D’où vient le nom de la Huppe ? De sa belle crête huppée faite de plumes érectiles, ou bien de son chant que l’on entend au printemps dans le fond du jardin ? La Huppe fasciée, célèbre dans plusieurs cultures, fascine par bien des aspects. Mais cette mangeuse d’insectes, ami des agriculteurs, est en régression à cause des pesticides présents en Europe ou encore de la chasse dans d’autres coins du monde.

La Huppe fasciée (Upupa epops) “pupule” avec son chant familier et monotone entendu de loin dans le sud de la France au printemps. Dans d’autres langues son nom est similaire : hoopoe en anglais ou puput en Occitan. Un nom doux et réconfortant pour un oiseau qui en impose avec son long bec et ses plumes qu’il dresse sur sa tête. Cet amoureux du soleil et de la sécheresse possède une houpette composée d’environ 28 faisceaux (plumes érectiles) qui se dressent quand il est excitée. Voilà une explication de son nom commun français “huppe”, qui vient de sa houppette. On pourrait faire un lien avec une houppe, qui fait référence à une touffe de cheveux ou au pompon d’un bonnet, à ne pas confondre avec le houppier qui est le sommet d’un arbre.
La Huppe fasciée présente dans toute la France peut vivre jusqu’à 11 ans. Certaines populations resteraient toute l’année en Europe, tandis que d’autres décideraient d’entreprendre une grande migration de 8000 km en Afrique pour l’hiver. Quelques rares observations de l’espèce ont été faites en Alaska ! Upupa epops est inscrite sur la liste rouge de l’UICN selon le statut de préoccupation mineure.
Où est ma maison ?
En France hexagonale, la Huppe fasciée est largement répartie mais régresse à cause des pesticides qui élimine ses proies principales au sol : larves, vers, sauterelles ou criquets, même si elle peut aussi se nourrir de fruits, de petits reptiles ou mammifères. Les mâles offrent de la nourriture aux femelles lors de la période de couvaison des œufs (septembre à décembre). Très territoriaux, ils peuvent se battre à mort pour garder leur territoire durant la reproduction.

Les cavités de nidification dans le bois se font plus rares en raison de l’intensification de l’agriculture qui modifie les paysages. En Suisse ou en Autriche, plusieurs campagnes de pose de nichoirs pour les Huppes sont menées par des associations ou des agriculteurs qui voient en l’espèce un moyen de lutte biologique pour leurs cultures. Ce chanteur solitaire serait encore chassé dans la région méditerranéenne, au Koweït et dans certaines parties de l’Asie du Sud-Est (Krištín et Kirwan 2015). La Huppe fasciée a une cousine jumelle vivant à Madagascar, la Huppe de Madagascar (Upupa marginata). Les deux oiseaux se ressemblent beaucoup en apparence, et partagent le statut de préoccupation mineure selon l’UICN. Par contre, leur chant est très différent.
Kirikou et la Huppe

Une troisième Huppe vît en Afrique (Upupa africana) mais ne migre pas. Vous l’avez même sûrement vu sur grand écran… en dessin animé ! Dans le long métrage d’animation français “Kirikou et la sorcière” de Michel Ocelot, Kirikou se déguise en Huppe pour se cacher de la sorcière Karaba. Cet oiseau a les mêmes colories que la Huppe fasciée, mais en un peu plus foncé, plus soutenu.
Huppée dans la culture

La Huppe apparaît dans deux cultures à des périodes différentes. En Égypte, cet oiseau est souvent représenté sur les hiéroglyphes ou des statuettes en bronze aux côtés du petit dieu Harpocrate. La Huppe apparait avec des enfants, sûrement parce qu’ils s’amusaient souvent avec l’oiseau. Nous pouvons facilement comprendre l’amour de la Huppe chez les Égyptiens, puisqu’elle les débarrassait d’une plaie pour leurs cultures : les criquets et les sauterelles. Dans le Coran, l’oiseau est mentionnée comme un messager entre la reine de Sabar et le roi Salomon. Ce serait un talisman qui protège contre l’adversité, ou un oiseau de bon augure.
Fuir la puanteur de la Huppe fasciée
Les Huppes sécrètent une substance nauséabonde qu’elles peuvent envoyer en jet lorsqu’un prédateur menace, technique qui fonctionne pour faire fuir. Leur grand bec est aussi là pour attaquer si besoin ! Cette sécrétion est produite par les jeunes et la femelle via la glande uropygienne. Cette glande, située à la base de la queue, est habituellement utilisée chez les oiseaux pour entretenir le plumage. Ce mécanisme de défense chimique permet de sécréter un liquide brunâtre, huileux et à l’odeur très forte, souvent comparée à celle de la chair en décomposition. Cette substance contient des composés soufrés volatils, des acides gras et des phénols, entre autres. Le nid ainsi que les plumes durant le lissage sont également aspergés de cette substance puante, sûrement pour combattre les bactéries. C’est un bel exemple de défense chimique chez un oiseau, ce qui est plutôt rare dans le règne avien.
Alors, la Huppe est-elle dupe d’après vous ?
En tout cas, elle n’a pas fini de nous faire rêver avec son vol en papillon et son odeur de musc, elle est belle et bien unique !
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Pour écouter le podcast NOMEN sur la Huppe :
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Sources :
- Halmos, G., Nagy, K., Karcza, Z., & Szép, T. (2015). The status of the Hoopoe (Upupa epops) in Hungary: a review. Ornis Hungarica, 23(2), 1-9.
- Ludwig Keimer. “Quelques remarques sur la huppe (Upupa epops) dans l’Égypte ancienne”. Bulletin de l’Institut français d’archéologie orientale, 1931.
- La huppe, le vigneron et le charpentier – reportage d’Arte.
- Statut de la Huppe fascié par l’UICN.
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