Skip to main content

Experts, scientifiques, et citoyens attendent toujours de gros engagements lors des COnférences des Parties (COP). Créé il y a 30 ans, ce rendez-vous annuel des dirigeants mondiaux est axé sur les changements climatiques. Les discussions visent à trouver un horizon et un agenda commun. Les enjeux climatiques multiples complexifient les débats et n’amènent que rarement à une entente. Cette année, nous célébrerons les 10 ans de l’Accord de Paris dans un lieu iconique, l’Amazonie. Qui sera présent à Belém, ville au nord du Brésil, le lieu de toutes les promesses ? Garde-t-on espoir d’un accord collectif lorsque la justice sociale et environnementale est plus menacée que jamais ? 

Le gouverneur de l'État du Pará, le Président du Brésil et le Minsitre des Affaires étrangères du Brésil en 2023
Le gouverneur de l’État du Pará, le Président du Brésil et le Minsitre des Affaires étrangères du Brésil en 2023. Auteur : © Ricardo Stuckert.

La gouvernance climatique : c’est gouverner sans gouvernement. Cela veut dire gérer des situations caractérisées par des négociations complexes et multi-échelles entre administrations, parties prenantes et acteurs de la société civile. Pour rallier tout ce monde-là à une cause commune il faut un énorme courage, et avec le climat politique actuel, mieux vaut s’accrocher ! 

À chaque COP, on désigne un représentant. Il a pour rôle de présider l’événement et d’en être le porte-parole, afin de ramener un peu d’ordre dans le chaos. Ce représentant c’est André Corrêa do Lago, qui est actuellement secrétaire du Climat, de l’Énergie et de l’Environnement au ministère des Affaires étrangères du Brésil. Il a été le principal négociateur lors des COP28 et COP29. Il annonce que la conférence sera axée sur l’adaptation. Un mot qui résonne aujourd’hui comme une évidence face à l’augmentation des températures à l’échelle mondiale, dont l’Amazonie doit faire face, conjuguée à la déforestation qui gagne chaque année du terrain.

“Que paso” durant la COP30 à Belém ?

Du 10 au 21 novembre, 6 thèmes sont abordés, avec 30 objectifs clés à atteindre. Parmi les thématiques, on retrouve le financement et la justice climatique, la transition énergétique, et la préservation des écosystèmes. Lors de la COP30 de 2025, il est aussi question d’écrire un plan pour la 3ème et dernière partie du quinquennat d’application de l’Accord de Paris (2026-2030). Devinez qui sera absent des négociations ? Les États-Unis se sont retirés de l’Accord de Paris. Du “déjà vu”, puisqu’en 2017 lors de sa première présidence, Donald Trump avait déjà fait le pas. Ils rejoignent donc les grands absents de l’Accord, avec le Yémen, l’Iran et la Libye. A Belém, la chaise vide des États-Unis à la COP30 va sûrement affaiblir la position du pays sur la scène internationale, et donnera peut-être la chance au Brésil et à l’Union Européenne de se montrer ambitieux sur l’avenir !

Voyage d’affaires décarboné

un voilier

Parmi les 60 000 à 75 000 participants, dont des représentants des 195 pays membres de la United Nations Framework Convention on Climate Change (CCNUCC), des ONG, des entreprises, des organisations internationales, ainsi que des peuples autochtones, il y aura le Women wave project. Elles sont activistes, et sont animées par une énergie commune : l’écologie intersectionnelle. Ces six femmes (Camille Etienne, Adélaïde Charlier, Coline Balfroid, Lucie Morauw, Maïté Meeûs et Mariam Touré) luttent chacune soit pour la justice climatique, l’égalité des genres, les droits humains, ou la Jeunesse populaire.

Leur défi : rejoindre Belém, capitale de l’État du Pará située au nord du Brésil en trois semaines à la voile, afin d’arriver à temps pour la COP30. Sur place, elles comptent bien secouer les lobbyistes et faire entendre leurs voix. L’équipage est doté des skippeuses les plus expérimentées avec la collaboration de The Magenta project. Ce groupe met en avant la navigation par les femmes, encore invisibilisées dans un sport qui reste majoritairement masculin… La sororité est leur outil de résistance, une manière d’affirmer le lien entre féminisme et écologie.

Amazonie, symbole de biodiversité et d’espoir

Affiche de la COP30 à Belém en 2025
Affiche de la COP30 de 2025 à Belém, représentant Curupira, la mascotte officielle. © COP30

Le pays hôte d’une COP est une vitrine, un moyen de montrer au monde entier les traditions et l’ambition réelle de ce dernier pour les causes climatiques. La COP30 est assez attendue, car les trois dernières COP se sont passées dans des pays totalitaires, qui bafouent les droits humains, avec des politiques claires d’exploitation des ressources et des énergies fossiles (COP27 Charm el-Cheikh en Égypte, COP28 Dubaï aux Émirats Arabes Unis, et COP29 Bakou en Azerbaïdjan).

Des initiatives pré-COP ont eu lieu, comme le 22 septembre 2025 où s’est tenu une journée sans voiture (World Car-Free Day). Un personnage mythique de l’Amazonie brésilienne y a fait son entrée. Il se nomme Curupira et représente l’esprit de la forêt dans plusieurs contes et légendes du pays. Le petit bonhomme sympathique habillé avec des feuilles a été désigné comme mascotte officielle de la conférence. Il aiderait à fédérer les peuples et nations autour de l’Amazonie, traversée par la Bolivie, le Pérou, le Brésil, la Colombie, l’Équateur, le Venezuela, le Suriname, la Guyana et la Guyane Française. 

L'Amazonie, lieu de la COP30
Mise en avant de l’Amazonie et de la source de la rivière Amazone.

Quand les bottines ne suivent pas les babines…

Une COP30 vraiment ambitieuse? Beaucoup d’expert.es sont déjà déçues et avoue que le Brésil a une position ambiguë et des choix politiques douteux par rapport à l’environnement. Le président actuel Luiz Inacio Lula da Silva (Lula) est connu comme un chef d’État “écolo”, qui lutte notamment contre la déforestation. La controverse survient lorsqu’on regarde de plus près ses choix politiques récents… Il faut rappeler que le Brésil est le 8ème producteur mondial de pétrole, et que Lula ne semble pas vouloir descendre dans le classement. En février 2025, il annonçait publiquement son avis favorable pour le méga-projet pétrolier “Petrobras”, un gisement offshore de 10 milliards de barils supplémentaires.

En écho aux valeurs de Jane Goodall

Espérons que les émotions suscitées après la perte de la grande éthologue et primatologue Jane Goodall le 1er octobre 2025 seront un terreau fertile pour la paix, et un engagement fort pour une réconciliation. Les attentes de la COP30 sont également du côté des peuples autochtones, qui devraient faire réellement partie des négociations. Il reste à croire que cette rencontre n’est ni un jeu de dupes, ni une autre façade des politiques, et que de réels pas en avant seront franchis. 

Illustration du livre de Jane Goodall, In the shadow of man
CC BY-NC-ND 4.0. Auteur : © Gary Sheer

_______

Sources 

_______