Skip to main content

Photo: Ben Clarke

Pendant 50 ans, le Chien chanteur de Nouvelle-Guinée a été considéré comme éteint à l’état sauvage. il a été “retrouvé” en 2018 seulement. Ce canidé, bien qu’encore mal connu, est unique à bien des égards : reproduction, morphologie, comportement…

Tout ce qu’on sait aujourd’hui sur le Chien chanteur de Nouvelle-Guinée nous vient de 8 individus capturés dans les années 1950 et 1970. On ne sait donc pas grand chose de leur mode de vie. Les scientifiques ont principalement des suppositions.

Aussi appelé Dingo de Nouvelle-Guinée, ce petit chien d’une dizaine de kilos est, à l’instar de son homologue australien, un Chien retourné à l’état sauvage. Il n’aurait jamais vraiment été complètement domestiqué.

Chien chanteur de Nouvelle-Guinée en train de marcher dans l'herbe, de profil
– par cyclewidow

Une hypothèse suggère que le Dingo serait un descendant du Chien chanteur. En effet, les restes les plus anciens de Chien chanteurs sont plus vieux de 2.000 ans que ceux de ses cousins australiens. D’après les données génétiques, le Chien chanteur se serait isolé des Chiens domestiques depuis 4.600 à 10.800 ans !

Certains scientifiques le considèrent comme étant un type de Dingo. D’autres experts pensent que c’est une sous-espèce du Loup gris, et le nomment dans ce cas Canis lupus hallstromi. D’autres enfin le considèrent comme une espèce à part entière. Son nom scientifique serait dans cette hypothèse Canis hallstromi.

D’un caractère timide, il vit en haute altitude dans les montagnes centrales de l’île de Nouvelle-Guinée. 

D’après les données ethnographiques, certains chasseurs locaux ont apprivoisé des Chiens chanteurs. Ils traitaient avec honneur les individus les plus appréciés ou méritants lors de leur mort.

La chienne peut être féconde deux fois par saison !

Certains éléments de la biologie du Chien chanteur de Nouvelle-Guinée sont classiques parmi les canidés: gestation d’une soixantaine de jours, portées de 4 à 6 petits, espérance de vie de 15/20 ans. On peut citer aussi le fait que les deux parents participent au soin des petits. Cependant, il est unique à quelques égards. 

Chien chanteur de Nouvelle-Guinée, de profil, en train de chanter
Chien chanteur de Nouvelle-Guinée en train de chanter – par R.G. Daniels

Premièrement, comme le Dingo et le Loup, il ne se reproduit qu’une fois par an, en août/septembre, contrairement au Chien domestique, qui peut se reproduire toute l’année. Cependant, fait unique chez les canidés: la chienne, si elle n’est pas fécondée, redevient féconde après 10 semaines, et n’a donc pas besoin d’attendre l’année suivante pour être fertile !

D’un point de vue comportemental, les Chiens chanteurs, lors du jeu ou d’une agression ont une forte tendance à viser… les parties génitales.

Concernant les vocalisations, le Chien chanteur tient son nom du hurlement qu’il produit, qui ressemble à celui du Loup, mais avec des variations proches… des chants de Baleine! Chaque individu a un hurlement qui lui est unique. Certaines de leurs vocalisations ressemblent à des cris d’oiseaux.

Le Chien chanteur de Nouvelle-Guinée vit dans les forêts de haute montagne

On suppose que les Chiens chanteurs de Nouvelle-Guinée vivent en petits groupes familiaux de 3 à 5 individus, avec des règles sociales et un dominant. Ils chassent probablement seuls, mais défendent un territoire en couple.

Ils mangent des petits mammifères, des petits reptiles et des oiseaux. On a observé des Chiens chanteurs en train de voler leur nourriture à des Harpies de Nouvelle-Guinée (Harpyopsis novaeguineae), un rapace. Des Chiens chanteurs se positionnent parfois sous des arbres pour y manger les fruits. Ils peuvent aussi y tendre des embuscades.

Le Chien chanteur de Nouvelle-Guinée est particulièrement adapté à un environnement escarpé et dense. Il a ainsi des articulations et une colonne vertébrale très souples, lui permettant de grimper et de sauter comme un Chat. Le Chien chanteur a aussi un cou très flexible, comme le Dingo, ce qui lui permet de regarder à la verticale dans les arbres.

Il est le prédateur apex de l’île depuis la disparition du Thylacine (Thylacinus cynocephalus), surnommé le “Loup marsupial”. Contrairement au cas du Dingo, aucune espèce n’aurait disparue à cause du Chien chanteur.

On estime que ses populations sont vulnérables à cause de la perte d’habitats, même si on ne connaît pas leurs effectifs. L’hybridation avec le Chien domestique est pour lui une menace, quoique dans une bien moindre mesure que pour le Dingo. Aujourd’hui, il y a 300 individus en captivité, qu’on élève dans un but de préservation.

Des mythes locaux racontent que les Chiens sauvages ont apporté le feu ou le langage aux Hommes. Ils sont parfois vus comme des réincarnations des ancêtres Humains. Ils bénéficient à cet égard d’un petit supplément de respect par rapport aux autres espèces.

Pour aller plus loin:

• Le livre “Canidés du monde” , de José R. Castello, éditions Delachaux Niestlé, 2020
• L’article de Koler-Matznick et al., 2007 sur le statut scientifique du Chien chanteur de Nouvelle-Guinée (pdf en anglais)
• L’article de Surbakti et al., 2020 sur la redécouverte du Chien chanteur de Nouvelle-Guinée (en anglais)

Laissez un commentaire