité de sel et, surtout, fabriquent des carbonates de calcium avec le CO2 dissous. Ces carbonates sont agglomérés dans leurs organes sous forme de boulettes.

Une fois expulsées, ces dernières coulent vers les profondeurs. C’est une partie de la fameuse et si poétique “neige” marine. On estime que les poissons contribuent ainsi à hauteur de 3 à 15% du total de la production de carbonates.

Conclusion et bilan net : Plus il y a de poissons, plus il y a de carbone qui est rendu inerte.

Les requins, gardiens de la pompe

Les requins – poissons cartilagineux (le groupe frère des poisson osseux – jouent un rôle prépondérant dans le maintien et l’élargissement des populations de poissons, ce qui peut sembler paradoxal.

Ils s’attaquent essentiellement aux poissons malades ou affaiblis, car chasser des individus en pleine forme est trop coûteux en énergie. Ainsi, ils empêchent la propagation des maladies au reste des bancs de poissons. Ils sont en quelque sorte le système immunitaire des océans.

Les requins régulent notamment les poissons qui se nourrissent du corail, ce qui rend le récif plus résistant aux épisodes de blanchissement et aux cyclones. Leur simple présence stresse les poissons qui se déplacent alors davantage et « attaquent » les coraux de manière plus superficielle et moins dommageable.

La bonne santé des récifs coralliens, véritables pouponnières à poissons, est ainsi directement corrélée au nombre de requins. Ce qui a d’ailleurs été démontré en Polynésie française.

Or, environ 100 millions de requins sont massacrés chaque année. La plupart sont relâchés agonisants à la mer après prélèvement des ailerons (5% de leur poids). Les populations de squales connus ont diminué de 80 à 99% depuis les débuts de la pêche industrielle, au milieu du XXe siècle. Au moins 30 des quelque 540 espèces répertoriées sont au bord de l’extinction. 98% des requins-marteaux de l’Atlantique nord-ouest ont par exemple disparu.

Plus d’infos sur la pompe à carbone biologique océanique dans l’ouvrage « Géomimétisme. Réguler le changement climatique grâce à la nature » de Pierre Gilbert, éditions Les Petits Matins, réédition 2022

Retrouver toute la saga Requins en podcast :

https://bit.ly/requins1_prez_evo_BSG

https://bit.ly/requins2_7diffs_os-ca_BSG

https://bit.ly/requins3_8ordres_BSG

https://bit.ly/requins4_3nages_dodo_BSG

https://bit.ly/requins5_7sens_BSG

https://bit.ly/requins6_repro_4instcts_BSG

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https://bit.ly/requins11_12attitudes_BSG

https://bit.ly/requins12_signes_BSG