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Derrière les nom scientifiques ou vernaculaires des espèces, se cachent des histoires qui reflètent leur apparence, leur habitat ou même leurs voix. Et justement, lors d’une balade en bord de mer, qui n’a jamais entendu les cris moqueurs de la bien nommée Mouette rieuse ? A moins que ce ne soit son triste cousin le Goéland… Comprendre ces noms, c’est déjà apprendre à mieux reconnaître et retenir ces oiseaux familiers de nos côtes et de nos villes.

Mouette rieuse sur la plage
Mouette rieuse. ©Anne-France Bâche.

En taxonomie, chaque espèce est désignée par un nom en deux partie. D’abord le nom de genre puis celui propreà l’espèce, permettant de la situer dans l’arbre du vivant. Par exemple, le Loup gris devient Canis lupus pour les scientifiques. Derrière la moqueuse Mouette rieuse, une des 19 espèces de Mouettes, se cache Chroicocephalus ridibundus, littéralement “qui est en train de rire”. Les 37 oiseaux portant le nom de Goéland évoque plutôt un cri triste et plaintif à travers le nom breton “gouelan“. Les anglophones font moins d’histoires puisqu’ils regroupent les Mouettes et les Goélands sous la même appellation de “gull“.

Goéland : de l’eau salée pour s’hydrater

Le cri du Goéland évoque pour certains une sorte de mélancolie, mais cette impression est renforcée lorsqu’on observe ses “larmes”, des gouttes qui glissent le long de son bec. Pourtant, ce ne sont pas de véritables larmes de tristesse. Comme chez toutes les Mouettes et oiseaux marins, ces gouttes sont en réalité une solution de chlorure de sodium, du sel, rejeté par un organe situé au-dessus des yeux : la glande à sel.

Cette glande présente chez de nombreux animaux marins et chez certains reptiles de milieux très secs, permet d’éliminer l’excès de sel absorbé par l’alimentation et l’eau de mer, que les reins ne peuvent pas filtrer seuls. Chez les oiseaux, le sel s’évacue par les narines, tandis que chez les Tortues marines, ce surplus s’écoule par les yeux. Ainsi, loin de pleurer sur leur sort, les Goélands, Mouettes et Tortues marines ne font que maintenir leur équilibre en sel, un mécanisme vital appelé osmorégulation.

La reproduction : plus tu es âgé, mieux c’est…

Goéland juvénile
Goéland juvénile. ©Anne-France Bâche.

Pouvant vivre en moyenne entre 10 et 20 ans selon l’espèce, le Goéland atteint sa maturité sexuelle aux alentours de 5 ans. Plus il prend de l’âge, qu’il soit mâle ou femelle, plus le Goéland acquiert de l’expérience dans sa qualité de reproduction. Plus mature, il arrive donc plus tôt que les jeunes Goélands sur le site de nidification afin d’avoir le meilleur spot pour son nid, principalement situé à flanc de falaise. Chez ces “gueuleurs” ailés, les petits sont les plus précoces des Laridés. Ils peuvent se déplacer hors du nid au bout de quelques jours seulement. En revanche, les juvéniles sont surveillés par leurs parents jusqu’à la taille adulte ; chacun son Tanguy. Il existe également des cas d’homosexualité chez les Goélands. Dans une colonie où il y a plus de femelles que de mâles, les mâles fécondent plusieurs femelles, mais ne forment qu’un seul couple, laissant les autres femelles se débrouiller toutes seules. Ces futures mères célibataires vont former un couple avec une autre femelle dont les ovocytes n’ont pas été fécondés. Le poussin aura tout de même deux parents pour l’élever.

Mouettes comme Goélands sont souvent des espèces grégaires, elles vivent et se reproduisent en colonie. Mais certaines, telle que le Goéland obscur, Leucophacus fuliginosus, vivent en couple et peuvent se reproduire toute l’année. Celle-ci pond ses œufs dans les graviers. Il en est de même pour notre Mouette rieuse que l’on retrouve en eau douce lors de la période de reproduction (essentiellement sur les étangs), où elle construit son nid à même le sol sur des petits îlots. En période hivernale, sa présence est principalement attestée sur nos belles côtes françaises. D’autres espèces préfèrent les falaises, c’est le cas de la Mouette à queue fourchue, Creagrus furcatus, des îles Galápagos.

Des Mouettes et Goélands rares et endémiques

Si certaines Mouettes et Goélands se retrouvent sur plusieurs continents, d’autres restent fidèles à leur terre natale. Aux îles Galápagos, deux espèces très différentes, une Mouette et un Goéland, cohabitent. La Mouette à queue fourchue niche dans les falaises, et, unique en son genre, elle se nourrit la nuit. Quant Goéland obscur, “Lavagull” en anglais, son nom en dit long sur son habitat. Vivant dans les graviers des terres volcaniques de l’archipel, il est la plus rare du monde avec seulement 300 à 400 couples présents uniquement sur ces îles célèbres situées au large de l’Équateur. Les îles tropicales ne sont pas les seules à accueillir ces Mouettes particulières. La Mouette blanche, Pagophila eburnea, vit dans le bassin arctique. Espèce charognarde, on la retrouve souvent en compagnie des Ours polaires, Ursus maritimus, durant l’heure du repas. Par manque de nourriture, il lui arrive de rechercher des restes de protéines dans les excréments de carnivores. Malgré leur appartenance à la même famille, chaque espèce s’est adapté à son environnement ce qui la rend unique dans son comportement.

mouette et goéland
Mouettes endémiques des Îles Galápagos. ©Anne-France Bâche

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Pour écouter les épisodes de Nomen sur les Mouettes et Goélands :

  • Nomen S04E26 : Mouette ou Goéland ? Bien différencier ces deux chapardeurs de frites !

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Sources :