Pendant longtemps, de possibles cultures, traditions et dialectes au sein du règne animal furent rejetés par les scientifiques. Motif : crime de lèse-humanité. À l’époque, on estimait que ces concepts étaient l’apanage des seuls humains. Or, depuis, la science a ébranlé ces croyances. Elle a mis en lumière jusqu’à des émotions chez les animaux. Aujourd’hui, une nouvelle discipline est née, à la croisée de la zoologie et du langage des signes. Cette science s’appelle la « zoosémiotique ». Elle étudie les animaux en tant qu’acteurs de la science des langages.
Les connaissances en matière d’intelligences animales ne cessent de progresser. On sait désormais que les animaux sont non seulement des êtres sensibles, mais aussi “sentients”. Autrement dit, ils sont conscients de leur environnement, de certaines actions et de leurs conséquences.
Ils sont capables d’éprouver des émotions et d’articuler des pensées subjectives. En gros, ce ne sont pas que des machines qui traversent la vie uniquement par une série de réflexes mécaniques. Ils ont aussi une vie mentale, des états d’âmes, qui finissent par construire une biographie propre à chaque individu.
De l’animal à l’Homme, il n’y a qu’un pas
Dès les années 1830, Charles Darwin ébauchait sa fameuse théorie de l’évolution, persuadé que les espèces animales, végétales et même bactériennes sont en éternelle adaptation.
En outre, à la suite de patientes observations lors de ses voyages, Darwin dévoilait déjà les extraordinaires aptitudes mentales des mammifères, les assimilant même parfois, prudemment vu le contexte et l’époque, à celles… des Hommes !
D’ailleurs, on dit parfois de certains animaux, dont les singes – avec lesquels nous partageons près de 98% de notre patrimoine génétique – qu’il ne leur manque que la parole.
Mais les grands singes ne sont pas privés de langage pour autant ! Il ont des postures, des gestes et des cris pour se faire comprendre de leurs congénères, comme beaucoup d’animaux.
Autant d’expressions de signes, de comportements, de traces et d’odeurs que la zoosémiotique cherche à décortiquer.
Décrypter le langage ancestral des cétacés
Le langage des mammifères aquatiques passionne notamment les cétologues qui cherchent à le décoder pour mieux comprendre la manière dont interagissent les individus.
Ainsi, les cachalots dialoguent à l’aide de clics et de codas.
Un seul et unique clic (moins d’1/1000e de seconde) intègre différents sons mélangés, de sorte à faire passer plusieurs informations à travers un support exclusif de transmission, qui intègre :
- 1 partie propre à l’espèce,
- 1 partie propre au clan,
- 1 partie spécifique à l’individu,
- 1 variable correspondant à ce que l’individu veut exprimer à l’instant T.
Autre exemple, les orques de clans différents conversent à l’appui de dialectes tellement dissemblables, qu’il arrive parfois qu’elles soient incapables de se reproduire entre elles, alors même qu’elles seraient en mesure de le faire biologiquement !
Le critère d’interfécondité, permettant la spéciation, se voit ici remis en question, ce qui chamboule radicalement certains préceptes éthologiques (étude du comportement des animaux) au passage.
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