Photo : Illuvis
Les Grues partagent un étonnant point commun avec une plante de nos balcons : le Géranium. Le nom “grue” vient du grec geranos qui a aussi forgé le substantif géranium. Quel est le point commun entre les grues et les géranium ?
Comme les Cigognes, les Grues sont caractérisées par un long bec conique. Le fruit du Géranium a peu ou prou la même forme. Ce détail n’a pas échappé à nos amis grecs. Ils ont donc baptisé la plante geranion, diminutif de geranos.
Mais les Grues ne sont pas les seuls oiseaux à avoir inspiré des noms de plantes. En effet, les Cigognes (dont nous vous avons parlé dans cet épisode de Nomen avec Pierre Avenas) sont à l’origine du nom pélargonium qui désigne une plante ornementale : pélargos signifie Cigogne en grec.
Le Pélargonium produit, à l’instar du géranium, un fruit allongé en forme de bec, mais cette fois-ci, de cigogne. Pas étonnant quand on sait que ces deux plantes font toutes deux parties de la même famille, celle des Geraniaceae.
De l’oiseau aux grues de chantier et au pedigree
Avez-vous déjà vu les Grues, comme d’autres échassiers, en équilibre sur une seule patte ? C’est ce fait tout simple qui a inspiré ceux qui ont baptisé les premières grues de chantier. Ce double sens du même mot n’est pas forcément repris dans les autres langues. Les anglo-saxons ont eux-aussi choisi de nommer les deux de la même manière : crane, de même pour le hongrois darui.
En revanche, d’autres langues comme l’allemand et l’espagnol ont choisi de distinguer les deux, avec respectivement Kranich (l’oiseau) / Kran (l’engin de levage) en allemand et grulla (l’oiseau) / grú (engin de levage) en espagnol.
Les Grues, comme d’autres oiseaux, se tiennent parfois sur une seule patte. Plusieurs raison expliquent cette habitude. En effet, cette position pourrait diminuer la fatigue musculaire et aussi permettre de réguler la température. Certains avancent que cette position camoufle l’oiseau et diminue le risque d’attaque par les prédateurs.
Parmi les noms connus qui dérivent du nom de la grue, il y a aussi “pedigree”. Le pié de grue (en ancien français) dessine des traits typiques, les subdivisions des arbres généalogiques.
Outre Manche, le terme “pié de grue” s’est transformé en pedigree. Par la suite, il revenu sous cette forme en français, déguisé en anglais. Beaucoup de mots français ont connu ce chassé-croisé, comme la “bougette” du Moyen-Âge (porte-monnaie qui bringuebalait, qui bougeait à la ceinture). Bougette est devenu budget en anglais, qui est revenu des siècles plus tard avec le; sens différent de somme d’argent alloué à un projet. Pour davantage d’exemples, rendez-vous sur l’article sur le balbuzard.
En parlant de pied de grue…
Nous venons de voir que les grues stationnent volontiers sur une seule patte. même pour dormir. Ces habitudes particulières ont inspiré une expression bien française : “Faire le pied de grue”.
Au départ, cette expression signifiait “attendre longtemps”. Mais comme souvent, le sens a dérivé … Il a fini par désigner les prostituées adossées au mur, un pied au sol et l’autre appuyé contre le mur.
Vous ne vous adosserez plus jamais à un mur sans y repenser 🙂
Pour aller plus loin :
- Pierre Avenas & Henriette Walter, La mystérieuse histoire du nom des oiseaux, Robert Laffont, 2007
- Retrouvez ici tous les épisodes sur les plantes injustement mal aimés :