Les Requins n’ont pas 5 mais 7 sens. Les 2 supplémentaires par rapport aux humains sont la ligne latérale et l’électrolocation permise par les ampoules de Lorenzini. Ses 7 sens ne sont pas utilisés de la même façon au cours de la chasse.
L’audition
Le requin peut percevoir des sons jusqu’à deux kilomètres de distance. Oui le requin a des oreilles, mais ce ne sont que 2 minuscules orifices, difficiles à repérer. L’audition est le sens dont la portée est la plus étendue chez le requin. Connectée à la ligne latérale, l’oreille interne n’est pas seulement l’organe de l’ouïe, c’est aussi l’organe de l’équilibre, de l’orientation, de mesure le profondeur et de la coordination. Les requins ont des oreilles internes. Le requin a une ouïe beaucoup plus fine que les hommes et cela est d’autant plus avantageux que le son se propage 5 fois plus vite dans l’eau que dans l’air (1500m/s). La pression ambiante est analysée à chaque instant (donc la profondeur à laquelle l’animal évolue), la force et la direction du courant estimée et la dynamique des proies (jusqu’à la perception des battements de leur cœur) ou d’éventuels prédateurs est assurée.
La perception des vibrations (grâce à la ligne latérale)
À plus de 100m, le requin est attiré par les vibrations que produit la nage spasmodique d’un poisson. Ces vibrations sont repérées par la ligne latérale. La ligne latérale permet aux requins de s’orienter vers un mouvement de particules ou un son. Cette ligne amplifie toute variation de pression de l’eau : poisson blessé ou effrayé qui s’agite, palmes d’un nageur en surface. Ce détecteur de mouvement est présent chez les requins et tous les autres poissons. Elle se présente sous la forme d’une ligne, continue ou non, parcourant les flancs du requin.
L’olfaction
À moins de 10m, le prédateur affine son guidage grâce à l’odeur de sa future proie. Leur centre olfactif peut occuper près de 2/3 de leur cerveau. Ils peuvent détecter des concentrations très faibles (de l’ordre d’une molécule pour 1 million dans l’eau de mer, souvent résumé par la goutte de sang dans une piscine olympique). Ils possèdent deux ouvertures nasales qui ne sont reliées ni au système respiratoire ni à la bouche. Chaque fosse nasale possède un orifice pour inhaler et un autre pour exhaler : l’eau rentre un côté, les odeurs y sont analysées en chemin, puis ressort par un autre canal, en flux continu. Ce flux rentre sans effort pour les espèces nageant en permanence. Il est pompé par les requins vivant posés au fond, grâce à leur branchies. Leur odorat sert non seulement à repérer leurs proies, mais aussi à reconnaître des phéromones d’autres requins ou de femelles de leur espèce, des salinité de différentes régions marines pour migrer ou repérer des lieux de reproduction ou de chasse…).
La vision
À environ 10m, la vision entre en jeu, il cale l’approche terminale. L’œil des requins est analogue à celui des vertébrés : cristallin, cornée, rétine et pupille qui peut se dilater et se contracter (contrairement aux téléostéens, les poissons osseux) comme chez les hommes. Il a également des paupières, mais qui ne clignent pas, l’eau environnante nettoyant en permanence sa cornée. Certaines espèces ont en plus une membrane nictitante, cette membrane recouvre les yeux pendant la chasse afin de les protéger. Cependant, certaines espèces, comme le Grand requin blanc, n’ont pas cette membrane, mais roulent leurs yeux vers l’arrière pour les protéger quand ils attaquent une proie. L’importance de la vue dans le comportement de chasse des requins est débattue. Certains scientifiques pensent que l’électroréception et la chimioréception sont plus importantes. Les requins sont plutôt myopes: ils voient bien de près mais distinguent surtout des formes et des mouvements de loin.
La perception électromagnétique (Ampoules de Lorenzini)
Au dernier moment, à moins d’1 mètre de distance, c’est le système de détection électromagnétique des ampoules de Lorenzini qui finalise l’approche. Les requins peuvent détecter la force et la direction du magnétisme. Par exemple, l’activité musculaire génère, un simple coeur qui bat, émet un champ électrique : les requins peuvent donc repérter des proies cachées sous le sable! Ces organes, les “points noirs” situés sur la tête du requin, détectent aussi les variations de température, donc de s’orienter pour migrer.
Le toucher
Le sens du toucher, en plus des capteurs nerveux, est aussi dévolu à la ligne latérale. Cette ligne est un canal nerveux reliant de petits orifices au fond desquels logent des capteurs. Elle court sur les côtés du corps et sur la tête.
Le goût
Un requin n’a pas besoin de goûter une proie. Un simple contact physique lui suffit pour savoir si le menu est à son goût. C’est pourquoi il arrive qu’un requin bouscule une proie au lieu de la mordre tout de suite. Il ne s’agit pas d’une intimidation, mais d’une évaluation. Le requin, après cette bousculade au papier émeri, affine par la suite sa première impression au niveau de la gueule, grâce au goût. Une myriade de récepteurs sensoriels dédiés au goût expliquent que les requins recrachent souvent un morceau avalé par erreur, après une morsure d’investigation. Les requins rejetteront souvent une proie qui est inconnue de leur régime ordinaire (comme l’être humain).
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La série Requins, avec Steven Surina, au grand complet en podcast :
- https://bit.ly/requins1_prez_evo_BSG
- https://bit.ly/requins2_7diffs_os-ca_BSG
- https://bit.ly/requins3_8ordres_BSG
- https://bit.ly/requins4_3nages_dodo_BSG
- https://bit.ly/requins5_7sens_BSG
- https://bit.ly/requins6_repro_4instcts_BSG
- https://bit.ly/requins7_3hbts_3ATQs_BSG
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- https://bit.ly/requins10_13approches_BSG
- https://bit.ly/requins11_12attitudes_BSG
- https://bit.ly/requins12_signes_BSG
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Steven Surina est guide de plongée avec des requins. Il est aussi, avec Greg Lecoeur, l’auteur de Requins : guide de l’interaction (éditions Turtle Prod, photos de Greg Lecoeur).
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Sur les 540 espèces de requins connues, presque la moitié sont menacées. Les requins sont massacrés dans tous les océans et si rien n’est fait beaucoup d’espèces pourraient disparaître d’ici quelques dizaines d’années. Pratiquement aucune loi ne les protège, ni en France, ni dans le monde.
Sans le savoir, sous mangez parfois du requin, (saumonette, veau de mer etc…)
S’il le souhaite, chacun peut lever le petit doigt pour les requins, comme pour le reste du Vivant.
Voici les épisodes de COMBATS avec Matthieu Lapinski, le président d’Ailerons, une asso amie de BSG, qui sensibilise et se bat pour mieux protéger les requins en méditerranée.
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Pour réécouter les épisodes requins (complémentaires) avec Cyrielle Houard de Lords of the oceans:
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